| CONGRU, UE, adj. A.− Vx et usité presque uniquement dans des syntagmes figés. Qui convient exactement. Phrase, réponse congrue : 1. En tout cas, je veux amener la chose à un diapason de style le plus congru possible. J'ai bien à faire. Mais franchement, c'était piètrement écrit.
Flaubert, Correspondance,1856, p. 203. − Spécialement 1. MATH. Triangles congrus. Qui peuvent coïncider. Nombres congrus. Dont la différence est divisible par un troisième. Synon. nombres congruents. 2. THÉOL. Grâce congrue. Grâce proportionnée à l'effet qu'elle doit produire et à la disposition de celui qui la reçoit. B.− En partic. (sous l'Ancien Régime). Portion congrue. Pension annuelle modeste, calculée au plus juste, payée par le titulaire d'un bénéfice* au prêtre qui remplissait sa charge. − P. ext. Quantité d'aliments, ressources à peine suffisantes pour subsister : 2. Aussi, dès le premier jour, la servante rationna-t-elle Pascal et Clotilde..., réduisant les plats à la portion congrue.
Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 228. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃gʀy]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1282 [ms. 1444] « qui convient » (H. de Gauchi, Gouvernement des Princes de Gilles Colonne, Ars. 5062, fo104 rods Gdf. Compl. : lieu congru); 1314 (H. de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, § 1437); spéc. a) av. 1615 portion congrue (Pasquier, Recherches, 365 ds IGLF); b) 1704 géom. (Trév.); c) av. 1715 théol. grâce congrue (Fénelon, III, 190 ds Littré); d) 1863 math. nombres congrus (Littré). Empr. au lat. class. congruus « conforme, convenable »; c grâce congrue d'apr. Saint Augustin, De divers. quaest. ad. Simpl., 1. I, q. II, n. 13 ds Théol. cath., s.v. congruisme, col. 1120 : « cujus autem miseretur [Deus], sic eum vocat, quomodo scit ei congruere ut vocantem non respuat »; a lat. médiév. portio congrua (ou congruens) 1215 ds Du Cange, s.v. congrua; d math. lat. sc. congruus 1801, K. F. Gauss, mathématicien all. ds NED, s.v. congruous. Fréq. abs. littér. : 23. DÉR. 1. Congruer, verbe intrans.,vx. Convenir. Ne pouvant les inviter à sa noce à cause de leur condition qui ne congruait plus à la sienne, elle [Isabelle] leur avait fait à tous des cadeaux offerts avec une grâce si charmante qu'elle en doublait la valeur (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 488).− 1resattest. xves. ms. (Chron. et hist. saintes et profanes, Ars 3515, fo128 rods Gdf.) − 1542, P. de Changy ds Hug.; à nouv. en 1857 (Flaubert, Madame Bovary, p. 155 [ici adj. verbal]); de congru, plutôt qu'empr. au lat. class. congruere « se rencontrer, être en accord ». − Fréq. abs. littér. : 4. 2. Congruité, subst. fém.,vx. ,,Convenance. Il se dit particulièrement, en Théologie, de l'efficacité de la grâce de Dieu qui agit sans détruire la liberté de l'homme`` (Ac. 1835-78). − [kɔ
̃gʀ
ɥite]. Ds Ac. 1798-1878. − 1resattest. a) 1330-32 « qualité de ce qui convient » (G. de Digulleville, Pèlerinage de vie humaine, 532 ds T.-L.) − 1656, Th. Corneille ds Littré; b) 1688 théol. (Bossuet, Hist. des variations des Églises protestantes, 8, ibid.); de congru, suff. -ité*. Cf. congruitas, gramm. « proposition où il y a accord complet » en b. lat. et « conformité, concordance » en lat. médiév. 3. Congrûment, adv.,vx. De façon congrue. Parler congrûment, écrire congrûment sur une question. Synon. convenablement, correctement, justement.Pour y répondre congrûment il faudrait se recueillir mieux que dans « le silence du cabinet » (Flaubert, Correspondance,1872, p. 15).− [kɔ
̃gʀymɑ
̃]. Écrit sans accent circonflexe ds Fér. 1768. Pour Littré cet accent est la trace d'un e disparu. E. Le Gal et J. Hanse d'apr. Dupré 1972, p. 505 souhaitent la disparition de cet accent. Ds Ac. 1694-1740 sous l'anc. forme congruement; ds Ac. 1762-1932 sous la forme moderne. − 1reattest. ca 1370 (N. Oresme, Ethiques, I, 15 ds Gdf. Compl.); de congru, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 23. BBG. − Bastin (J.). Adv. de manière. In : Nouv. glanures gramm. Riga, 1907, p. 29 (s.v. congrûment). − Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 284, 297 (s.v. congrûment). |