| CONTRE-CŒUR (À), loc. adv. D'une façon contraire aux désirs du cœur, aux dispositions intérieures de l'individu. Il me fallut monter chaque marche de l'escalier, comme dit l'expression populaire, à « contre-cœur », montant contre mon cœur qui voulait retourner près de ma mère (Proust, Swann,1913, p. 27).Il n'aurait qu'à se résigner à écrire sur commande, d'autres le font : d'autres, mais pas Robert. À la rigueur je l'imagine militant à contre-cœur : mais écrire c'est une autre affaire; s'il ne pouvait plus s'exprimer à sa guise, la plume lui tomberait des mains.
S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 49. PARAD. (Quasi-) synon. à regret, à son corps défendant, contre son gré, de mauvais cœur. (Quasi-) anton. délibérément, spontanément, volontairement; de bon cœur, de bon/plein gré, de gaieté de cœur. Prononc. et Orth. : [(a) kɔ
̃tʀ
əkœ:ʀ]. Avec un trait d'union ds Ac. 1798-1878; cf. aussi ds Fér. Crit. t. 1 1787 (à comparer avec le terme d'archit.), Land. 1834, Nod. 1844, Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Littré, DG et Guérin 1892. En 1 seul mot ds Ac. 1932 et déjà 1694; cf. aussi ds Rob., Quillet 1965, Dub. et Lar. Lang. fr. Les 2 graph. sont admises ds Lar. encyclop. Cf. contre-. Étymol. et Hist. Ca 1393 avoir a contrecuer « avoir en aversion » (Ménagier, I, 39 ds T.-L.); 1579 manger a contrecœur (Larivey, Veuve, I, 4 ds Gdf. Compl.). Composé de contre-* et de cœur*; cf. 1160-74 estre contre coer a (qqn) « répugner à quelqu'un » (Wace, Rou, III, 10524 ds T.-L., s.v. cuer) et ca 1167 avoir contrecœur (qqn) « éprouver de l'aversion pour quelqu'un » (G. d'Arras, Ille et Galeron, éd. F. Cowper, 3368) expr. attestées jusque début xviies. (St François de Sales ds Hug.). STAT. − Fréq. abs. littér. Contre(-)cœur et à contre(-) cœur : 144. |