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CORDOUAN, ANE, adj. et subst.
I.− Adj. [En parlant d'un être ou d'une chose] Qui est originaire ou provient de Cordoue. Un feutre cordouan, l'industrie cordouane. Gongora, le fameux prêtre cordouan (Barrès, Greco,1911, p. 48).Vieil or usé, patiné, d'armure ancienne ou de cuir cordouan (T'Serstevens, Itinér. espagnol,1933, p. 100).
P. ext. Qui est d'origine, de race andalouse. Son barbe cordouan, rétif, faisait des voltes (Hérédia, Troph.,1893, p. 198).
II.− Emploi subst.
A.− Subst. masc. ou fém. [Désigne une pers.] Habitant ou natif de Cordoue.
B.− Subst. masc. [Désigne une chose] Cuir de choix fabriqué, originairement à Cordoue, à partir de peaux de mouton ou de chèvre traitées au tan. Des aumônières de soie et de cordouan, un portefeuille de cordouan :
On n'y voyait qu'une chaise pliante à bras, fort magnifique : le bois en était peint de roses sur fond rouge, le siège de cordouan vermeil, garni de longues franges de soie et piqué de mille clous d'or. Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 485.
Rem. Lar. Lang. fr. atteste, comme vx, l'emploi méton. au sens de « objet fabriqué avec ce cuir ».
Prononc. : [kɔ ʀdwɑ ̃], fém. [-dwan]. Étymol. et Hist. [1096 lat. médiév. Cordoam « cuir de Cordoue » (Cartulaire de Noyon, 265 ds Bambeck Boden, p. 167 : socolares de Cordoam); 1107 id. corduamnus « fait de cuir de Cordoue » (Cartulaire de Marmoutier, 74, ibid. : sotulares corduamnos); xies. judéo-fr. cordoan (?) « substance blanche préparée avec des excréments de chien et servant à fabriquer une espèce de cuir » (Gloses de Raschi, éd. A. Darmesteter et S. Blondheim, 256)]; 1. 1remoitié xiies. subst. cordoan « cuir de Cordoue » (Charroi de Nîmes, éd. D. Mac. Millan, 1150); 2. 1remoitié du xiies. adj. cordoan « fait de cuir de Cordoue » (ibid., 56 : cordoan soller); 1168 cordouan (Rec. de doc. inédits concernant la Picardie, IV, 4 ds IGLF); 3. ca 1185 subst. cordoan « chaussure de cuir de Cordoue » (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, 2erédact., 3445). Empr. soit directement (en raison de l'intensité des échanges commerciaux entre France du Nord et Espagne et de l'ancienneté du mot en pays d'oïl, v. attest. de lat. médiév. citées supra; cf. aussi l'ancienneté de corduannarius, cordonnier* et av. 821 le témoignage de Theodulf, évêque d'Orléans ds Bambeck, loc. cit. : dictas de nomine Corduba pelles), soit, moins prob. en raison de l'écart chronol., par l'intermédiaire de l'a. prov. cordoan (xiies., Cartulaire de Montpellier ds Rayn.; hyp. de Bl.-W.5), au mozarabe cordobán « cuir de bouc ou de chèvre fabriqué à Cordoue » (xiiies. ds Al.), de l'ar. cortobanî « de Cordoue », le travail du cuir ayant été apporté à l'Espagne par les Arabes et s'étant particulièrement développé à Cordoue. Fréq. abs. littér. : 14.