| COQ-À-L'ÂNE, subst. masc. inv. Loc. fig. Sauter du coq à l'âne. Tenir des propos sans suite, comme si ayant commencé à parler d'un coq, on passait sans transition à la description d'un âne : 1. Le coq-à-l'âne ne se compose pas d'une sottise isolée, comme le quolibet, comme le calembourg, mais d'une série de sottises rassemblées sans liaison : il est à ces traits d'esprit ce que la phrase est au mot. On disait originairement sauter du coq à l'âne, par allusion à certain avocat qui, ayant à parler d'un coq et d'un âne, parlait de l'âne à propos du coq, et du coq à propos de l'âne; ...
Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 5, 1814, p. 233. − HIST. LITTÉR. Épître satirique et burlesque, dont l'invention est attribuée à Marot et qui consiste dans une suite de propos volontairement incohérents et de fantaisie déréglée. Marot a fait des satyres en forme, sous le titre de « coq-à-l'asne » (Sainte-Beuve, Tabl. poésie fr.,1828, p. 28). − P. ext., mod. et fam. Suite de propos décousus, sans lien logique, souvent prononcés pour provoquer, par un effet de style, l'amusement ou la surprise de l'interlocuteur : 2. Il [Christophe] s'amusait de tout ce qu'il disait et de tout ce qu'on disait; bégayant, bredouillant, ânonnant, ricanant, pondant des coq-à-l'âne, il n'était pas capable de suivre un raisonnement, ni de savoir au juste ce qu'il pensait lui-même; ...
R. Rolland, Jean-Christophe,La Révolte, 1907, p. 419. − P. anal. Raisonnement, prise de position, entreprise, idéologie renfermant une contradiction, constituant un non-sens. M. de Feuerstein (...) s'acharnait à des rapprochements saugrenus, bâtissait des théories sur des truismes ou des coq-à-l'âne (Arnoux, Chiffre,1926, p. 71). Prononc. et Orth. : [kɔkalɑ:n]. Inv. ds Ac. 1694-1932 ainsi que ds le reste des dict. gén. Littré souligne que, pour les besoins de la rime, certains poètes (comme Regnard) ont écrit coq-à-l'ânes. Étymol. et Hist. Ca 1370 saillir du coq a l'asne (J. Lefebvre, Respit de la mort, éd. G. Hasenohr-Esnos, 3724); xves. sauter du coq à l'asne (Livre des Proverbes, éd. Le Roux de Lincy, p. 173); 1531 epistre du Coq en l'Asne (Marot, [1ercoq-à-l'âne], éd. C. A. Mayer;
Œuvres Satiriques, p. 110); 1536 subst. masc. désignant ce genre d'épître (Marot, [3ecoq-à-l'âne], ibid., p. 134). Composé de coq* et de âne*. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 102. − Mayer (C. A.). Coq-à-l'âne. Fr. St. 1962, t. 16, pp. 1-13. − Quem. Fichier. |