| * Dans l'article "CONCEPTION,, subst. fém." CONCEPTION, subst. fém. I.− PHYSIOL. [En parlant d'une femme ou p. ext. d'une femelle d'animal vivipare] . Action de former un enfant, un petit en soi (cf. concevoir I). Dans l'homme les ongles se manifestent dès le troisième mois de la conception (Cuvier, Leçons d'anat. comp., t. 2, 1805, p. 616). ... (elle s'accuse d'infanticide toutes les fois qu'elle a des rapports avec son mari non suivis de conception)... (P. Janet, Les Obsessions et la psychasthénie,1903, p. 20): 1. Depuis le moment de la conception jusqu'à celui de l'accouchement, il [l'utérus] devient en outre le but, ou le centre de toutes les sympathies. C'est le point de réunion des impressions diverses les plus vives...
Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 1, 1808, p. 299. − Fait pour un enfant d'être conçu. Quoi qu'il en soit, Bonaparte ne gagnerait rien à cette transposition de vie : si vous fixez sa nativité au 15 août 1769, force est de reporter sa conception vers le 15 novembre 1768 (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 299).Le soir, entre 7 h et 8 h, émue de la future tempête (qui vint le 7), pensant à l'anniversaire de la conception de notre enfant (Michelet, Journal,1858, p. 427). − Spéc., RELIG. CATH. (Dogme de) l'Immaculée Conception de la Vierge, abs. l'Immaculée Conception. Fait pour la Vierge Marie d'avoir été exempte du péché originel dès sa conception. Par exemple, sont matières de dévotion et non de foi, la conception de la très sainte Vierge, les indulgences, les reliques (A. France, Vie de Jeanne d'Arc,1908, p. 381).Deux dogmes qui, à coup sûr, ne peuvent s'autoriser du consentement unanime des pères : l'immaculée conception et l'infaillibilité du souverain pontife (M. Boegner, Foi et vie,1936, p. 110).P. méton. et p. ell. La fête de l'Immaculée Conception. Le Palinod de Caen se nommait le Puy de la Conception, parce qu'il se tenait le huit décembre. Toutes les poésies devaient y être dites en l'honneur de la Vierge (L. Grillet, Les Ancêtres du violon,t. 1, 1901, p. 61). II.− Au fig., vocab. intellectuel et littér. A.− 1. Action de concevoir (cf. concevoir* II A et B). Un projet est au stade de la conception. Une conception nette de l'espace dans ses trois dimensions (Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 160).Reid entend par conception ce que les logiciens entendent ordinairement par simple appréhension (Cousin, Philos. écossaise,1857, p. 356).À l'heure actuelle, les tests de caractère sont basés les uns sur une conception analytique, les autres sur une conception globaliste de la personnalité (J. Delay, Ét. de psych. méd.,1953, p. 124): 2. On atteint une conception plus claire encore du Parthénon, si l'on examine les autres textes trop rares qui nous sont parvenus d'Anaxagore.
Barrès, Le Voyage de Sparte,1906, p. 73. 2. P. méton. Résultat de cette action. a) Représentation globale. Une conception du monde. Alors, que, selon la belle conception de Laplace, elle [notre planète] venait de se détacher de la nébuleuse solaire (A. de Lapparent, Abr. de géol.,1886, p. 91).Le problème relève d'une conception d'ensemble de la politique foncière et du logement (G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France,1967, p. 231): 3. ... si, comme je pense, ce point n'existe pas dans le réel, s'il n'est qu'une pure conception de l'esprit, si, pour mieux parler, il s'agit d'un lieu géométrique, nous le décrirons en entier, et nous serons ainsi fidèles à notre rendez-vous.
Romains, Les Copains,1913, p. 155. b) Usuel. [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers. ou p. ext. une époque, une civilisation] Idée ou représentation particulière d'un objet. Avoir, se faire une (certaine) conception (originale, particulière, personnelle de qqc.). Synon. idée, (point de) vue, théorie. − Dans le domaine littér. et philos.Je lui racontais mes expériences, les rencontres qui m'avaient marqué, mes premiers emballements littéraires, ma conception du roman, mes projets, etc. (R. Martin du Gard, Souvenirs autobiographiques et littéraires,1955, p. LXX).Une conception criticiste de la conscience comme unité du sujet et de l'objet (Marcel, Journal métaphysique,1922, p. 282).Les conceptions classiques de la perception s'accordent pour nier que la profondeur soit visible (Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 294). − Dans le domaine artistique.La plastique sortant du grand foyer anonyme du moyen-âge devait s'orienter naturellement vers une conception scientifique de sa mission (É. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 150). − Dans le domaine moral et relig.Des conceptions élevées, de basses, nobles conceptions. Il nourrissait une conception de la vie très pondérée, très nuancée, où les illusions avaient peu de place, et qui lui permettait d'accueillir sans surprise beaucoup d'événements (Romains, Les Hommes de bonne volonté,1938, p. 121).La conception chrétienne de l'homme pécheur et racheté (Maritain, Humanisme intégral,1936, p. 35). − Dans le domaine jur. pol., souvent au plur.Des conceptions juridiques, politiques, sociales. Mais Français et patriote, et se faisant de la paix une conception napoléonienne, il entendait que l'union des nations fût l'œuvre exclusive de la France (A. France, La Vie en fleur,1922, p. 514). SYNT. Fonder, modifier, orienter sa conception de qqc. (sur); s'appuyer sur une conception; se rattacher à la, rejeter une conception (de); les partisans, les tenants d'une conception; une conception dépassée, élargie, étroite, fausse, incomplète, périmée, restrictive de qqc.; une conception actuelle, classique, moderne, révolutionnaire, traditionnelle; une conception est critiquable ou défendable; au plur. diverses conceptions s'affrontent, réviser ses conceptions; confronter ses conceptions avec celles de qqn. B.− P. méton. Faculté de concevoir (cf. concevoir II A et B). Clarté, faiblesse de conception (cf. intellect, intelligence, perception). Jamais les facultés d'expression n'ont pu dominer directement les facultés de conception (Comte, Cours de philos. positive,t. 2, 1839-42, p. 111).On croit prévoir la douleur : une fois de plus il [M. Baslèvre] découvrait que sa limite excède la conception humaine (Estaunié, L'Ascension de M. Baslèvre,1919, p. 233): 4. ... grande capacité d'improvisation en public, de séduction oratoire, de présence d'esprit, de rapidité de conception et de compréhension, de précision dans la parole.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 249. C.− Action de concevoir (cf. concevoir* II C). Souvent associé à exécution, réalisation. Leur vie [aux symphonies] depuis la première conception dans l'esprit du compositeur jusqu'à l'instant où elles sont révélées au monde musical (J.-G. Prod'homme, Les Symphonies de Beethoven,1921, p. XI).Les tâches de conception autant que d'exécution sont de moins en moins l'œuvre d'individus isolés (L. Cros, L'Explosion scolaire,1961, p. 135): 5. L'écrivain a, naturellement, des joies pour lesquelles il vit et qui suffisent à le combler. Mais, pour moi, je les rencontre au moment de la conception, à la seconde où le sujet se révèle, où l'articulation de l'œuvre se dessine devant la sensibilité soudain clairvoyante.
Camus, L'Envers et l'Endroit,1937, p. 22. Rem. 1. La similitude entre la création physique (cf. supra I) et la création intellectuelle est plus partic. sensible dans les compar. suiv. La pensée elle-même est distincte de son expression, et la précède; c'est la conception qui précède la naissance (Bonald, Législ. primitive, t. 1, 1802, p. 244). Je vais m'enfoncer dans les abîmes du travail, de la conception qui a cet avantage de vous faire oublier, par ses douleurs, d'autres douleurs (Balzac, Lettres à l'Étrangère, t. 2, 1850, p. 34). La conception spirituelle ou intellectuelle, la création de nouvelles valeurs sociales suivent les mêmes règles que la conception biologique, s'élaborent sur le même modèle (M. Choisy, Qu'est-ce que la psychanal.?, 1950, p. 37). Cf. rem. analogue sous concevoir. 2. Dans le syntagme unité de conception, conception peut s'entendre comme appréhension par l'intelligence ou création intellectuelle. Elle [la dernière tentative, celle de Lavisse] n'en a pas moins produit un ouvrage sans unité de conception, partant sans vie (L. Febvre, Combats pour l'hist., Entre Benda et Seignobos, 1933, p. 80). Elles sont vraies les règles de l'art classique qui veut l'unité de conception et d'exécution dans l'œuvre d'art (F.-Ch. Barlet, J. Lejay, L'Art de demain, 1897, p. 87). − P. méton. Le résultat de cette action. Le Jugement dernier de la chapelle Sixtine est l'œuvre capitale de Michel-Ange, et peut-être la plus prodigieuse conception de l'art moderne (R. Ménard, Hist. des beaux-arts,1882, p. 75).Au-dessous des génies, (...) d'autres artistes de moindre envergure reprennent et vulgarisent les conceptions des maîtres (A. Rodin, L'Art,1911, p. 306). Rem. Même rem. supra II C rem. 1. Les théories et les hypothèses sont des conceptions qui sont enfantées par notre esprit (C. Bernard, Principes de méd. exp., 1878, p. 222). Cinquante ans après que Descartes avait mis au jour sa « Géométrie », une autre grande conception..., le « Calcul infinitésimal » de Leibnitz et de Newton, prit naissance (M. Chasles, Aperçu hist. sur l'orig. et le développement des méthodes en géom., 1837, p. 142). Cf. également Balzac, Les Paysans, 1844, p. 113; Lamartine, Les Confidences, Graziella, 1849, p. 317; E. Delacroix, Journal, 1854, p. 34. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃sεpsjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. 1140-50 conception (en parlant de la Vierge) (Wace, Conception, éd. Ashford, 10); xiiies. [ms.] la conception nostre dame (ibid., titre, leçon mss CRM); 1680 (Rich. : Conception. Une des Fêtes que l'Eglise célèbre en mémoire de la conception de la Vierge [L'Immaculée conception de la Mère du Sauveur, Arnauld d'Andilly]). II. 1. 1315 « faculté de comprendre » (A.N. JJ 52, fo113 rods Gdf. Compl.); 2. 1549 « création de l'esprit » (Est.). Empr. au lat. class. conceptio « action de contenir, de renfermer » d'où « conception » puis « idée, pensée » en lat. chrétien. Fréq. abs. littér. : 3 040. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 466, b) 3 048; xxes. : a) 6 417, b) 5 330. DÉR. Conceptionnel, elle, adj.a) Couramment, lang abstr. et culturelle. Qui concerne les concepts et p. ext. les productions de l'esprit ou conceptions. Une déficience des autres qualités de l'intelligence : activité conceptionnelle trouble, jugement insuffisant, instruction superficielle et lacunaire (Mounier, Traité du caractère,1946, p. 434).b) Physiol. Qui concerne la conception. Anton. anticonceptionnel ou plus couramment contraceptif.L'œuf, puis l'embryon, le fœtus frappés de syphilis héréditaire germinative par hérédité paternelle, pourraient infecter à leur tour (...) l'organisme maternel (...) produisant ce que l'on a appelé la syphilis conceptionnelle (Nicolas dsNouv. Traité Méd.,fasc. 4, 1925, p. 610).L'hérédité parasitaire conceptionnelle de la tuberculose (Ce que la France a apporté à la méd. dep. le début du XXes.,1946, p. 93).− Seule transcr. ds Littré : kon-sè-psio-nèl, fém. -nè-l'. − 1reattest. 1877 « relatif aux idées » (Littré Suppl.), de conception, suff. -el* (cf. lat. conceptionalis « relatif à la conception »). − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Hagnauer (R.). L'Expr. écrite et orale. Paris, 1972, p. 261. − Martzloff (C.). La Déf. des traitements. Informat. et gestion. 1970, no20, p. 66. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 72. |