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CONNAISSANCE, subst. fém.
I.− [Correspond à connaître I]
A.− Vx ou spéc. Synon. de reconnaissance.
1. Lang. littér. et philos. La connaissance du bien et du mal. La connaissance du juste et de l'injuste fait partie de l'instinct comme de la raison (J. Boucher de Perthes, De la Création,t. 3, 1838-41, p. 61).
1. On ne lui avait pas donné la connaissance du bien et du mal : sa famille s'en fût bien gardée, dans la crainte d'être par lui méprisée et reniée. G. Sand, Lélia,1839, p. 359.
Rem. Cette nuance est mieux ressentie dans le verbe.
Être en âge de connaissance. Avoir atteint l'âge où l'on est apte à discerner la valeur de ses actions petites ou grandes. Avoir de la connaissance (cf. âge de raison).
2. P. méton., VÉN., au plur. Les connaissances. Indices de reconnaissance de l'âge et de la taille d'une bête. Les connaissances d'un cerf, d'un daim.
Rem. Bien attesté dans les dict. gén. à partir de Ac. 1835.
B.− Action, acte ou fait de connaître quelque chose.
1. PHILOS. et p. ext. vocab. sc. en gén.
a) Acte de la pensée qui saisit un objet par les sens ou non avec implication plus ou moins grande du sujet de la connaissance. Connaissance objective, subjective (cf. aperception, jugement, perception, science, vérité); l'acte de connaissance; les fondements, les limites, le mécanisme de la connaissance. La connaissance, c'est l'infini versé dans un moule fini (Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 477).La connaissance est la constatation de mon contour (Claudel, Art poétique,1907, p. 157).
2. Il est nécessaire qu'une synthèse s'opère entre les deux modes de connaissance qui se disputent depuis des siècles les esprits : intellect et intuition. Arts et litt. dans la société contemp.,1936, p. 5610.
Rem. D'un point de vue didactique connaissance s'oppose à action.
SYNT. a) Connaissance + adj. Connaissance expérimentale, immédiate, innée, instinctive, intellectuelle, intuitive, rationnelle, sensorielle, spéculative; connaissance absolue, claire, distincte, élémentaire, exacte, imparfaite; connaissance historique, mathématique, philosophique. b) Subst. + de (la) connaissance. Démarche, élaboration, processus de la connaissance; branches, éléments, formes, modes, principes, sources de la connaissance; possibilité, progrès, relativité, validité de la connaissance; théorie de la connaissance; sociologie de la connaissance. c) Verbe + connaissance. Arriver, atteindre, s'élever à la connaissance.
MÉD. et usuel
Conscience que chacun a de sa propre existence. Perdre connaissance. S'évanouir. Tomber sans connaissance; être privé de connaissance; rester sans connaissance pendant plusieurs heures; reprendre, recouvrer (sa) connaissance.
Lucidité. Avoir, garder, conserver (toute, sa) connaissance jusqu'à la mort :
3. ... on ne put que lui [M. le Tourneux] donner l'extrême-onction, ne lui jugeant pas assez de connaissance pour le viatique; ... Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 77.
b) P. méton. Faculté de connaître; exercice de cette faculté. Exercer sa connaissance sur qqc.; être doué de connaissance :
4. ... mes perceptions finies et déterminées sont les manifestations partielles d'un pouvoir de connaissance qui est coextensif au monde et qui le déploie de part en part. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 424.
2. Action ou acte de se faire une représentation, de s'informer ou d'être informé de l'existence de quelque chose; l'idée ainsi formée. Avoir, prendre connaissance d'un document, d'une nouvelle; donner connaissance d'un testament à qqn. Je n'avais nulle idée juste de vous, disait-il, je n'avais aucune connaissance exacte de ce qui vous concernait (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 822).Il n'y eut à ma connaissance qu'un seul libéré, le critique d'art Louis Chéronnet (Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 130).
Avoir connaissance que + ind.Synon. apprendre*, être informé de (cf. connaître) :
5. − Voilà comment ça s'est passé... Vous avez peut-être eu connaissance qu'il était foreman dans un chantier en haut de la Tuque, sur la rivière Vermillon. Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 138.
SYNT. Il vint à ma connaissance que; à ma connaissance (d'après ce que je sais); de ma connaissance; à la connaissance de tout le monde.
Spéc., MAR. Avoir, prendre connaissance des côtes, d'une terre, d'une escadre d'un navire. Le dimanche 20 octobre, vers midi, on eut connaissance de la côte indienne (Verne, Le Tour du monde en 80 jours,1873, p. 41):
6. ... je fus très surpris, au jour, de ne pas voir la terre sous le vent, et je n'en eus connaissance qu'à six heures du matin... Voyage de La Pérouse,t. 3, 1797, p. 183.
P. méton. La Connaissance des Temps. Titre du recueil annuel rédigé deux ans à l'avance par le Bureau des Longitudes. On me demande : l'éclipse a-t-elle lieu à l'heure prédite? Je cherche dans la Connaissance des Temps, je vois que l'éclipse était annoncée (H. Poincaré, La Valeur de la sc.,1905, p. 231).
3. Action ou fait d'apprendre quelque chose par l'étude et/ou la pratique; résultat de cette action ou de ce fait : compétence en quelque chose, expérience de quelque chose; connaissance, savoir acquis(e). Avancer, pénétrer dans la connaissance de qqc., avoir, posséder la (une bonne) connaissance de qqc.; n'avoir aucune connaissance de qqc., en matière de + subst. ou + adj. Cf. également maîtrise, pratique, talent :
7. Barras n'avait pas fait la guerre; il avait quitté le service n'étant que capitaine; il n'avait d'ailleurs aucune connaissance militaire. Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 750.
SYNT. et EXPR. La connaissance d'un art, d'une langue, d'une œuvre, d'une science; être versé dans la connaissance des affaires; accroître, acquérir, affermir, approfondir, étendre, faire progresser notre connaissance de qqc.; cela est de ma connaissance (rare); cela est de la connaissance de tout le monde.
P. méton., au plur. Les connaissances. Ce que l'on connaît par l'étude, par la recherche. Avoir, acquérir, amasser des connaissances + adj. + dans, en, sur + subst. La psychanalyse est un terrain où il est fort dangereux de s'aventurer sans connaissances solidement fondées (Du Bos, Journal,1928, p. 199):
8. Combien de questions importantes, dans cette même science [l'économie], n'ont pu être bien résolues qu'à l'aide des connaissances acquises sur l'histoire naturelle, sur l'agriculture, sur la physique végétale, sur les arts mécaniques ou chimiques! Condorcet, Esquisse d'un tableau hist. des progrès de l'esprit hum.,1794, p. 190.
SYNT. et EXPR. a) Connaissances élémentaires, fragmentaires, générales; connaissances empiriques, théoriques, utiles, scolaires, techniques; connaissances de base; connaissances en géographie, en médecine; connaissances artistiques, littéraires; tirer parti de ses connaissances. b) Classification, ensemble, hiérarchie, ordre, somme, système des connaissances; la table des connaissances; évolution, progrès des connaissances; un bagage, un capital, une foule de connaissances. c) Cet homme n'a pas les connaissances indispensables (nécessaires) à, le minimum de connaissances pour; étendre le cercle de nos connaissances; dans l'état actuel de nos connaissances; le niveau des connaissances; contrôle, recyclage des connaissances; connaissances exigées d'un candidat à tel concours; puiser ses connaissances dans; donner, transmettre des connaissances (à qqn); augmenter, enrichir, perfectionner ses connaissances en; faire étalage de ses connaissances; se piquer de connaissances.
Spéc., DR.
a) Compétence d'un juge, d'un tribunal et p. ext. d'une assemblée. L'officier chargé du ministère public près la cour, le tribunal ou le juge d'instruction saisi de la connaissance du délit (Code d'instruction criminelle,1808, p. 787).
b) Juger, se prononcer en connaissance de cause. Le gouvernement a pris en connaissance de cause ses décisions à cet égard (De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 577).
P. ext., cour. Agir, apprécier, parler, porter un jugement avec, en (pleine, toute) connaissance de cause. Comme une personne bien informée. Voulant acquérir le droit d'en parler en conscience, c'est-à-dire avec pleine et entière connoissance de cause (J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg,t. 1, 1821, p. 448).
II.− [Correspond à connaître III]
A.− Action ou acte consistant à établir une relation avec quelqu'un. Lier connaissance avec qqn; rechercher la connaissance de qqn; entrer, être en connaissance avec qqn. Ce cadeau, qui lui parut fort précieux, commença notre connaissance (Mérimée, Théâtre de Clara Gazul,1825, p. 2).
9. La connaissance ébauchée la veille entre Colline et Schaunard, et plus tard avec Marcel, devint plus intime; ... Murger, Scènes de la vie de bohème,1851, p. 44.
1. Locutions
a) Faire (la) connaissance
suivi de de qqn, avec qqn.Faire la connaissance de qqn; faire sa connaissance; faire plus ample connaissance avec qqn :
10. ... je vous envoie l'invitation que vous m'avez demandée, et serai charmée de faire la connaissance de la sœur de Madame de Restaud. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 244.
11. Le dîner sera charmant et tu feras connaissance d'une femme remarquable et aimable, si, toutefois, tu en acceptes l'occasion. Villiers de L'Isle-Adam, Correspondance,1884, p. 76.
Formule de politesse. C'est un grand plaisir pour moi, (je suis) heureux de faire votre connaissance.
Emploi abs. Faire connaissance; faire faire connaissance à deux personnes :
12. − Est-il question d'un mariage, ou d'un collage? (...) − Il n'est question de rien (...) On fait connaissance tous les deux, on s'apprend... Colette, La Vagabonde,1910, p. 182.
P. anal. [L'obj. désigne une chose personnifiée, dont la connaissance demande du temps] Synon. emphatique de découvrir.
Synon. s'accoutumer à, prendre contact avec qqc :
13. Une manière commode de faire la connaissance d'une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt. A. Camus, La Peste,1947, p. 1217.
14. Martin fait connaissance avec l'atelier, avec le bureau de dessin, et le groupe des électroniciens. Progressivement il se familiarise avec les circuits électroniques, avec les machines que, sorbonnard, il ignorait totalement. Leprince-Ringuet, Des Atomes et des hommes,1957, p. 82.
Faire l'expérience de :
15. ... c'est une femme, une femme un peu mûre, curieuse, d'un esprit excitable, et qui, ayant cédé à l'envie de faire connaissance avec le poison, décrit ainsi, pour une autre dame, la principale de ses visions. Baudelaire, Paradis artificiels,1860, p. 367.
P. plaisant. Ses cheveux, qui avaient fait connaissance avec le peigne, étaient proprement retenus par un ruban rouge (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 497).
b) En emploi adj. De connaissance. Bien connu. Être entre personnes de connaissance; rencontrer des gens de connaissance; une figure, une tête de connaissance (fam.) :
16. Il était d'usage, à la sortie de la messe « du chateau » − la messe chic − de stationner dans la cour d'honneur, et d'y saluer les personnes de connaissance. R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 132.
De (+ adj. poss.) connaissance.(Bien) connu de (moi, toi...). Dix ou douze personnes de ma connaissance ont eu de longues fièvres intermittentes (Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 237).
Expr. fig. Être, se trouver en pays de connaissance [Être, se trouver] entre personnes qui se connaissent bien :
17. Il s'y [à l'hôtel le « grand-cerf »] retrouva en pays de connaissance; le personnel était resté presque le même, et le domestique qui le conduisit à sa chambre se permit de lui rappeler, avec la familiarité des garçons d'hôtel, le court séjour qu'il avait fait à l'auberge en compagnie de Madeleine; ... Zola, Madeleine Férat,1868, p. 202.
2. P. méton.
a) Personne de connaissance, personne que l'on connaît quelque peu pour l'avoir déjà rencontrée. Une connaissance, une de mes connaissances; faire une (des) connaissance(s); se faire des connaissances; cercle de connaissances. Synon. relation.Messieurs, je n'étais point l'ami de ce Bertrand d'Airolles, mais seulement sa connaissance (P.-A. de Beaumarchais, Mémoires,t. 1, 1789, p. 383):
18. À l'instigation de sa femme, Reinhart, qui lisait à peine les notes de musique, acheta une vingtaine d'exemplaires des lieder de Christophe, − (les premiers qui fussent sortis de la boutique de l'éditeur); − il les répandit en Allemagne, de différents côtés, parmi ses connaissances universitaires; ... R. Rolland, Jean-Christophe,La Révolte, 1907, p. 528.
Fam. Synon. de familier.Rencontrer, retrouver, revoir une vieille connaissance. On eût dit une réunion de vieilles connaissances qui se connaissaient jusqu'au cœur et qui s'endormaient sur la foi de leur amitié (Zola, Thérèse Raquin,1878, p. 68).
b) Péj. Faire une mauvaise, vilaine connaissance; avoir de mauvaises connaissances. Synon. peu usité de fréquentations (mauvaises), rencontres :
19. ... mon père se borna à dire des mots profonds et sérieux sur le danger des mauvaises connaissances pour les mœurs. Stendhal, Vie de Henry Brulard,t. 1, 1836, p. 243.
c) Pop., vieilli. Une connaissance; avoir une belle connaissance; sortir avec sa connaissance. Synon. (bonne) amie, maîtresse.− Il aura eu des amours malheureux, dit Faufilet. − Sa connaissance l'aura trahi (P. Avenel, Les Calicots,1866, p. 65).On veut donc épater sa connaissance, on lui paye des douceurs! (Zola, L'Assommoir,1877, p. 409).
3. Spéc., style biblique, rare. Connaissance charnelle. Rapports sexuels entre un homme et une femme :
20. Ce ne sera vraiment exquis, ce soir, qu'après celle-là [la première empreinte], se dit-il; le côté grotesque ne sera plus; la connaissance charnelle sera faite; je pourrai reprendre Hyacinthe, sans avoir la sollicitude inavouée de ses formes, l'inquiétude de ma tenue, l'embarras de mes gestes. Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 40.
B.− Action de connaître quelqu'un dans sa personnalité; le résultat de cette action :
21. Plusieurs entretiens que j'eus en particulier avec Firmin Sancerre ne m'avancèrent guère dans la connaissance du personnage. Billy, Introïbo,1939, p. 9.
P. ext. Expérience des relations humaines :
22. Au total, après des années de vie libre, sous la légère tutelle de sa mère, elle se voyait désabusée, écœurée par la connaissance trop précoce d'un milieu dépravé, instruite de l'existence et de ses laides réalités, épouvantée devant la hideur du monde. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 199.
Rem. Ce sens est beaucoup mieux ressenti dans le verbe (cf. connaître III C).
Prononc. et Orth. : [kɔnεsɑ ̃:s]. Admis ds Ac. 1694-1932. Cf. connaître. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 conoisance « acte de connaître; idée, notion de quelque chose » (Roland, éd. J. Bédier, 3987); 2. ca 1265 cognoissance « faculté de connaître, intelligence » (B. Latini, Li livres dou tresor, éd. F.-J. Carmody, II, 68); 3. 1283 dr. connoissance « droit de juger certaines personnes, de connaître de certaines questions » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, t. 1, § 39); 4. a) 1491 congnoissance « expérience, habileté » (Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, Prologue, t. 1, p. 2); b) 1595 plur. « contenu de la connaissance, ensemble de ce que l'on sait » (Montaigne, Essais, 1. II, chap. XII, éd. Gallimard, p. 599); 5. av. 1650 « état de celui qui a le sentiment de son existence » (Vaugelas, Quinte-Curce, 1. III, chap. 5 ds Littré). B. 1. 1494 congnoissance « relation avec quelqu'un » (Arch. Nord, B 1708, fol. 52 vods IGLF) 2. 1554 « relation sexuelle » (Gruget, Diverses leçons, t. II, p. XXVIII ds Gdf. Compl.); 3. a) 1656 « personne que l'on connaît » (Pascal, Provinciales, 5 ds Littré); b) 1852 p. ext. pop. « galant, maîtresse » (J. Humbert, Nouv. Glossaire genevois, p. 110); 4. 1823 faire connaissance avec qqc. (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, p. 308). Dér. du rad. du part. prés. de connaître*; suff. -ance*. Fréq. abs. littér. : 11 910. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 18 797, b) 11 677; xxes. : a) 12 651, b) 16 494. Bbg. Lew. 1960, p. 57, 123, 126. − Sain. Lang. par. 1920, p. 121. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 110.