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CORDE, subst. fém.
I.− Assemblage obtenu par torsion de fils de matières textiles (chanvre, coton, laine, soie), synthétiques (nylon), métalliques ou autres (poil, crin, écorce d'arbre, jonc, etc.), de grosseur et de longueur variables, et servant à lier, attacher, soutenir. Les uns voulaient courir chercher un bachot. D'autres, des cordes, pour prendre l'homme au lasso (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 67).Tous portaient des paquets enveloppés de journaux, serrés de cordes (Malraux, Espoir,1937, p. 442).
SYNT. La corde d'un puits; porter des sandales de corde; dérouler une échelle de corde; tirer la corde d'une cloche; des rouleaux de corde; jeter une corde à un homme qui se noie; attacher le cheval par une corde; fixer qqc. à l'aide d'une corde; lier les poignets d'une personne avec une corde.
Corde de cèpes (cf. Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 167).Cèpes reliés entre eux à l'aide d'une corde. Corde d'oignons (Barrès, Colline insp., 1913, p. 214). Corde à trois nœuds. Cf. cordelière.Les frères mineurs, à la robe grise, ceinturée de la corde à trois nœuds (Faral, Vie temps St Louis,1942, pp. 52-53).
En corde. À la manière d'une corde. Il le [son foulard] tordait en corde de ses deux mains (A. France, Vie fleur,1922, p. 543).Tabac en corde. ,,Tabac roulé à la façon d'une corde et qu'on coupe par bouts pour chiquer`` (Ac. 1835).
Locutions
Vendre qqc. sous corde. En ballot.
Arg. Coucher à la corde. ,,Coucher dans un de ces taudis misérables où une corde sert d'oreiller`` (France 1907). Pour le moment je couche à la corde. C'est malheureux, à quarante-six ans! (L. Daudet, Clemenceau,1942, p. 25).
P. métaph., fam. Il pleut des cordes. Il pleut très fort.
Expr., vieillie. Vous verrez beau jeu si la corde ne rompt. Vous verrez des choses fort surprenantes dans telle affaire, dans telle entreprise, si les moyens dont on se sert pour y réussir ne manquent pas (Ac. 1835, 1878).
II.− En partic.
A.− Corde utilisée pour la pendaison. Que n'ai-je une corde pour me pendre? (Camus, Esprits,1953, II, 7, p. 496).
P. méton. Être condamné à la corde (Ac.). Ce fripon (...) mérite la corde (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 184).
Locutions
Filer sa corde (fam.). Faire des actions qui peuvent mener au gibet (Ac. 1835, 1878). Sentir la corde. Être suspect (Rob.).Être un homme de sac et de corde. Être un scélérat qui mérite d'être noyé dans un sac ou pendu. Tous étaient gens de sac et de corde et sans frein, assoiffés du butin des villes merveilleuses (Leconte de Lisle, Poèmes trag.,1886, p. 113).Il a frisé la corde (vieilli et fam.). Se dit de quelqu'un qui a été bien près de perdre son procès, de succomber à une maladie, ou en général de tomber dans quelque malheur (Ac. 1835, 1878). Il ne vaut pas la corde pour le pendre. C'est un individu méprisable, un vaurien. Il ne faut pas parler de corde dans la maison d'un pendu. Il ne faut pas aborder certaines questions délicates, rappeler de mauvais souvenirs. Avoir de la corde de pendu. Avoir de la chance. On voit bien que je viens de toucher de la corde de pendu ou tout comme; j'ai une sacrée veine (Proust, Guermantes 2,1921, p. 338).
B.− Corde d'estrapade. Corde avec laquelle on guindait ceux qui étaient condamnés à avoir l'estrapade. Dans ce sens, on disait, donner trois coups de corde à quelqu'un, le guinder trois fois en haut, et le laisser aller de toute sa pesanteur à un pied près de terre (Ac. 1835, 1878).
C.− [P. réf. à l'idée d'asservissement] Loc. Avoir (se présenter, se rendre, se mettre, venir) la corde au cou. Être dans un état de dépendance absolue. Ils [les prisonniers] étaient onze, la corde au cou (...) qui les tenait tous reliés (Gide, Voy. Congo,1927, p. 804).
Au fig. Perdre sa liberté ou se mettre dans une situation difficile et p. iron. se marier. Je m'en vais la marier. − toi aussi tu mets la corde au cou? (Musette, Cagayou chauffeur,1909, p. 107):
1. Ajoutez que je forme des vœux pour la réussite de notre entreprise. spanna. − (...) C'est absurde. Nous nous mettons la corde au cou. Nous ne pouvons pas soutenir... Camus, Un Cas intéressant,adapté de Buzzati, 1955, 1ertemps, 1ertabl., p. 613.
D.− JEUX et SP.
1. Corde (de jeu de paume). Grosse corde tendue au milieu d'un jeu de paume, et qui est garnie de filets jusqu'en bas, de manière à arrêter la balle. Mettre sous la corde; friser la corde (Ac.1835, 1878).
2. Corde à sauter. Corde que les enfants tiennent dans leurs mains pour sauter, en la faisant tourner et passer sous leurs pieds. Une petite fille sautait à la corde (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 493).
3. Corde à nœuds ou corde simple fixée à un portique et le long de laquelle on s'exerce à grimper. Les grimpers à la corde avec les bras et les jambes, puis avec les bras seuls (R. Vuillemin, Mémento éduc. phys.,1941, p. 47).
4. Corde raide. Corde fixée parallèlement au sol et sur laquelle les acrobates marchent ou exécutent leurs exercices. Marcher sur la corde raide; danseur de corde. L'équilibriste (...) s'avance sur la corde raide (Gracq, Beau tén.,1945, p. 125).
Au fig. Danser, marcher, être sur la corde raide. Être dans une situation difficile, délicate :
2. Il [l'asthénique] sent sa faiblesse avec intensité (...) Manque d'aisance vitale, sentiment de toujours marcher sur la corde raide, de ne rien réussir que de justesse. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 264.
5. ALPINISME. Corde qu'utilisent les alpinistes pour s'attacher les uns aux autres ou pour descendre dans des gouffres. Corde d'attache, corde de rappel. Ils sortirent liés l'un à l'autre, et sans guide − trop de corde, dit Jos-Mari (Peyré, Matterhorn,1939, p. 212):
3. Tout à coup, un garçon de dix-huit ans s'est écrié : « Je lâche! » et il est tombé en silence dans le gouffre. Hélène me dit qu'au moment où il a lâché la corde, elle a senti une vibration dans sa main. Green, Journal,1948, p. 137.
6. HIPPISME. Corde qui, dans les hippodromes, marque la limite intérieure de la piste.
P. ext. Ligne peinte dans le même but, dans les vélodromes ou autodromes. [Dans] le mesurage d'une piste vélocipédique (...), on prend pour point de repère la corde (Baudry de Saunier, Cyclisme,1892, p. 392).
Expressions
Tenir la corde. [En parlant d'un coureur] Être placé près du bord intérieur de la piste; au fig. être dans une bonne position. Oui, patron, je crois que nous ferons des affaires exceptionnelles et de grands bénéfices, car la Vénus de Milo, pour cette saison, tient la corde et ne la lâchera pas (Avenel, Calicots,1866, p. 159).Comme MmeMolé (car c'est elle qui tient la corde en ce moment) vient de partir, il est tout désemparé (Proust, Sodome,1922, p. 691).Prendre un virage à la corde. [En parlant d'un automobiliste] Le prendre le plus près possible de la courbe intérieure.
7. Au plur., pugilat. Cordes qui entourent un ring de boxe ou de catch :
4. ... l'autre se relève, empoigne l'adversaire par la taille, pour le précipiter de toute sa force sur les spectateurs, à travers les cordes. Morand, Londres,1933, p. 149.
Fig. et fam. Aller dans les cordes. Être en difficulté, se trouver dans une situation désespérée.
E.− Autres domaines
1. MAR. ,,Ce mot n'est employé dans la marine que pour désigner la corde de la cloche. Dans les autres cas, on dit cordage`` (Gruss 1952).
2. MÉTROL., SYLVIC. Corde à mesurer le bois; p. méton., quantité de bois ainsi mesurée (environ 4 stères). Je n'ai pas souffert du froid, mais j'ai brûlé dix-huit cordes de bois (Flaub., Corresp.,1880, p. 356).
III.− Emplois spéc.
A.− [Pour lancer un projectile]
1. Tortis de boyau, de chanvre ou de crin tendu aux extrémités d'un arc, d'une arbalète, d'une fronde. Bander la corde d'un arc. Courber un arc, y attacher une corde, y ajuster une flèche, sont des opérations (...) compliquées (Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 148).Les traits sifflaient autour de ses flancs comme les cordes d'une fronde (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1497).
Loc. fig. Avoir plusieurs cordes à son arc. Avoir plusieurs moyens pour parvenir à un but. J'ai encore plusieurs cordes à cet arc, et je ne saurais lâcher prise quelque fournaise qu'il fasse (Villiers de L'I., Corresp.,1879, p. 264).Trop tirer sur la corde. Exagérer, pousser trop loin les choses. Quand la corde est trop tendue elle se rompt. Il est dangereux de pousser trop loin les choses (DG). Si la corde ne rompt. Si tout marche bien (Rob.).La corde ne peut toujours être tendue. Il faut du repos, de la détente (Ac. 1932).
P. anal., GÉOM. Corde d'un arc, d'un cercle. Segment de droite qui joint deux points d'une courbe et en particulier d'un cercle.
P. ext., TOPOGR. Ligne droite qui relie deux points d'une ligne courbe. Le traîneau, abrégeant cette route, prenait la corde de l'arc décrit par le chemin de fer (Verne, Tour monde,1873, p. 186).
2. Au plur. Fils de boyau ou de nylon d'une raquette.
B.−
1. MUS. Fil de boyau, de soie, de nylon ou d'acier, tendu sur le corps de certains instruments de musique, que l'on fait vibrer soit avec les doigts (cordes pincées) soit avec un archet (cordes frottées) soit avec des marteaux (cordes frappées). Violon à doubles cordes. Flatter la corde d'un violon. La toucher très légèrement. Il voit les deux harpistes qui commencent à frotter de leur pouce toutes les cordes hautes (Alain, Propos,1921, p. 273).
Grosse corde. Corde la plus grave d'un violon; au fig., chose ou personnage très important.
P. méton., au plur. Les cordes.
Les instruments à cordes frottées. Jouer un quintette pour cordes et clarinettes. Il se mit à fredonner puis à imiter alternativement les cordes et les cuivres (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 101).
Les notes, le ton d'un instrument. Ce piano est bon dans les cordes graves (Rob.).
Au fig. Centre de sensibilité, d'émotivité chez une personne. Elle faisait vibrer d'autres cordes, la vanité, la jalousie, l'orgueil maternel (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 82).
Avoir la corde fraternelle (cf. Colette, Cl. école,1900, p. 34).Avoir, faire vibrer la corde patriotique. La corde patriotique vibre à outrance (Green, Journal,1949, p. 286).
Toucher la corde sensible. Toucher le point faible d'une personne :
5. ... dans l'immense choix de ses œuvres, il en avait une toute spéciale, dont il tirait une grande fierté... C'était sa vraie corde sensible... Il suffisait qu'on l'effleure pour qu'il frémisse immédiatement... Céline, Mort à crédit,1936, p. 407.
Toucher la corde délicate. C'est une corde qu'il ne faut pas toucher. Aborder un sujet qui risque de froisser ou d'émouvoir. Aussi à tous ceux qui me parlaient de ma mère... je leur z'y ai dit : Ah! par grâce, ne touchez pas à cette corde-là, mes petits agneaux sinon vous allez me voir fondre en larmes et tomber en syncope (Kock, Compagn. Truffe,1861, p. 92).
Fam. C'est dans mes cordes. C'est dans mes possibilités, mes compétences :
6. ... je vais même essayer de t'en écrire et j'en demanderai aux copains : Tiens, ça serait tout à fait dans les cordes de Julien, je suis sûr qu'il t'écrira des chansons charmantes. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 118.
2. P. anal., ANAT.
a) Corde vocale. Ligament inférieur de la glotte qui se tend et vibre lors de la phonation. Il a une belle voix dans les cordes élevées (Ac.1932).Ce qui la frappait le plus, c'était (...) cet enrouement des cordes vocales (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 785).
b) Ligament musculaire; p. ext., saillie provoquée par la tension de ce ligament :
7. Tancogne le regardait, impressionné par sa pâleur, par les cordes musclées qui se bandaient soudain sous la peau de ses mâchoires... Genevoix, Raboliot,1925, p. 90.
c) Rameau nerveux. Corde du tympan. ,,Branche du nerf facial qui traverse la caisse du tympan (...) pour aller s'accoler au nerf lingual et transmettre les sensations du goût de la partie antéro-latérale de la langue`` (Lar. méd. 1970); cf. J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 55.
d) Corde dorsale. [Chez les Cordés] Organe primordial du squelette axial autour duquel s'édifie la colonne vertébrale :
8. ... la corde dorsale, à l'origine, n'était peut-être qu'un inducteur de la formation du tube nerveux, fonction qu'elle a du reste gardée dans la série des vertébrés; ... L. Cuénot, J. Rostand, Introd. à la génét.,1936, p. 66.
C.− TECHNOLOGIE
1. Fil du tissage qui apparaît lorsqu'un tissu est très usé. Ce drap a la corde bien fine, a la corde bien grosse (Ac.1835, 1878).Ma sœur et moi, nous usions nos vêtements jusqu'à la corde (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 67).
Montrer la corde. Un fauteuil d'acajou dont le velours grenat montre la corde et la bourre (Gide, Journal,1914, p. 466).
Au fig. Cet homme montre la corde. Il en est à ses dernières ressources. Cela montre la corde. Le procédé est grossier et facile à découvrir. Cela est usé jusqu'à la corde. Cela a été répété, ressassé.
2. Vx, HORLOG. Corde de montre. Corde de boyau qu'on mettait autrefois aux montres, et qui servait à tendre le grand ressort. Cette montre est au bout de sa corde, elle a filé toute sa corde (Ac.1835, 1878).
Prononc. et Orth. : [kɔ ʀd]. Enq. : /koʀd/. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. A. 2emoitié du xes. corda « réunion de brins d'une matière textile tordus ensemble » (La Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 75); 1130-40 corde (Wace, La Conception Nostre Dame, éd. W. Ray Ashford, 76); divers emplois 1. 1165-70 « corde servant à bander un arc » (Benoit de Sainte-Maure, Roman de Troie, 7422 ds T.-L.); 1690 géom. corde d'un arc (Fur.); 2. 1174-78 « lien que l'on passe autour du cou de quelqu'un pour le pendre » (E. de Fougères, Manières, éd. J. Kremer, 91); p. ext. 1612 « supplice de la potence » (H. Regnier ds Lar. Lang. fr.); 1690 (Fur.); 3. 1350 a. liégeois corde lengne (+ ligna) « tas de bois d'une certaine dimension; mesure de bois » (J. Haust, Gloss. des régestes de la cité de Liege ds FEW t. 2, p. 649a); 1606 corde de bois (Nicot); 4. a) 1538 corde des funambules (Est.); 1606 danseur sur la corde (Crespin, Seconde partie du thresor des langues françoise, italienne et espagnolle, s.v.); 1694 fig. danser sur la corde « être dans une situation périlleuse » (Ac.); b) 1837 corde (à sauter) (Scribe, Camaraderie, I, 2, p. 240 : Quand nous jouions au cerceau ou à la corde); 5. 1675 terme de drapier (J.-H. Widerhold, Nouv. Dict. fr.-all. et all.-fr., Bâle); 1828 fig. (Delécluze, Journal, p. 490 : Cet acteur est usé, comme l'on dit, jusqu'à la corde); 6. 1754 « ligne de fond pour pêcher » (Encyclop., t. 4); 7. 1884 fam. se passer la corde au cou [signe de servitude] « se marier » (Bourges, Le Crépuscule des dieux, p. 111, 199). B. 1. Début xiies. mus. (Psautier d'Oxford, 91-3 ds T.-L. [in decachordo psalterio]); 1797 fig. faire vibrer toutes les cordes du cœur (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, p. 85); 2. 1903 subst. plur. les cordes (d'un orchestre) (Rolland, Beeth., t. 2, p. 344). C. a) 1732 anat. (Trév. : Se dit d'un petit nerf qui est couché sur la membrane du tambour de l'oreille) 1752 corde du tympan (Trév. Suppl.); b) 1805 cordes vocales (Cuvier, Anat. comp., t. 4, p. 521). Empr. au lat. chorda « boyau; corde d'instrument de musique » à l'époque class. « corde en général », notamment, celle qui bande un arc, en b. lat.; « nerf, tendon » (ixes. ds Mittellat. W.); mesure de longueur (xiies. ds Nierm.). Fréq. abs. littér. : 3 260. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 687, b) 7 224; xxes. : a) 4 276, b) 4 275. Bbg. André (P.). Le Vocab. du violoniste. Vie Lang. 1972, p. 685; 1973, pp. 50-52. − George (K.E.M.). L'Emploi anal. de qq. n. d'étoffes dans Le domaine gallo-rom. In : [Mél. Boutière (J.)]. Liège, 1971, p. 267. − Gottsch. Redens. 1930, passim.La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, pp. 146-147. − Rog. 1965, p. 89, 91. − Sizaire (P.). Le Parler des gens de mer. Vie Lang. 1971, p. 384.