| CONTINUITÉ, subst. fém. Fait d'être continu. A.− [Dans l'espace] Fait de ne pas être interrompu. Rétablir la continuité du front (Foch, Mémoires,t. 2, 1929, p. 14). B.− [Dans le temps] 1. Fait de durer sans interruption ou presque. La mort n'est qu'une illusion, un voile, masquant par endroits la continuité de la vie (Flaubert, La Tentation de St Antoine,1874, p. 187): 1. Gundoldingen (...) expira sur cette forte parole contre la continuité du pouvoir dans les mains d'un même magistrat : « souvenez-vous de ne laisser jamais personne plus d'un an, en possession de la charge d'avoyer ».
Michelet, Sur les chemins de l'Europe,1874, p. 400. − Spéc. Fait de durer sans interruption ou presque et avec des variations de qualité, d'intensité nulles ou imperceptibles : 2. La thèse générale de Leibnitz, où la perfectibilité de l'homme se trouve rattachée à une loi universelle de progrès continu dans tout l'univers. C'est de la célèbre « loi de continuité » de Leibnitz que je veux parler, de cette loi qu'il fit adopter aux géomètres, aux physiciens, aux naturalistes, à tous les savants de détail, et qui a produit de si grands fruits, mais qui n'est au fond qu'une autre formule de sa théodicée.
P. Leroux, De l'Humanité,t. 1, 1840, p. 149. 3. − Ce qui fait (...) la continuité de la patrie française (...) c'est l'épiscopat qui, depuis les premiers apôtres des gaules jusqu'à ce jour, a subsisté sans interruption, sans changement, sans diminution, et forme pour ainsi dire la trame solide de l'histoire de la France.
A. France, L'Orme du mail,1897, p. 101. 2. P. ext. Fait de se répéter à de brefs intervalles : 4. Astre ingrat et moqueur, vous me demandez où je vais si tard? Ne sentez-vous pas combien il est dur de me reprocher la continuité de mes voyages?
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 709. C.− Expr. [En parlant de l'espace et/ou du temps] Sans aucune solution* de continuité. Des faisceaux de rayons lumineux, qui se pénètrent, s'épanouissent et se concentrent, sans offrir nulle part d'interstices ou de solutions de continuité dans leur tissu (Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 37): 5. ... quel plaisir de goûter ce noble style si flexible et si distingué, je dirai surtout si aisé, et si homogène qui se déploie d'un bout à l'autre du récit sans aucune solution de continuité!
Claudel, Correspondance[avec Gide], 1908, p. 83. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃tinɥite]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1380 « liaison non interrompue des parties d'un tout » d'où solution de continuité « interruption entre les parties d'un tout, auparavant continues » (Evr. de Conty, Probl. d'Arist., B. N. 210 [ms. xves.]; fo126cds Gdf. Compl.); 2. 1671 « succession ininterrompue » une continuité de douleur (Pomey). Dér. de continu*; suff. -ité*; cf. lat. class. continuitas « continuité, liaison », rare. Fréq. abs. littér. : 1 006. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 642, b) 1 579; xxes. : a) 1 420, b) 2 029. |