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CONTRE1, prép.
Exprime un mouvement vers, par opposition à un mouvement de sens inverse ou à une résistance.
I.− [Sens local]
A.− Exprime le contact étroit ou le choc au terme d'un déplacement. Il met une échelle contre le mur; il serre son ami contre son cœur; les vagues se brisent contre les rochers :
1. On voyait la croix descendre, à mesure qu'on montait; on l'a vue venir contre les rochers, le long desquels elle glissait de haut en bas; elle est venue, ensuite, se mettre devant les forêts, noires comme elle, et elle n'a plus été vue. Ramuz, La Grande peur dans la montagne,1926, p. 45.
[Sans art. dans des tours figés, à valeur adverbiale] Contre terre, et, avec des substantifs désignant des parties du corps, tours du type : ils dansent joue contre joue :
2. À un bout de la commune, les derniers moutons, assemblés en rond, se serraient nez contre nez, épaule contre épaule, solidaires et silencieux, et forts. G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 71.
Tout contre + subst.Tout renforce la valeur cinétique de contre. Il me hurla tout contre l'oreille (Milosz, L'amoureuse initiation,1910, p. 43).
En emploi abs. [Le compl. est évident, et figure souvent dans le cont. antérieur] :
3. Son corps nerveux était si tendu, qu'il n'était plus assis sur le banc mais appuyé contre, comme une pièce de bois. R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Cahier gris, 1922, p. 633.
SYNT. Les verbes les plus fréquents qui précèdent contre marquent sa valeur dynamique : (s')écraser, s'adosser, (s')appuyer, attirer, (se) blottir, (se) briser, buter, (se) cogner, (se) coller, (se) dresser, (se) frotter, (se) heurter, (se) jeter, lancer, peser, plaquer, pousser, presser, raidir, (se) retourner, (se) serrer.
Rem. Contre a pu marquer simplement la proximité. Ce sens subsiste a) dans qq. attestations du xixes. : J'étois debout contre sa banquette (Nodier, J. Sbogar, 1818, p. 86). Nos saïs (...) allumaient le feu contre une arche (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 378); b) dans les canadianismes α) de contre : Monsieur Langlet est venu de contre moi avec un beau bill de deux piasses ben neuves (A. Giroux, Au-delà des visages, Montréal, éd. Variétés, 1948, p. 172); v. aussi pour plusieurs dialectes, FEW t. 2,2, s.v. contra, p. 1111 b, 1112 a; β) contre à contre : J'ai vu un homme se carrioler dans votre ancien canot de chasse, celui que vous vous êtes fait voler l'automne passé. (...) − En es-tu bien sûr? insista Didace. − Nom d'un nom! j'ai passé contre à contre, à la sortie du Chenal de l'île aux Raisins (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 188).
B.−
1. Exprime qu'un mouvement est en sens inverse d'un premier mouvement. Il nage contre le courant.
2. Exprime la position face à (l'idée de mouvement n'est que virtuelle) :
4. Mais le 9, les vignerons tirèrent contre le ciel des bombes inutiles et de vaines fusées, tandis que la cloche de Saint-Maixant qui, dit-on, chasse la grêle, sonnait à toute volée... Mauriac, Journal 1,1934, p. 24.
Rem. On rencontre en Suisse romande plusieurs loc. verb. dans lesquelles contre signifie « dans la direction de » (avec ou sans idée de mouvement). Aller contre la maison, contre la ville. Le Diégo regardait contre l'est, contre le matin le plus brillant (C.-F. Landry, Diégo, Lausanne, 1938, p. 58).
II.− Exprime l'opposition.
A.− Exprime une relation d'hostilité, de lutte.
1. Contre + subst., nom propre ou pron.Le plus souvent contre exprime l'idée d'hostilité ou de menace conjointement avec le verbe, le syntagme verbal ou le subst. qui précèdent. Il s'emporte contre qqn; il proteste contre le projet.
L'idée d'hostilité ou de menace est parfois exprimée par le groupe prépositionnel, alors que le verbe ou le subst. qui précède, exprime l'idée de résistance :
5. ... je fis souvent, la nuit, ce rêve anxieux : J'étais au Luxembourg, près du bassin, face au Sénat; il fallait protéger contre un danger inconnu une petite fille blonde qui ressemblait à Vévé, morte un an plus tôt. Sartre, Les Mots,1964, p. 139.
[Dans un syntagme nom. autonome] Le vaccin contre la rage; son combat contre Untel :
6. Mais, Messieurs, supposez le crime commis dans l'intervalle de dix heures et demie du soir à six heures du matin, rien ne l'empêche : ici l'accusation contre nous croule tout entière. Balzac, Annette et le criminel,1824, p. 61.
7. ... D'abord lui monte à cheval... et puis vous savez bien : il est membre de quatre compagnies industrielles; il dirige avec son beau-frère une autre compagnie d'assurances contre la grêle... Gide, Paludes,1895, p. 92.
Contre vents et marées, loc. adv. de sens figuré. En dépit des obstacles, des oppositions.
Loc. prép. Envers et contre + subst. En dépit de, malgré l'opposition de :
8. Croirait-on que ce fut M. de Chateaubriand, qui, envers et contre tout le Conseil, et surtout Villèle qui n'en voulait pas, fit nommer M. de Damas... Mmede Chateaubriand, Mémoires et lettres,1847, p. 113.
Suivi simplement de tout, tous :
9. Ils déclarèrent qu'ils la reconnaissaient toujours pour leur dame et maîtresse, et qu'ils la défendraient envers et contre tous. Montalembert, Hist. de Ste Elisabeth de Hongrie,1836, p. 186.
2. Contre en emploi abs. [Le compl. est exprimé ou suggéré dans le cont. antérieur] :
10. nada. − Ordre est donné à tous les commandants de district de faire voter leurs administrés en faveur du nouveau gouvernement. le premier alcade. − Ce n'est pas facile. Quelques-uns risquent de voter contre! Camus, L'État de siège,1948, p. 257.
[Dans un syntagme nom. autonome] :
11. Ce matin, au réveil, il me semble que toutes les raisons « contre » sont descendues, comme un liquide qui dépose : Je ne trouve en moi que des raisons « pour ». Décidé à l'épouser. Montherlant, Le Démon du bien,1937, p. 1256.
En emploi subst. Le pour et le contre. L'ensemble des raisons, des arguments favorables ou défavorables :
12. ... je suis décidé à m'expliquer franchement. Je puis paraître avoir eu des torts irréparables vis-à-vis de votre mère et de vous. Je ne nie pas que j'aie certains reproches à me faire, mais il y a du pour et du contre... R. Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 477.
Au plur. :
13. Bonnes ou mauvaises, ces réponses? En vérité, il importe peu. Pour Condren, il ne s'agissait pas de faire un choix, de peser les pour et les contre. Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 323.
Loc. adv., région. (Canada). De contre. D'une manière hostile, en disant du mal :
14. − Mais d'où qu'elle sort pour qu'on l'appelle l'Acayenne? − Ah! elle vient de par en bas de Québec, de quelque part dans le golfe. − Ça empêche pas qu'elle donne à chambrer à des navigateurs et qu'on parle de contre, comme d'une méchante. G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 239.
SYNT. a) Le plus souvent les verbes ou les subst. qui précèdent contre, expriment l'attaque, l'hostilité, l'argumentation. α) Verbe + contre : s'acharner, aller, (s')armer, se battre, combattre, conspirer, (se) diriger, s'emporter, s'exaspérer, se fâcher, s'indigner, s'insurger, s'irriter, se révolter, réagir, (se) soulever, s'élever, déclamer, plaider, etc. β) Subst. + contre : attaque, attentat, campagne, colère, combat, force, fureur, guerre, haine, indignation, lutte, (prendre) parti, protestation, réaction, révolte, rancune, argument, débat, preuve. b) Dans une proportion moindre, ils expriment l'idée de défense, de résistance. α) Verbe + contre : se défendre, se prémunir, se protéger, etc. β) Subst. + contre : assurance, (être, mettre) en garde, plainte, précaution, protection, refuge, etc.
B.− [Suivi d'un subst. abstr. exprimant une contrainte morale] Fonctionne comme synon. de contrairement à :
15. Dîné chez le ministre de l'Intérieur avec mon fils. Soirée triste. Contre mon habitude, je suis rentré chez moi à dix heures. Maine de Biran, Journal,1817, p. 31.
16. Environ une Olympiade après toutes ces choses, la dona Maria, qui, contre la coutume, n'avait point paru à table depuis quelques jours, fit appeler Vésalius, son mari. P. Borel, Champavert,Don Andréa Vésalius, l'anatomiste, 1833, p. 73.
Rem. Le tour, vivant au xixes., est beaucoup plus rare au xxes. où il ne subsiste que dans des loc. figées. Contre toute attente, contre toute raison, contre toute évidence, etc.
III.− Marque l'échange, le rapport de deux grandeurs. Échanger un sac de billes contre un couteau; parier à dix contre un :
17. Aujourd'hui je vous propose de vous donner une belle fortune contre un signe de tête qui ne vous compromet en rien, et vous hésitez. Le siècle est mou. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 180.
18. Nous opposons à l'ennemi un homme contre trois. Un avion contre dix ou vingt et, depuis Dunkerque, un tank contre cent. Saint-Exupéry, Pilote de guerre,1942, p. 307.
[Dans le vocab. comm., sans déterm.] Envoi contre remboursement :
19. Je trouve donc oiseux de « soumettre » un manuscrit à un éditeur quel qu'il soit. Je crois avoir passé l'âge de ces folies. Je vends à l'édition, et je livre un manuscrit contre argent et traité; voilà tout. Villiers de L'Isle-Adam, Correspondance,1886, p. 122.
IV.− Loc. adv.
A.− Ci-contre, là-contre (v. ci et ).
B.− Par contre. Loc. adv. marquant l'opposition à un énoncé antérieur. Si le jardin se trouvait à l'ombre, la maison, par contre, était en plein soleil (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 297):
20. Les objets des dédains philosophiques de nos naïves imaginations de seize à vingt ans deviennent par contre des objets très sérieux de notre culte. E. Delacroix, Journal,1824, p. 55.
21. C'étaient deux êtres doués de sens merveilleux, mais exclusivement terrestres. Les sensations se prolongeaient en eux avec une intensité inquiétante. Ils s'y oubliaient eux-mêmes à force de les éprouver. Par contre, certaines idées, celles de l'âme, par exemple, de l'infini, de Dieu même, étaient comme voilées à leur entendement. Villiers de L'isle Adam, Contes cruels,Véra, 1883, p. 24.
22. Croquebol enfonçait dans l'herbe détrempée. La Guillaumette, par contre, tombé dans un filon glaiseux, amassait sous ses pieds d'énormes mottes d'argile et n'avançait plus qu'à coups de reins, stupéfait de se voir grandir aux côtés de son camarade. Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 2epart., 3, p. 121.
Rem. 1. Grev. 1969, § 980, observe que à la différence de en compensation ou en revanche qui ,,ajoutent à l'idée d'opposition une idée particulière d'équilibre heureusement rétablie``, par contre exprime ,,d'une façon toute générale l'idée d'opposition et a le sens nu de mais d'autre part, mais d'un autre côté``. 2. Sur l'offensive des puristes à propos de la loc. par contre, on verra A. Doppagne, Trois aspects du fr. contemp., Paris, Larousse, 1966, pp. 193-197 : ,,le succès qu'ont réservé à par contre la plupart des écrivains du xxesiècle, le fait qu'il ne soit pas toujours remplaçable par les locutions par lesquelles on propose de le remplacer, légitiment tout à fait l'utilisation de cette locution``. 3. On rencontre en Suisse romande contre indiquant le moment où se déroule une action : Contre le soir, son compagnon s'était laissé surprendre (W.-A. Prestre, Cordée sans corde, Boudry, 1959, p. 216) et dans certaines expressions à valeur temporelle : Aller contre (une saison). Avancer dans la saison. Alors ça nous mène déjà un rude bout de chemin contre le printemps (W. Dubois, En poussant nos clédars, Le Locle, 1959, p. 178).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃:tʀ ̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. Idée d'opposition. A. 1. Marque l'hostilité a) prép. 842 latinisme contra (Serments de Strasbourg ds Bartsch Chrestomathie, p. 3 : contra Lodhuwig); ca 1100 cuntre paiens (Roland, éd. J. Bédier, 2244); b) adv. ca 1170 (Chrétien de Troyes, Erec, éd. W. Foerster, 384 : li vavasors contre li cort; éd. M. Roques : contre lui; v. aussi Foulet, pp. 364-374); xiiies. (Ysopet de Lyon, éd. J. Bastin, XVIII, 47); av. 1271 faire contre (Rutebeuf, Vie de Ste Elysabel, éd. E. Faral et J. Bastin, 448); 1665 là contre (Molière, Dom Juan, I, 2); 2. pour se défendre de 1160-74 prép. (Wace, Rou, III, 4260 ds Keller, p. 282b); 3. dans une direction opposée à quelque chose ca 1174 cuntre le vent (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 1367 ds T.-L.); 1606 Contre vent et maree au propre (Montchrestien, Cartaginoise, éd. L. Petit de Julleville, p. 141); 1remoitié xvies. contre nature (R. de Collerye, éd. Ch. d'Héricault, p. 93 ds IGLF); 1560 contre toute espérance (J. Grévin, L'Olimpe, éd. L. Pinvert, p. 276, ibid.); 4. « en dépit de » ca 1450 aller contre sa parolle (Mistère du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 32418); 1561 contre fortune bon cueur (Grévin, Les Esbahis, p. 120 ds IGLF); av. 1615 envers et contre tous (Pasquier, Recherches, p. 868, ibid.). B. 1. Marque la proportion, la comparaison ca 1100 (Roland, 1930 : Cuntre un des noz en truverat morz quinze); 2. « au lieu de, à la place de » ca 1174 (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 4329 ds T.-L.); 1323 « en échange de » (Texte cité ds Runk., p. 94). II. Idée de proximité, de contact ca 1100 prép. cuntre tere (Roland, 2494). Du lat. contra adv. et prép. « en face de, vis-à-vis », « au contraire de », « en sens contraire de », « par opposition à ». Fréq. abs. littér. : 45 380. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 61 419, b) 57 173; xxes. : a) 66 934, b) 69 698. Bbg. Cohen 1946, p. 57. − Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, t. 16, no1, p. 65. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 403. − Reyelt (R.). Uber den Gebrauch und die begriffliche Entwicklung der franz. Präpositionen vers, envers... Göttingen, 1912, 97 p. − Rog. 1965, p. 163. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 89; Lang. par. 1920, p. 233, 251.