| COMMANDER, verbe trans. I.− [Le suj. désigne une pers. ou une chose ayant un pouvoir d'autorité ou d'influence] A.− Emploi trans. indir., vieilli. 1. Commander à qqn.[Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Avoir l'autorité supérieure sur quelqu'un; imposer son autorité à quelqu'un. Murat. − Oubliez-vous que, si vous commandez à l'infanterie, je vous commande, à vous? L'empereur vous a mis sous mes ordres (A. Dumas Père, Napoléon Bonaparte,1831, III, 4, p. 65).Il a fait tout ce qu'il a voulu dans la maison. Il commandait à tout le monde, au patron, à la patronne, comme s'il avait été un roi (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, L'Armoire, 1884, p. 570): 1. Après avoir créé la plupart et les plus poignantes de nos douleurs, le pouvoir a prétendu commander à l'homme jusque dans ses consolations. La religion dogmatique, puissance hostile et persécutrice, a voulu soumettre à son joug l'imagination dans ses conjectures, et le cœur dans ses besoins.
Constant, Principes de pol.,1815, p. 133. Rem. Parfois commander à qqn tend à être synon. de commander qqn. 2. Au fig. Commander à qqc. a) [Le suj. désigne une pers.] − [Le compl. d'obj. indir. désigne une partie du corps] Commander à (une partie de son corps). Agir sur (une partie de son corps), par l'intermédiaire de l'organe de direction que constituent le cerveau et les centres nerveux, pour en mouvoir les muscles. Mais Léontine ne pouvait commander à ses jambes; elles se dérobaient (F. Carco, L'Homme traqué,1922, p. 85).Je ne commande plus à mes mains. Il [Pitteaux] commandait encore à son visage, il fit sa moue, sa terrible moue (Sartre, Le Sursis,1945, p. 116). − [Le compl. d'obj. indir. désigne un élément, une manifestation de la vie affective, le plus souvent, ou intellectuelle] Commander à (un sentiment, une réaction, une idée, etc.). Imposer la modération à un sentiment, à une réaction; les maîtriser. Commandez à votre émotion... Que votre visage reste impassible (A. Dumas Père, Le Chevalier de Maison-Rouge,1847, V, 2, p. 157).[Pouchkine] sait commander à son imagination, il se contient et se corrige (Mérimée, Études de litt. russe, t. 1, 1870, p. 14).[Claude] était de ceux qui commandent aux plus violents mouvements du cœur, à la colère, au désir, ou à l'impitoyable amour (Green, L'Autre sommeil,1931, p. 178). b) [Le suj. désigne une chose] Agir sur quelque chose; déterminer, régir quelque chose. Ces nécessités qui commandent aux événements (Gozlan, Le Notaire de Chantilly,1836, p. 60).La permanence des deux ou trois facultés maîtresses qui commandent à ces fantaisies (P. Bourget, Essais de psychol. contemp.,1883, p. 30). − Spéc., ART MILIT., vieilli. [Le suj. désigne une place forte] Commander à (un lieu). Le dominer et en contrôler l'accès. ♦ P. ext. [Le suj. désigne une chose] Dominer (un lieu). Tel qu'un vaste rocher qui commande à la plaine, Du milieu des guerriers s'élève Caïrbar; ... (Baour-Lormian, Ossian,Darthula, 1827, p. 23). B.− Emploi trans. dir., usuel. [Le suj. désigne une pers. ou un de ses attributs] 1. Commander qqn.Dicter la conduite de quelqu'un, diriger son activité en vertu de l'autorité que l'on détient ou que l'on s'arroge. − Prendre sur certains êtres le droit d'en être obéi, c'est donner à d'autres celui de vous commander (Hugo, Han d'Islande,1823, p. 49).De quel droit M. Ravier veut-il me commander? Je ne suis pas son employée (Montherlant, Celles qu'on prend dans ses bras,1950, II, 4, p. 798): 2. Aujourd'hui, il n'y a que des gens médiocres qui ont à commander des gens à peu près de leur force. Aussi voyez comme on commande et comme on obéit.
Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,t. 1, 1870, p. 262. − Emploi abs. Exercer une autorité; donner des ordres; se faire obéir. Une grosse femme, prudente et lourde, dont on dit : « Elle sait commander » (R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 194).Ceux qui commandent ou administrent sont responsables. Ils doivent être obéis (De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 407). ♦ Commander en maître*, en premier*, en second*. Les chefs Francs, hier encore ses captifs, commandaient en maîtres dans son propre château (Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 124). − Commander qqn à la baguette. Le commander avec dureté, rigueur. Incapable, un homme (...) qui commandait les siens à la baguette! (Queffélec, Un Recteur de l'île de Sein,1944, p. 227). − Spéc., rare. [Le compl. d'obj. désigne un État] Gouverner : 3. Les Girondins avaient enfin découvert que la Commune était le véritable gouvernement de la Révolution et ils n'admettaient pas que ce pouvoir usurpé commandât toute la France.
Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 78. a) Par politesse ♦ Sans vous commander. Sans vouloir vous donner un ordre. Si seulement nous avions une tête de chou (...). Mon oncle, sans vous commander, passez au jardin, rapportez-m'en quelqu'un (Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 242). ♦ Vous n'avez qu'à me commander. Vous n'avez qu'à parler, qu'à demander. b) Spéc., ARM. [Le compl. d'obj. désigne un soldat ou un groupe de soldats] Avoir sous ses ordres, sous son commandement*. Commander une armée, un régiment, une compagnie, une section; commander la cavalerie, l'infanterie. Ils ne sortaient qu'ayant réellement gagné leur grade d'officier, et capables de commander et de faire aller des soldats (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 738).Commander en chef* (un ensemble de soldats) : 4. ... situation bizarre du général Sarrail qui, tout en commandant en chef les forces alliées, commandait directement les divisions françaises qui faisaient partie de cette armée.
Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 324. ♦ Emploi abs. Si le général Sarrail « savait ordonner, il ne savait ni prévoir, ni instruire », c'est-à-dire commander (Joffre, Mémoires,t. 2, 1931p. 333): 5. ... commander, messieurs les généraux, ne veut pas dire simplement qu'on est capable de donner un ordre. Cela suppose aussi qu'on est capable d'en comprendre la raison, et de se rendre compte, à la fois, et des faits qui le motivent et des conséquences qu'il doit avoir.
Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 142. 2. P. anal. a) [Le suj. désigne le cerveau, les centres nerveux en tant qu'organe de direction] Il ne faut point dire que le cerveau commande, mais seulement que c'est par le cerveau que la partie obéit au tout (Alain, Propos,1910, p. 89). b) [Le suj. désigne une force concrète ou abstraite capable d'exercer un pouvoir sur quelqu'un] Vieilli. Exercer une action, une influence sur quelqu'un; le tenir sous sa dépendance, sous son empire; l'assujettir. J'éprouvais en face de vous une exaspération perpétuelle. Je luttais contre elle, mais c'était comme une force extérieure qui me commandait (Nizan, La Conspiration,1938, p. 225).Ainsi le temps, altération irréparable de l'univers et de nous-même (...) nous commande (A. Arnoux, Visite à Mathusalem,1961, p. 32): 6. Je me laisse aller à des fantaisies coupables, une lecture m'entraîne et je me mets à barbouiller du papier (...). Ça m'a amusé ou plutôt ça m'a commandé car c'est en vain que je lutterais contre ces caprices...
G. Sand, Correspondance,t. 5, 1812-76, p. 302. − À la forme passive. J'étais tellement commandée par l'heure du chemin de fer, (...) que je n'ai pas fait retourner mon fiacre pour courir après vous (G. Sand, Correspondance,t. 5, 1812-76p. 58). − En partic. [Le compl. d'obj. désigne un sentiment, une réaction, un comportement, etc.] Maîtriser ce sentiment, cette réaction...; les maintenir sous la dépendance de sa volonté; les dominer. Elle m'a reparlé d'Auguste... de la façon qu'il se minait lui... qu'il commandait plus ses nerfs... de toutes ses terreurs nocturnes (Céline, Mort à crédit,1936, p. 567).Je plains celui qui arde et se consume en vain! Mais on ne commande pas ses désirs (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1241). 3. P. méton. a) P. méton. de sujet. [Le suj. désigne la voix, les gestes, etc., en tant qu'ils servent à exprimer un ordre] La voix commandait, sévère, brève (Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 219).Deux ou trois garçons (...) de caractère faible, vers lesquels il allait, (...) avec des gestes qui commandaient (Lacretelle, Silbermann,1922, p. 19). b) P. méton. de l'objet − [L'obj. désigne le lieu où sont établis ou à établir les pers. sur qui le sujet a autorité] Commander une région, une place... En détenir le commandement, en assumer la direction et la responsabilité. MAR. Commander (un bâtiment). Le capitaine Javey, (...) qui commande la région (...), le capitaine Tavernier (...) commandait cette place lorsqu'on le fit gouverneur de Paris (Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 257).C'était un navire de guerre. Vous le commandiez (Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 249). ♦ P. ell. Commander (un soldat ou un groupe de soldats) de + (subst. désignant un service spécial).Le désigner pour qu'il soit de service. Commander de corvée. On me commanda de service et (...) on me mit en faction comme un simple soldat (Mérimée, Carmen,1847, p. 39).Ma compagnie fut commandée de renfort (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 403). − [L'obj. désigne l'action qu'ont à exécuter les pers. sur qui le sujet a autorité] ARM., MAR. En assumer la responsabilité, en régler le déroulement. ♦ [L'opération désigne l'action envisagée dans sa durée] Commander les opérations, un siège. Le général, très capable de commander un mouvement tournant, mais absolument hors d'état de faire la critique d'une pièce d'écriture (Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 279): 7. D'où viennent ces hommes? (...) Demandez à l'océan. Ils ont franchi ses abîmes, ils ont roulé sur ses vagues. Aux sifflements de la tempête, leur voix rude et impérieuse commandait la manœuvre ou le combat, ...
M. de Guérin, Poésies,1839, p. 46. ♦ Spéc. [L'opération désigne la phase initiale de l'action] Donner (à quelqu'un) l'ordre qui déclenche l'exécution d'un mouvement, d'une action militaire. Commander l'assaut. Trois fois, le capitaine fut sur le point de commander le feu. Une angoisse l'étranglait, (...) il allait crier : Feu! Lorsque les fusils partirent d'eux-mêmes (Zola, Germinal,1885, p. 1509).Je commandai un garde-à-vous aussi réglementaire qu'ironique (Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 347).MAR. Donner (à quelqu'un) l'ordre qui déclenche l'exécution d'une manœuvre. Il [le pilote] dirige la route du vaisseau et commande la manœuvre à l'équipage (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 277).Moi, qui étais de quart, je commandai : « À larguer le ris de chasse! » (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 67).Commander qqc. (à qqn), commander (à qqn) de + inf., commander que qqn + subj.Donner (à quelqu'un), en vertu de l'autorité que l'on détient ou que l'on s'arroge, l'ordre de faire quelque chose. On devait lui donner l'occasion d'aimer, attendre l'événement et non le commander; un ordre aurait tari en lui les sources de la vie (Balzac, L'Enfant maudit,1831-36, p. 406).Obéissant au regard énergique de Rouletabille qui lui commandait l'immobilité (G. Leroux, Rouletabille chez le tsar,1912, p. 54).Le doigt levé elle [Camille] commandait l'attention (Colette, La Chatte,1933, p. 118).− Au combat! Au combat! Pas de jeux! commanda l'arbitre (G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 226): 8. Tu l'aimes. (...) Réveille-toi. Félicite-toi. Embrasse-moi et avoue que tu es l'homme le plus heureux du monde. Gérard éberlué, entraîné, avoua ce que commandait la jeune femme.
Cocteau, Les Enfants terribles,1929, p. 158. Rem. De même que pour certains autres verbes de décision, le verbe subordonné à commander construit avec que peut se mettre à l'ind. (le plus souvent un des temps du futur) lorsque l'exécution du commandement est certaine, le subj. restant la règle lorsque l'exécution est hypothétique. Ni la docum., ni Grev. 1969, § 1000, p. 1054 et 1055 ne fournissent d'ex. d'emploi avec le verbe subordonné à l'indicatif. C.− Emploi à double constr. [En position d'obj. dir., ce qui est à faire; en position d'obj. indir., la personne à qui l'ordre est donné de le faire] Commander qqc. (à qqn), commander (à qqn) de + inf., commander que qqn + subj. 1. [Le suj. désigne une chose; le compl. d'obj. dir. désigne un comportement, une réaction, un acte] Imposer (quelque chose) à quelqu'un, exiger quelque chose (de quelqu'un), rendre inévitable (à quelqu'un) de (faire quelque chose), faire que quelque chose prenne un caractère de nécessité pour quelqu'un. Parmi tant de théories vacillantes, d'expériences discutables, la raison commanderait au fond de ne pas choisir! (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 353).L'épreuve par laquelle vous venez de passer vous commanderait plus que jamais à toutes deux le dépaysement et le repos (Montherlant, Le Démon du bien,1937, p. 1258).Carré, (...) avait vraiment pris toutes les précautions que sa situation illégale commandait (Nizan, La Conspiration,1938, p. 175). 2. En partic. [Le suj. désigne une chose ou une pers.; le compl. d'obj. dir. désigne un sentiment] Commander (un sentiment) (à qqn). Inspirer (un sentiment) (à quelqu'un), faire s'imposer (un sentiment) (à quelqu'un). Dans toute sphère, une vie limpide, une honnêteté sans tache commandent une sorte d'admiration aux cœurs les plus mauvais (Balzac, Le Cousin Pons,1847, p. 23).Un homme très comme il faut et d'une rectitude de vie qui commandait le respect (Prévert, Paroles,1946, p. 31): 9. Quant à changer de cœur, cela se pouvait-il? Ce mariage devait commander ses actions : il ne saurait commander ses sentiments. Robert était son mari, non pas le compagnon de sa vie.
Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 85. D.− Emplois pronom. 1. [Correspond à I A et B] a) Emploi réfl. − Se commander (à soi-même).Se maîtriser, se dominer. Ne plus se commander. Perdre le contrôle de soi. L'homme moral qui exerce sa liberté et se commande à lui-même, sent bien qu'il est en même temps le prêtre et l'hostie (Maine de Biran, Journal,1822, p. 356).L'homme fait des progrès en tous sens : il commande à la matière, c'est incontestable, mais il n'apprend pas à se commander lui-même (E. Delacroix, Journal,1856, p. 60).Gaspard sortit. Il sentait qu'il ne se commandait plus (Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 193). − Se commander de + inf.S'imposer de + inf.; s'obliger à + inf. C'est un rêveur qui rêve d'agir, qui s'impose, se commande, s'ordonne d'agir, mais sa pensée, son âme secrète lui propose le dégoût de la réalité et du monde (Barrès, Mes cahiers,t. 7, 1909, p. 285). b) Emploi réfl. à sens passif. Se commander.Être obtenu par la volonté. Ne pas se commander. L'amour, qui est chose divine, ne se commande ni ne s'extorque. Il souffle où il veut (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 394).[Thérèse] n'était ni ceci ni cela : elle était son type. Or, le type, ça ne se commande pas : on le gobe ou on s'en fiche (Estaunié, La Vie secrète,1908, p. 321). c) Emploi réciproque, vieilli. Se commander l'un à l'autre qqc. Se communiquer l'un à l'autre quelque chose. Les parties de l'espace et du temps qualifiés se commandent les unes aux autres leurs stabilités et changements corrélatifs (O. Hamelin, Essai sur les éléments principaux de la représentation,1907, p. 224). 2. [Correspond à I C] Emploi réciproque. Se commander qqc.S'imposer mutuellement quelque chose. Mon corps et mon esprit se commandaient alternativement une inquiétude d'activité et une fièvre de contemplations (G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 30). II.− [Le suj. désigne une chose capable d'exercer une action, une influence] A.− [Le suj. désigne telle pièce d'un mécanisme, d'un moteur, etc.] Commander (une machine, un mécanisme...). Agir sur un mécanisme, déclencher son entrée en action, en assurer et en régler le contrôle. Pour avoir moins chaud, j'abaisse la manette qui commande le ventilateur (Malraux, Les Conquérants,1928, p. 74).Une cellule photo-électrique qui commande par relais les moteurs (Ruyer, La Cybernétique,1954, p. 59). − Rare. [Le suj. désigne la pers. qui active un mécanisme] Des typos coiffés de papier commandaient les plieuses qui vomissaient ensuite dans de hauts paniers de guillotine les différentes sections du journal (Morand, New York,1930, p. 196). − P. anal. Déterminer, fixer, régir, régler quelque chose. C'est déjà la Durance ici qui commande le chaud et le froid, avec ses eaux de glace ou ses graviers découverts (Giono, Chroniques,Noé, 1947, p. 301): 10. On peut poser en principe que pour un homme qui ne triche pas, ce qu'il croit vrai doit régler son action. La croyance dans l'absurdité de l'existence doit donc commander sa conduite.
Camus, Le Mythe de Sisyphe,1942, p. 19. B.− P. ext. Commander (un lieu). Être la condition d'accès à (un lieu). Ils se tenaient (...) dans une petite pièce (...) qui commandait le réduit où s'anémiait le roi (Druon, La Louve de France,1959, p. 394). − Spéc., ART MILIT. [Le suj. désigne une chose, plus rarement une pers.] Commander (un lieu, une voie de communication, etc.). Le dominer et en contrôler l'accès. Ces bouches à feu commandaient véritablement toute la baie de l'Union (Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 465).Il [Berard] commandera de son feu la ligne des boulevards; il interdira aux troupes royales l'accès des faubourgs (Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 272). ♦ P. anal. Des diplômes qui commandent presque toutes les carrières (Péguy, L'Argent,1913, p. 1210). ♦ P. ext. Dominer de haut (un lieu, une étendue). Nous avons été obligés de débarquer sur la pointe d'un cap couvert d'arbres, d'où nous commandons une vue immense (Chateaubriand, Voyages en Amérique, en France et en Italie,1827, p. 115).Vierges noires perchées sur les sommets qui commandent la mer (A. Arnoux, Double chance,1958, p. 134). C.− Emploi pronom. réciproque. Se commander (l'un l'autre).Dépendre l'un de l'autre. Une suite d'assertions qui ne se commandent l'une l'autre par aucune interne nécessité (Benda, La France byzantine,1945, p. 252): 11. L'avenir naturel se trouve dans tous les instincts et dans toutes les modifications physiologiques qui se commandent de proche en proche, comme les phases de la digestion, de la gestation, de la croissance, dans tous les états du vivant qui ont un sens, vont à un terme.
Valéry, Mauvaises pensées et autres,1942, p. 188. − [En parlant des différentes pièces d'un logement, des différents bâtiments d'un ensemble] Se présenter de telle sorte qu'il faut nécessairement traverser l'un pour accéder à l'autre. Un assez bizarre appartement, les pièces se commandant toutes et contournant en enfilade l'angle d'une très ancienne maison (J. Lorrain, Sensations et souvenirs,1895, p. 91).Les bâtiments se suivaient sur la même ligne, (...) se commandaient les uns les autres (Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 138). III.− [Le suj. désigne une pers., un client qui a l'initiative de l'action; l'obj. désigne ce qui est demandé par le client] Commander (une marchandise) (à qqn). Demander (à quelqu'un), en qualité de client, la fourniture d'une marchandise; en faire la commande*. Commander un pantalon, un déjeuner, un cocktail; commander à boire. En cinq jours, je me suis commandé et fait livrer tant, tant de choses! (Colette, Claudine s'en va,1903, p. 298).Le dernier train (...) était parti, il commanda une voiture et courut à sa chambre faire sa malle (G. Leroux, Rouletabille chez le tsar,1912, p. 164).Où trouver un meilleur client que l'État, dès qu'il s'agit de commander des canons,... (Green, Journal,1932, p. 112). − Commander (un travail, un service) à qqn. Lui en confier l'exécution. Des syndicats construisent des stades, des salles, des palais et en commandent les plans à de jeunes architectes (J.-R. Bloch, Destin du Siècle,1931, p. 40).J'avais deux solutions. Ou bien racheter l'habit d'un collègue défunt (...) − ... ou bien m'en commander un neuf (Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 61). Prononc. et Orth. : [kɔmɑ
̃de], (je) commande [kɔmɑ
̃:d]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. xes. « confier (qqn, qqc. à qqn) » (St Léger, éd. J. Linskill, 20) − xvies. ds Hug. B. 1. xes. commander + inf. « ordonner de + inf. » (St Léger, ibid., 220); xies. « ordonner (qqc. à qqn) » (Alexis, éd. C. Storey, 170); 2. 1564 « commander à ses passions, à soi-même » (Thierry); 3. 1573 « diriger en chef, p. ex. un corps d'armée » (J. Dupuys, Dict. françois-lat.); 4. 1653 « dominer un lieu par sa position » (Vaugelas, Quinte-Curce, 1. 3, c. 4 ds Rich. 1680); 5. 1671 « donner le signal d'une manœuvre (à l'armée) » (Pomey). C. 1675 comm. (Savary, Parfait Négociant d'apr. Kuhn, p. 49). Du lat. *commandare réfection d'apr. mandare « charger, confier » du lat. class. commendare « confier » et « commander ». Fréq. abs. littér. : 4 001. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 114, b) 4 477; xxes. : a) 5 527, b) 6 075. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 21. |