| CONFIRMER, verbe trans. A.− Littér. Rendre plus fort ou plus intense, plus ferme ou plus stable. Synon. affermir, fortifier, renforcer. 1. [Le compl. d'obj. est un inanimé abstr. désignant le plus souvent un phénomène intellectuel, moral ou social] Confirmer une victoire. Une foi qui avait été confirmée par la forte éducation du travail et de la pauvreté (Lacordaire, Éloge funèbre du général Drouot,1847, p. 44).Son regard [de M. Corot], fin et judicieux, comprend plutôt tout ce qui confirme l'harmonie que ce qui accuse le contraire (Baudelaire, Curiosités esthétiques,1867, p. 268): 1. Cette bourgeoisie tutélaire s'incarne dans ses penseurs. L'orgueil du clerc confirme et fortifie l'orgueil commun du bourgeois.
Nizan, Les Chiens de garde,1932, p. 96. − Emploi pronom. Nous avons vu naître et se confirmer chaque tendance instinctive (Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme,t. 2, 1808, p. 318). 2. [Suivi d'un compl. dir. désignant une pers. et d'un compl. précédé de dans, désignant un état, une attitude intellectuelle ou morale, un sentiment] Confirmer qqn dans une certitude, dans une croyance, une espérance, une impression. Un rapport qui pût me confirmer dans mon erreur (Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne, t. 3, 1795, p. 64).Pour que cette proximité de la capitale le confirmât dans sa solitude (Huysmans, À rebours,1884, p. 11): 2. MmeDunoyer, la patronne, connaît admirablement sa clientèle, et feint une indulgence excessive qui confirme chacun de ces messieurs dans la bonne opinion qu'il a de lui-même, de ses prudentes débauches, de son cynisme démodé.
Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, p. 945. 3. Spéc., THÉOL. Confirmer qqn.Lui administrer le sacrement de la confirmation (qui renforce le chrétien dans la grâce et la foi du baptême) : 3. Le problème de l'âge convenable pour la confirmation était inconnu de l'Antiquité, puisque ce sacrement était la plupart du temps administré en relation avec le baptême. On confirmait donc aussi bien des enfants mineurs que des adultes.
Fries, t. 1, 1965. − P. ext. et fam. [P. allus. au soufflet symbolique (de la force de résistance au mal) qui caractérise le rite de la confirmation] Confirmer qqn.Lui donner un ou plusieurs soufflets : 4. Si quelqu'un lève encore la langue, je le calotte, oui, vous m'entendez : je le calotte comme un gamin.
− Ho-ho! Calotter... fit quelqu'un du fond de la salle : le curé n'est pas encore évêque pour vouloir confirmer le monde!
Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 144. B.− Rendre une chose plus certaine ou plus assurée. 1. Présenter comme certaine une chose considérée jusque là comme quelque peu douteuse ou seulement possible ou probable, établir avec plus de certitude la réalité ou la vérité d'un fait, d'une nouvelle, la valeur d'une idée, d'une théorie, le bien-fondé d'un sentiment, par de nouveaux indices, de nouveaux arguments, de nouvelles preuves ou simplement de nouvelles assurances données par une personne autorisée. Confirmer une nouvelle. Confirmer pleinement. Confirmer que. Tu me confirmes des soupçons que je veux aller vérifier (Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 219).[Les] vérités de la religion confirmées par les découvertes de la science (A. France, L'Orme du mail,t. 2, 1897, p. 77).Dans quelle mesure il estimait que la guerre confirmait ou infirmait les principes qu'il m'avait alors exposés (Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 752): 5. Au reste, les faits de l'histoire de France, bien loin de servir d'appui à la doctrine que nous combattons, confirment l'existence d'un pacte primitif entre la nation et les rois, autant que la raison humaine en démontre la nécessité.
Mmede Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 2, 1817, p. 159. 6. Le mépris qu'elle [l'Allemagne] avait témoigné aux engagements de Genève nous apportait la preuve éclatante de son hypocrisie. Cet exemple confirmait nos répugnances et nous justifiait vis-à-vis de nous-mêmes.
Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 260. SYNT. Confirmer des bruits, des croyances; confirmer des appréhensions, des craintes, des doutes; confirmer un diagnostic; confirmer une hypothèse, une idée, une supposition, une théorie; confirmer un récit, des renseignements, un témoignage; confirmer l'exactitude d'une chose; l'exception confirme la règle; sembler, venir confirmer. − Emploi pronom. à valeur passive. Les bruits recueillis par Des Vallières se confirmaient (Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 262). − Tournure impers. Il se confirme que + ind. ou conditionnel. 2. Garantir la validité d'un acte public ou privé en donnant son approbation ou en renouvelant (souvent par écrit) une affirmation à ce sujet. Confirmer une commande, des ordres; confirmer une charge, un titre. Synon. sanctionner, ratifier.Il confirma et renouvela un traité de paix conclu avec la duchesse de Bourbon (Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1824, p. 360).Il leur confirma le privilège de se garder eux-mêmes (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 43).Lequel se ferait confirmer ses pouvoirs par la chambre antérieurement élue (De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 593): 7. Ces principes consacrés, en 1590, par un canon du concile de Toulouse et confirmés par deux décrets de la congrégation des rites, ne sont plus suivis.
Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 66. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃fiʀme], (je) confirme [kɔ
̃fiʀm̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) xes. confirmer (qqn) en veritad « donner à quelqu'un l'assurance qu'il est dans la vérité » (Passion, éd. d'A. S. Avalle, 442); b) mil. xiies. « affermir quelqu'un » (Psautier Cambridge, VII, 9 ds Gdf. : Serat confermet li justes [confirmabitur justus]); c) ca 1174 confermer « ratifier [ici : des lois] » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. Walberg, 1043), la graphie confermer jusque Cotgr. 1611; 2. ca 1174 liturg. (Id., ibid., 4938); 3. 1680 (Rich. : La nouvelle se confirme). Empr. au lat. class. confirmare (de firmus « ferme, stable ») « affermir; assurer, certifier, garantir », terme de liturg. en lat. chrét. (v. Archéol. chrét., s.v.). La forme confermer fréq. jusqu'au xvies., est remplacé ensuite par confirmer refait sur le latin. Fréq. abs. littér. : 1 469. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 565, b) 1 237; xxes. : a) 1 554, b) 2 458. DÉR. 1. Confirmateur, trice, adj. et subst.(Personne, chose) qui confirme. Le confirmateur d'une nouvelle (Lar. 19e-20e). Une négation confirmatrice (Claudel, Le Soulier de satin,1944, 3ejournée, 1, p. 771).− Seule transcr. ds Littré : kon-fir-ma-teur. Il n'indique pas le fém. [-tʀis]. − 1resattest. fin xves. (Ancienn. des Juifs, Ars 5083, fo204dds Gdf. Compl.) − début xviies. (St François de Sales ds Hug.), à nouveau dep. Lar. 19e; de confirmer, suff. -(at)eur2*; cf. lat. médiév. confirmator « celui qui confirme (une élection) » ca 1341 ds Latham. − Fréq. abs. littér. : 1. 2. Confirmatif, ive, adj.Qui confirme, apporte une confirmation. Arrêt confirmatif, expérience confirmative, statuts confirmatifs. Le donateur ne peut réparer par aucun acte confirmatif les vices d'une donation entre-vifs (Code civil,1804, p. 242).De belles observations anatomocliniques confirmatives de sa doctrine (Ce que la France a apporté à la méd. dep. le début du XXes.,1946, p. 254).− [kɔ
̃fiʀmatif], fém. [-i:v]. Ds Ac. 1694-1932. − 1reattest. 1473 ordonnance confirmative (texte cité ds Fagniez, Études sur l'industrie aux xiiieet xives., 334 d'apr. Delb. Notes); de confirmer, suff. -(at)if*; cf. lat. médiév. confirmativum [s.-ent. documentum] « diplôme confirmatoire » (1116 ds Nierm.). − Fréq. abs. littér. : 10. BBG. − Colón (G.). Un Cambio de perspectiva etimológica Rosicler y su mediato origen francés. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1971, t. 9, p. 217. − Gilliéron (J.). Les Conséquences d'une collision lex. et la latinisation des mots fr. Paris, 1921, t. 20, pp. 60-74. |