| COMPLÈTEMENT1, adv. A.− D'une manière complète. Complètement abandonné; résoudre complètement un problème; disparaître complètement; changer complètement. Synon. entièrement, totalement; anton. en partie, incomplètement.Quelques-uns sont étendus à terre enveloppés complètement, la tête, tout le corps et les pieds, dans leur cotonnade bleue (Barrès, Mes cahiers,t. 6, 1907-08, p. 164).Il ne comprit pas complètement la plaisanterie, mais tout de même à moitié, car il était instruit (Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 467): 1. On peut donc dire que si l'être même des choses consiste à ressembler à Dieu, tout ce qui leur permettra de réaliser plus complètement leur être leur permettra de réaliser plus complètement leur ressemblance à Dieu...
Gilson, L'Esprit de la philos. médiév.,t. 1, 1931, p. 148. B.− Au fig. [Marque un superl. renforcé] Ignorer complètement; complètement satisfait; complètement faux; complètement fou, idiot, ivre. Synon. totalement, tout à fait, absolument, parfaitement, pleinement.Elle était complètement vannée (Céline, Mort à crédit,1936, p. 240).Pierre Lafeuille se sentait, dans la même minute, tout à fait lucide et complètement idiot (Romains, Les Hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 13): 2. panisse. − Mais, César, dans le fond, que tu attendes quelqu'un, ou que tu n'attendes personne, j'ai l'honneur de vous informer que je m'en fous complètement.
Pagnol, Fanny,1932, I, 1ertabl., 9, p. 29. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃plεtmɑ
̃]. Ac. 1762-1835 : complétement. Mais Ac. 1878-1932 : complètement. Pour la graph. avec é accent aigu cf. aussi Nod. 1844, Besch. 1845, Lar. 19eet Littré qui fait néanmoins la rem. suiv. : ,,Les autres adverbes dérivés d'adj. en -et prennent un accent grave, discrètement, secrètement, etc., complétement est le seul qui prenne un accent aigu. Pourquoi cette anomalie qui crée une difficulté inutile?``. On rencontre cette graph. encore ds Cuvier, Leçons d'anat. comp., t. 2, 1805, p. 552. Ds Gattel 1841, Lar. 19eSuppl. 1890-20e, DG et Rob. : l'orth. avec é accent aigu est réservée au subst. masc. Guérin 1892, Lar. encyclop. et Lar. Lang. fr. ainsi que Quillet 1965 écrivent dans tous les cas è accent grave. Noter cependant déjà ds Fér. Crit. t. 1 1787 : ,,devant l'e muet, l'e est moyen et non pas fermé, il faut donc le marquer d'un accent grave``. Ce dernier condamne la graph. complettement, empl. par quelques-uns. Il s'agit d'une autre manière de faire comprendre que l'e n'est pas fermé à la 3esyllabe. Étymol. et Hist. 2emoitié xiiies. (Lég. G. de Roussillon, 157 ds T.-L.), rare av. le xviiies., répertorié dans la lexicogr. dep. Trév. 1732 qui mentionne un ex. de La Fontaine mais le considère comme inusité, pouvant s'employer ,,en style badin, ou burlesque et comique``. Malgré le léger hiatus chronol., dér. de complet1*; suff. -ment2*. |