| CONCOURIR, verbe trans. indir. et intrans. A.− [Concourir implique la notion de rencontre] Concourir avec 1. Se rassembler en un même lieu. Le tiers doit s'assembler à part : il ne concourra point avec la noblesse et le clergé, il ne restera avec eux ni par ordre ni par têtes (Sieyès, Qu'est-ce que le Tiers état?1789, p. 79). 2. Coïncider avec; se produire dans le même moment : 1. Le comte Vitzthum a insisté avec raison sur l'importance du maréchal de Saxe à la Cour de France, à l'heure où ses victoires concouraient ainsi avec le mariage royal de sa nièce...
Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 11, 1863-69, p. 77. − Spéc., MATH. Concourir en.Converger en un même point. Deux droites concourent en un même point. Rem. L'idée de convergence est soulignée par l'adj. indéf. même (cf. également ex. 3 dans c 1). B.− [À la notion de rencontre s'ajoute celle de compétition] Constr. intrans. − [En parlant de pers.] Participer à un concours (agricole, athlétique, universitaire, artistique, etc.) : 2. Un jour qu'elle concourait en finale dans un championnat de saut en hauteur, la barre étant à 1. m 32, par deux fois elle avait failli.
Montherlant, Le Songe,1922, p. 180. − P. ext. [Les œuvres des personnes sont admises à concourir] Tableaux admis à concourir. C.− [Concourir implique les notions de participation et de contribution à un acte ou à une action] Concourir à 1. Concourir à + subst. ou + inf.Concourir à la réussite d'une entreprise; concourir à rendre la vie plus facile. Tendre, chercher à atteindre un résultat précis : 3. Chez l'un et chez l'autre [Euripide et Voltaire], les divers éléments de l'œuvre ne concourent plus à un même effet.
Taine, Philos. de l'art.,t. 2, 1865, p. 328. 4. Tout concourt à tracer de lui un portrait en pied, non seulement de l'homme qu'il est (...) mais de l'homme qu'il croit être, et qu'il s'efforce d'être, et qu'il voudrait qu'on pense qu'il a été.
R. Martin du Gard, Notes sur André Gide,1951, p. 1413. 2. Concourir à + subst. uniquement.Les alliés ont concouru à la victoire. Apporter son concours; participer, contribuer à. Le propre de l'héroïsme est de se détourner des pensées qui ne concourent pas aussitôt à l'action (Alain, Système des beaux-arts,1920, p. 129): 5. Au moment même où, en Tunisie, en Algérie, au Maroc, se dissipaient les dernières équivoques, les Antilles françaises se ralliaient, d'un grand élan. Elles le faisaient d'elle-mêmes sans que les alliés y eussent directement concouru.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 128. 3. DR. Concourir avec + subst.Faire valoir ses droits à égalité de chances avec autrui : 6. Elle est admise dans tous les cas, soit que les enfans du défunt concourent avec les descendans d'un enfant prédécédé, soit que tous les enfans du défunt étant morts avant lui, les descendans desdits enfans se trouvent entre eux en degrés égaux ou inégaux.
Code civil,1804, art. 740, p. 135. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃kuʀi:ʀ], (je) concours [kɔ
̃ku:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Comme courir, n'a qu'un r sauf au fut. et au cond. : je courrai(s), nous courrons. Étymol. et Hist. 1. 1530 « se présenter en même temps au même endroit » (Seyssel, trad. de Diodore, II, 41 − 72 ro− ds Hug.); d'où dans la lang. class. 1681 « coïncider dans le temps » (Boss. Hist. i, 10 ds DG); exemple répertorié dans la lexicogr. du xixes.; 2. a) 1558 « avoir des droits égaux qui permettent de prétendre à quelque chose » (Coutumes de Courtray, rubrique 16, art. 23 ds Nouv. coutumier général, éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, 1724, t. 1, p. 1044); 1690 (Fur.); b) 1751 (Volt. Louis XIV ds Littré); 3. 1636 « tendre à un même effet; contribuer à un résultat commun » (Monet); 1753 part. prés. adjectivé (Encyclop. t. 3); 4. 1753 geom. (ibid.). Empr. au lat. class. concurrere « courir pour se rassembler en un point », « se joindre », « coïncider », en lat. impérial comme terme de dr. « briguer, revendiquer la même chose » puis en lat. chrét. « être d'accord, du même avis », avec influence de courir*. Le m. fr. a connu les formes successives concurre « se rencontrer » (1335 ds Gdf.), puis concurrer « s'accorder » (xvies. ds Hug.), v. FEW t. 2, p. 1015. Fréq. abs. littér. : 787. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 166, b) 856; xxes. : a) 586, b) 684. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. rem. 1834, p. 22. |