| CONTIGUÏTÉ, subst. fém. A.− [Domaine de l'espace ou du temps] 1. État, position de ce qui est contigu. La contiguïté de deux maisons, de parcelles; la contiguïté d'un champ et d'un bois, d'une province avec une autre; la contiguïté de deux époques, de deux cultures différentes : Ce prodigieux coloriste [Eugène Delacroix] emploie le blanc pour corriger ce qu'aurait de brutal la contiguïté de deux couleurs franches, telles que le rouge et le bleu.
Ch. Blanc, Gramm. des arts du dessin,1876, p. 567. 2. Emplois spéc. a) MÉD. Propagation par contiguïté. Propagation d'une lésion d'un organe à un organe qui lui est contigu. b) CHIR. Amputation dans la contiguïté. Amputation ,,où l'on fait passer le couteau entre les os qui forment une articulation`` (Littré-Robin 1858). c) GÉOGR. Zone de contiguïté. Zone où deux formations sont en contact. Zone de contiguïté entre la sylve et la savane (Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 36). B.− [Domaine relationnel] Rapport, relation de contiguïté. Des contiguïtés ou des ressemblances de faits les associent (Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 23). 1. LING. Relation de contiguïté. Proximité immédiate de deux unités dans la chaîne du discours; [chez Jakobson] rapport syntagmatique (opposé à similarité). 2. PSYCHOL. Association par contiguïté, de contiguïté. Une des formes de l'association d'idées, caractérisée par le ,,rappel successif des états de conscience lorsqu'ils ont été simultanés dans l'espace, ou immédiatement successifs dans le temps`` (d'apr. Legrand 1972). Loi de contiguïté. Loi régissant les associations par contiguïté. 3. MUS. Proximité maximale dans l'échelle des sons. La contiguïté établie par l'intervalle du demi-ton (V. d'Indy, Cours de composition musicale,t. 2, 1897-1900, p. 257). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃tigɥite]. Ds Ac. depuis 1694 : tréma depuis 1835. Synérèse ds les dict. mod. de Passy 1914 à Lar. Lang. fr.; diérèse de Fér. 1768 à DG. Pas de tréma ds Fér. 1768 (mais par contre ds Fér. Crit. t. 1 1787), ni ds Land. 1834. Le tréma sert à marquer la prononc. [gɥ] et empêche la prononc. [gi]. À ce sujet comparer avec aiguiser autrefois [egɥize], au jourd'hui le plus souvent [egize]. Les mots ambiguïté, contiguïté et exiguïté portent le tréma parce qu'ils sont dér. d'un adj. en [gy] portant le tréma au fém. : ambiguë, contiguë, exiguë. Étymol. et Hist. xves. [ms.] au propre (Chron. et hist. saint. et prof., ms Ars. 3515, fo17 rods Gdf. Compl.), attest. isolée; 1674 (Malebranche, De la recherche de la vérité, VI, 2, 9 ds Littré). Empr. au b. lat. contiguitas. Fréq. abs. littér. : 41. Bbg. Barthes (R.). Éléments de sémiologie. Communications. 1964, t. 4, p. 115. |