| COMMUNISTE, adj. et subst. I.− Adjectif A.− Vieilli 1. Qui se rapporte à un système communautaire : 1. Quelque humble que puisse sembler l'apparition de l'insecte, il est d'abord indépendant de l'existence immobile, expectante, de tous ces peuples inférieurs. Il naît dégagé de ce fatalisme communiste où chacun fut asservi, perdu dans la vie de tous. Il est par lui-même...
Michelet, L'Insecte,1857, p. 41. 2. [En parlant d'une théorie ou d'un gouvernement] Qui prône ou réalise la mise en commun des biens : 2. Quand même Jésus n'aurait prononcé aucun des axiomes communistes qu'on lit dans le troisième Évangile, il est certain que le renoncement aux biens de ce monde (...) était parfaitement conforme à l'esprit de sa prédication.
Renan, Hist. des orig. du Christianisme,Les Apôtres, 1866, pp. 77-78. − Auj., rare. Communautaire : 3. Il lui [au nouveau venu] est aussi loisible d'entrer, comme associé, dans une de ces colonies qui se sont fondées là-bas, les unes sous la forme communiste, dans l'indivision complète, les autres en coopératives, les autres sous un régime mixte...
J. et J. Tharaud, L'An prochain à Jérusalem!1924, p. 158. B.− 1. Qui se rapporte à une réorganisation de la société basée sur le système de la propriété collective. Synon. socialiste, collectiviste : 4. Il faut substituer à la domination désordonnée et abusive d'une minorité la coopération universelle des citoyens associés à la propriété commune des moyens de travail et de liberté. C'est le seul moyen d'affranchir les personnes humaines. Et voilà pourquoi l'objet essentiel du socialisme, collectiviste ou communiste, est de transformer la propriété capitaliste en propriété sociale.
Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. 130. − Spéc. Qui se rapporte au communisme selon la conception de Marx : 5. Marx distingue deux périodes, celle de la dictature du prolétariat où sera appliquée la formule : À chacun selon ses œuvres, et la période véritablement communiste, où règnera l'abondance et où prévaudra la formule : À chacun selon ses besoins. Mais avant d'en arriver à celle-ci l'édification du socialisme demandera un immense effort.
J. Lacroix, Marxisme, existentialisme, personnalisme,1949, p. 34. 2. Qui préconise une réorganisation de la société selon la doctrine du communisme. Un parti communiste; le Manifeste du parti communiste (de Marx et Engels, 1847), p. ell. le Manifeste Communiste (cf. J. Lacroix, op. cit., p. 10); le parti communiste français : 6. − Moi, dit-il, j'ai envoyé ma démission au Parti Communiste.
Jusqu'alors, il avait toujours dit : le Parti, tout court.
Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 280. C.− Qui se rapporte au système réalisé dans certains pays depuis la révolution russe de 1917; qui est propre aux partis communistes ou à un parti communiste. Le monde, la propagande communiste; une permanence communiste : 7. ... nous étions sûrs que si De Gaulle s'effaçait ou, pire encore, s'il se compromettait, c'était l'idéologie communiste qui l'emporterait dans les masses dégoûtées.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 50. − Péj. L'avènement d'un régime totalitaire, dictatorial ou communiste, aurait pour résultat l'annihilation légale de toute formation politique indépendante (Maritain, Humanisme intégral,1936, p. 293). II.− Adj. et subst. masc. [En parlant d'une pers.] A.− Vieilli 1. DR. ,,Personne qui est dans l'indivision`` (Cap. 1936). 2. (Celui qui est) partisan de la propriété commune et du partage des biens; membre d'une communauté prônant et/ou pratiquant un tel partage : 8. La communauté systématique, négation réfléchie de la propriété, est conçue sous l'influence directe du préjugé de propriété; et c'est la propriété qui se retrouve au fond de toutes les théories des communistes.
Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?1840, p. 326. 9. L'instituteur de Fonteneilles répétait : « Ce Cloquet doit avoir eu des ancêtres parmi les communistes du Nivernais. » Et il voulait parler de ces communautés paysannes, consacrées par l'ancien droit coutumier, et qui groupaient, au xviesiècle, les familles de laboureurs et de bûcherons, travaillant sous un chef et héritant entre elles.
R. Bazin, Le Blé qui lève,1907, p. 77. − Péj. (terme de polémique). Partageux. Par peur des communistes, des partageux (A. Arnoux, Zulma l'infidèle,1960, p. 20). 3. (Celui qui est) partisan de l'égalité absolue : 10. ... dans l'âme de l'homme pour qui les trésors des nations allaient s'épuiser, on surprenait des mouvements de haine que les communistes et les prolétaires manifestent à cette heure contre les riches.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 320. B.− (Celui qui est) partisan du communisme ou d'une des formes du communisme, (celui qui est) favorable aux idées des partis communistes. (Militant) communiste; les communistes orthodoxes (cf. J.-R. Bloch, Destin du Siècle, 1931, p. 163); un communiste pro-chinois. Il est communiste et assure qu'on n'arrivera à rien en fait d'assistance sans une révolution sociale (A. France, La Vie en fleur,1922, p. 306).Je suis communiste depuis le congrès de Tours (Nizan, La Conspiration,1938, p. 172): 11. ... tout récemment la police allemande a arrêté à Lyon un de nos camarades; (...) il était catalogué comme communiste; il a été enfermé à Fort-Montluc...
Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 26. − Péj. (terme de polémique). Partisan de la violence, de la destruction de l'ordre établi. − Eh! bien, moi je vais te dire, ton michet, c'est un dangereux, un terrible, un communiste... − Pas possible, lui si comme-il-faut... (Vailland, Drôle de jeu,1945p. 42). Prononc. et Orth. : [kɔmynist]. Ds Ac. 1878-1932. Étymol. et Hist. 1840 (Proudhon, supra ex. 8.) Dér. de commun*; suff. -iste*; déjà attesté une fois en 1769 au sens de « personnes qui possèdent en commun un droit » (Mirabeau ds Brunot t. 6, p. 281). Fréq. abs. littér. : 1 021. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 89, b) 150; xxes. : a) 508, b) 3 879. Bbg. Darm. 1877, p. 109. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 41. |