| COQUILLARD, subst. masc. Personne, chose qui a rapport avec une/la/les coquille(s). A.− HISTOIRE 1. Mendiant dont les vêtements étaient ornés de coquilles et qui se faisait passer pour pèlerin. Deux tables plus loin, un coquillart [sic] avec son costume complet de pèlerin, épelait la complainte de Sainte-Reine (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 100). 2. [P. réf. à la Coquille, bande de voleurs (cf. étymol. et hist.)] Malfaiteur. Villon se concevait sans doute comme un coquillard et un grand poète, non comme un génie réduit au cambriolage par les faiblesses de la monarchie (Malraux, Voix sil.,1951, p. 491). B.− Pop. [P. réf. à la forme de la coquille]
Œil. S'en tamponner le coquillard. S'en moquer, s'en battre l'œil. La vie a de ces ironies : − « c'est comme moi, − je m'en tamponne le coquillard » (Bourget, Actes suivent,1926, p. 132). Rem. Selon Rigaud, Dict. du jargon parisien, 1878, p. 97, coquillard est une var. de coquard. − Spéc., arg. [P. réf. à la coquille de la cuirasse] Cuirassier. Les dragons s'appelaient des citrouillards; les cuirassiers des coquillards (Larch.Suppl.1889, p. 59). Rem. On rencontre ds la docum, l'adj. coquillard, arde. Qui a la forme d'une coquille. Des ignares avaient taillé en pointe ses oreilles coquillardes, et sa queue au ras du derrière (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 149). Prononc. : [kɔkija:ʀ]. Homon. coquillart. Étymol. et Hist. 1. 1455 coquillar « gueux, malfaiteur » (Procès des Coquillars ds Sain. Arg., p. 191 : et appellent iceux galans les Coquillars qui est a entendre les Compaignons de le Coquille); 1628 coquillard « mendiant se faisant passer pour un pèlerin de Saint-Jacques » (Jargon ou Langage de l'Argot réformé, ibid.); 2. 1878 arg. s'en tamponner le coquillard « s'en battre l'œil » (Rigaud, Dict. jarg. paris., p. 97). 1 dér. de Coquille (coquille*), nom d'une association de malfaiteurs qui, au xves., avait ses apprentis, son maître et son chef appelé Roi de la Coquille et qui, entre autres, mettaient en gage des bijoux truqués (v. Sain. Sources arg., p. 16) : la bande avait pris ce nom, soit à partir de l'expr. vendre ses coquilles « tromper », soit parce que ses membres se faisaient parfois passer pour des pèlerins de Saint-Jacques; 2 dér. de coquille* pris prob. dans un sens obscène (coquille « membre viril » au xvies. et « sexe de la femme » aux xviie-xviiies. d'apr. FEW t. 2, p. 1002 a; cf. sens arg. d'
œil). Fréq. abs. littér. : 3. Bbg. Goosse (A.). Le Pic. et le wallon, source du jargon des coquillards. Cah. lexicol. 1970, t. 16, pp. 105-107. − Guiraud (P.). Le Jargon de la Coquille. Cah. Lexicol. 1967, t. 11, pp. 54-55. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 280. − Murlett (W.). Literaturblatt für germanische und romanische Philologie. 1921, t. 42, pp. 322-323. − Neuville. Les Traditions à travers le vocab. de St-Cyr. R. de l'Éc. de St-Cyr. 1974. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 95. |