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CONDUIRE, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− [Le suj. désigne une pers.]
1. [Le compl. désigne un être animé; il peut être suivi d'une constr. prép. (chez, à, dans, en, vers)]
a) Emmener vers un lieu déterminé. Conduire un cheval à l'abattoir; conduire qqn en prison :
1. l'exempt. − Au nom du roi, messieurs, je vous arrête (...). dubouloy. − Où nous conduisez-vous? l'exempt. − À la Bastille! A. Dumas Père, Les Demoiselles de Saint-Cyr,1843, I, p. 119.
2. Monsieur Maurice! Mais il ne se pressait pas, conduisait à l'écurie les chevaux fumants, donnait surtout au sien un coup d'œil paternel. Zola, La Débâcle,1893, p. 68.
b) Mener, amener, entraîner. Conduire ses hommes au combat. Bon voyage, petite créature, que Dieu te conduise où tu veux aller! (E. de Guérin, Journal,1836, p. 116).
[Constr. passive] Être conduit à + inf.Je serais conduit à inférer que chaque objet est en lui-même un monde complet (E. Delacroix, Journal,1856, p. 227).
Expr., fig. Conduire qqn en bateau. Se jouer de quelqu'un avec de fausses promesses.
c) Accompagner quelqu'un pour lui rendre honneur, en signe de politesse ou pour lui prêter assistance. Conduire ses invités à la porte de la maison :
3. Béatrix chargea Isambard d'aller sur-le-champ chercher Olivier et les autres chevaliers françois, afin de les conduire au-devant du général de l'empereur. Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne,1795, t. 3, p. 192.
Expressions
Conduire une femme à l'autel. L'épouser. Je doute que son fils [de Tourterot] te conduise jamais à l'autel (E. Labiche, Deux papas très bien,1845, I, 10, p. 404).
Conduire le deuil (p. méton.). Marcher en tête du convoi funèbre. Monsieur de Lautréamont conduisit le deuil (J. Lorrain, Contes pour lire à la chandelle,La bonne Gudule, 1897, p. 79).
d) Transporter une personne d'un lieu dans un autre. Conduire un ami à la gare :
4. Le procureur doit se rendre, pour régler un différend, à Saint-Landry. Il vous conduira à la gare dans notre voiture. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 237.
e) Guider, diriger :
5. − Dieu nous conduit, mon enfant. Dieu nous conduit par la main. Nous sommes dans la main de Dieu... C. Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc,1910, p. 52.
P. méton. Conduire un orchestre :
6. Il se sentait si honteux si honteux de la niaiserie, du pathos prétentieux, de la fausseté criante des mots, des gestes, des attitudes, que par moments, tandis qu'il conduisait l'orchestre, il n'avait plus la force de lever son bâton : ... R. Rolland, Jean-Christophe,La Révolte, 1907, p. 487.
Emploi abs. Se laisser conduire. Se laisser conduire au spectacle. Accepter une invitation. Se laisser conduire comme un enfant. Faire preuve d'une grande docilité :
7. Il s'apaisa pourtant, et, d'un air stoïque, se laissa conduire vers le poste de la rue Descartes. Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1, 1869, p. 39.
Terme de manège. Conduire un cheval étroit ou large. Lui faire parcourir un cercle plus ou moins grand.
f) Lang. littér. Diriger la conduite, l'éducation de quelqu'un.
2. [Le compl. désigne une chose]
a) Diriger, manœuvrer un véhicule. Conduire un avion, une automobile :
8. Il fallait pour conduire avec moi la voiture qui devait les ramener, il fallait quelqu'un de sérieux qui ne nous versât pas dans un fossé et d'assez débonnaire aussi, car le grand-père Charpentier jurait facilement et la grand'mère était un peu bavarde. Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes,1913, p. 18.
Absol. Savoir conduire, permis de conduire. Donc, en voiture, mon cher confrère, en voiture. C'est moi qui vais conduire (Romains, Knock,1923, I, p. 7).
Fig. Conduire sa barque. Savoir mener ses affaires :
9. Avec cela que les femmes entendent quelque chose à la politique! va, ma pauvre vieille, si tu conduisais la barque, nous ferions vite naufrage. Zola, La Fortune des Rougon,1871, p. 232.
b) Assurer l'exécution, la direction d'une affaire :
10. Sur ces plaintes, le comte de Saint-Pol, fils du duc de Brabant et le neveu du duc Jean, fut nommé lieutenant du roi à Paris, et chargé de conduire toutes les affaires de la guerre... Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1821-24, p. 217.
11. Emma (...) savait conduire sa maison. Elle envoyait aux malades le compte des visites, dans des lettres bien tournées qui ne sentaient pas la facture. Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 46.
COMM. Conduire l'étoffe bois à bois. Mesurer l'étoffe sans l'étirer.
MATH. Conduire une ligne. La faire passer par différents points :
12. L'évêque d'Hippone (...) supposait en conséquence que, si du zénith au nadir de différents lieux on conduisait autant de lignes droites, ces lignes seraient parallèles entre elles; ... Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?1840, p. 137.
TECHNOL. Conduire la pierre. La mener sur des rouleaux jusqu'à la sortie de la carrière.
c) Veiller à l'évolution de. Conduire une futaie, une forêt. L'aménager. Conduire un arbre. Diriger par la taille son développement.
d) Domaine de l'esthétique.Développer l'intrigue d'une œuvre, la mener à bonne fin. Conduire l'action d'une comédie; conduire un tableau :
13. Il faut une force singulière pour pouvoir en même temps embrasser l'ensemble de l'ouvrage et le conduire avec l'abondance ou la sobriété nécessaires... E. Delacroix, Journal,1852, p. 393.
B.− [Le suj. désigne une chose]
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne un être animé]
a) Mener. Cette route nous conduit à la ville :
14. Quand par hasard le sentier nous conduisait à la porte de ces maisons enfoncées, comme des nids humains, dans ces vagues de verdure nous ne voyions, sur la physionomie de ses heureux et bons habitants, ni surprise, ni humeur, ni colère. Lamartine, Voyage en Orient,t. 2, 1835, p. 76.
15. Or, si l'on essaie de pousser jusqu'au bout, comme je le tente dans cet essai, la logique et la cohérence des faits, n'est-ce pas à la perspective exactement contraire que nous conduisent légitimement les notions d'espace-temps et d'évolution? ... Teilhard de Chardin, Le Phénomène humain,1955, p. 287.
b) Animer, pousser, inspirer la façon d'agir. La sagesse conduit le philosophe :
16. Trois mobiles principaux conduisent d'ordinaire les hommes au combat, l'amour de la patrie et de la liberté, l'amour de la gloire, et le fanatisme de la religion. Mmede Staël, De l'Allemagne,t. 1, 1810, p. 56.
[Constr. prép.] Conduire à + subst. ou + inf.La misère conduit l'homme au désespoir ou à voler. L'océan devrait conduire aux mêmes pensées (Alain, Propos,1924, p. 634):
17. Il est infiniment probable qu'une observation impartiale des sociétés de fourmis et d'abeilles nous conduirait à reviser bon nombre d'opinions touchant la perfection de leurs instincts sociaux. J. Rostand, La Vie et ses problèmes,1939, p. 98.
2. [Le compl. d'obj. direct désigne une chose] PHYS. Propager, faire passer. Corps qui conduisent la chaleur, l'électricité.
II.− Emploi pronom.
A.− À sens réfléchi
1. Vx. Se diriger.
2. Se comporter. Se conduire bien, mal; façon de se conduire :
18. C'était un complot, un piège qu'on lui avait tendu. Il se conduisait mal? Il se conduirait plus mal encore. Il brûlait de les insulter, lui cet hypocrite, elle, cette femme toujours décevante. Arland, L'Ordre,1929, p. 251.
Absol. Se comporter suivant les règles du savoir-vivre :
19. « Pas possible ce soir, mon chéri, je suis prise » et, paisiblement, habitué à la phrase sans doute, il avait disparu. Au moins en voilà un qui savait se conduire! ... Zola, Nana,1880, p. 1220.
B.− À sens passif. Se manœuvrer. Cet engin se conduit aisément.
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃dɥi:ʀ], (je) conduis [kɔ ̃dɥi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xes. conducent 3epers. plur. ind. prés. « (d'une personne) emmener, faire aller avec soi dans un lieu » (Passion de Clermont, éd. d'Arco Silvio Avalle, 244); ca 1100 « accompagner » (Roland, éd. J. Bédier, 685); en partic. a) 1172-75 « pour mettre en sûreté » (Chr. de Troyes, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 4135); b) 1828 conduire le deuil (Delècluze, Journal, p. 49); c) 1829 conduire à l'église « épouser quelqu'un » (Béranger, Chansons, t. 1, p. 35); 2. ca 1100 « pousser quelqu'un à certains actes » (Roland, éd. J. Bédier, 46); ca 1175 « (le suj. désigne une chose) mener » par amors conduit (Chr. de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 2760); 3. « faire agir, mener en étant à la tête » a) 1372 jur. conduire le cas « poursuivre en justice » (Ord. V, 520 ds Gdf.); 1479 conduire un procès (ds Bartzsch, p. 66); b) 1474 « administrer » (Ordonnances des rois de France, XVIII, 11, 20, ibid., p. 32); c) 1845 conduire un chœur (Leconte de Lisle, Poèmes antiques, Hélène, p. 52); 4. a) 1690 « assurer la direction d'un véhicule » conduire un attelage (Fur.); 1846 absol. conduire (A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 2, p. 82); d'où fig. 1836 (Stendhal, Lucien Leuwen, t. 3, p. 57 : J'ai mal conduit toute ma vie, répéta-t-il plusieurs fois; je suis dans un bourbier); b) 1677 « conduire un récit, narrer » (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 5, p. 206); 1690 (Fur. : Ce Poëte a bien conduit l'intrigue de sa comédie); 5. 1851 phys. (Nerval, Voyage en Orient, t. 3, p. 186 : la fonte est poreuse et conduit moins bien la chaleur que ne le ferait l'acier); 6. mil. xiiies. pronom. « agir de telle façon » (Huon Le Roi, Descrissions des religions, éd. A. Långfors, 146). Du lat. class. conducere proprement « mener ensemble » qui dep. le lat. vulg. assuma les sens du mot simple ducere; lat. médiév. [uxorem] conducere « prendre pour femme » ca 1194 ds Latham. Fréq. abs. littér. Conduire : 10 036. Conduisant : 348. Fréq. rel. littér. Conduire : xixes. : a) 19 146, b) 15 114; xxes. : a) 11 188, b) 11 512. Conduisant : xixes. : a) 533, b) 666; xxes. : a) 537 b) 344. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 131, 133, 146, 194.