| * Dans l'article "COLOMBE1,, subst. fém." COLOMBE1, subst. fém. A.− ORNITH. Pigeon en tant que type représenté en particulier par le ramier, le colombin et le biset. B.− Littéraire 1. Pigeon, spécialement pigeon blanc. La blanche colombe. Les colombes que les femmes de Judée apportaient au temple (Lamartine, Les Confidences,1849, p. 349).Ce sentiment d'angoisse mortelle de la colombe au-dessus de laquelle le milan trace dans l'air des cercles de plus en plus rapprochés (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 340). − P. anal. Voiles blanches : 1. Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée! ...
Valéry, Charmes,Le Cimetière marin, 1922, p. 147. − Spéc. Pigeon femelle. Le ramier s'accouple à la colombe (Hugo, La Fin de Satan,1885, p. 789). 2. P. méton. Colombe (eucharistique). Vase en forme de colombe où étaient conservées les hosties consacrées. On gardait autrefois le ciboire dans une colombe d'argent suspendue sur les fonts baptismaux, les autels ou les tombeaux des martyrs (A. France, L'Orme du mail,1897, p. 112). 3. [Avec une valeur de symbole] a) [P. allus. à la Genèse 8, 11 où il est dit que Noé sut que le déluge était virtuellement terminé lorsque la colombe envoyée en reconnaissance rapporta dans l'arche une branche d'olivier] − [Symbole de délivrance, de paix] Le rameau d'olivier qu'apporte la colombe à Noé de la terre qui sera demain (Claudel, Poèmes de guerre,1916, p. 552).L'« homo absurdus » fut (...) la colombe de l'arche, le messager de la délivrance (N. Sarraute, L'Ère du soupçon,1956, p. 11): 2. ... des hommes de miséricorde suivant partout des hommes de sang, essayant de faire tomber les armes de leurs mains (...) colombes de paix errant de champ de bataille en champ de bataille avec les vautours.
Chateaubriand, Ét. hist.,1831, p. 60. − HIST. CONTEMP. [États-Unis] Les colombes. Les partisans d'une politique de paix (au Vietnam). Anton. les faucons. Rem. Attesté ds Lar. encyclop. Suppl. 1968. − [Symbole de douceur, d'innocence] Ces colombes qui dans l'Écriture sont le symbole de l'innocence et de la candeur (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 484).Quand le malentendu est liquidé, le tigre redevient aussi tendre qu'une colombe (Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 197): 3. Est-il possible que vivent sur cette terre des êtres aussi différents (...) Folcoche et Micou, vinaigre et sirop, vipère et colombe...
H. Bazin, La Mort du petit cheval,1949, pp. 64-65. − P. méton. Jeune fille, jeune femme : 4. Cymodocée meurt (...). Dieu accepte le sacrifice de cette colombe : son ingénuité et son innocence seront comptées pour ce qui manque à la perfection de sa foi.
Chateaubriand, Les Martyrs,t. 1, 1810, p. 71. 5. Il aménera un régiment de colombes dans son pigeonnier, ajouta le bonhomme en indiquant du doigt la chambre d'Octave...
Murger, Scènes de la vie de jeunesse,1851, p. 133. ♦ [Terme d'affection] Ma sœur, ma colombe, mon amie, mon immaculée! (Claudel, Corona Benignitatis Anni Dei,1915, p. 461). b) [P. allus. au baptême de Jésus (cf. Matth. 3,16) à l'issue duquel l'Esprit est descendu sur lui sous la forme d'une colombe] Le Saint-Esprit : 6. ... l'Esprit n'est plus cette colombe qui couvrait les hommes de ses ailes de paix; c'est un Verbe visible, c'est une langue de feu, qui parle tous les dialectes de la terre...
Chateaubriand, Fragments du Génie du Christianisme primitif,1800, pp. 39-40. c) MYTH. ANC. : 7. Toute forme (...) porte aisément un infini de pensées sans paroles. C'est pourquoi la convention s'y met aussi. La chouette signifie Pallas et le paon signifie Junon; les colombes et les amours, Vénus...
Alain, Système des beaux-arts,1920, p. 297. Rem. 1. On rencontre ds la docum. a) Un ex. où le mot désigne un jeune homme. Depuis quelques jours j'ai mon fils avec moi (...). Le jeune homme a 16 ans, je ne pouvais plus laisser cette colombe à la portée des vautours français. Je voyais arriver la conscription : je l'ai prévenue (J. de Maistre, Correspondance, 1786-1805, p. 482). b) Un ex. où le mot désigne des amoureux (cf. tourtereaux). Madame Rothanger. − Chut! ... ils [les nouveaux mariés] sont au fond du jardin... sur un banc... à côté l'un de l'autre, ... deux colombes! ... deux vraies colombes. Rothanger. − Ils roucoulent! ... il ne faut pas les troubler (E. Labiche, La Sensitive, 1883, II, p. 349). 2. La plupart des dict. enregistrent l'adj. colombaire, relatif aux pigeons. 3. Colombi- et colombo- fonctionnent comme premier élément de quelques composés (colombophile, colombiculture). Prononc. et Orth. : [kɔlɔ
̃:b]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1120 nom de l'oiseau pennes de columbe surargentedes (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, L XVII, 14); 2. 1689 au fig. en parlant de jeunes filles (Racine, Esther, Prologue, 11). Du lat. class. columba « colombe, pigeon » dont la forme masc. columbus désignant plus particulièrement le pigeon mâle est à l'orig. de l'a. fr. colomb, coulon (ixes. Séquence de Ste Eulalie, 25 ds Henry Chrestomathie) encore attesté ds Trév. 1771 (coulomb) qui le qualifie de ,,vieux mot``. Fréq. abs. littér. : 916. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 614, b) 1 428; xxes. : a) 1 166, b) 1 050. DÉR. 1. Colombar(d),(Colombar, Colombard) subst. masc.Cépage blanc. La « folle blanche » et le « colombar » donnent seuls dans nos pays des eaux-de-vie de haut cru (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 57).On connaît des cépages comme le colombard ou le noir-fleurien qui sont plus résistants que d'autres à la chlorose (L. Levadoux, La Vigne et sa cult.,1961, p. 99).− Seule transcr. ds Littré : ko-lon-bar. Ds la docum. on rencontre la var. colombar (cf. Pesquidoux, loc. cit.). Lar. 20e, Lar. encyclop. et Quillet 1965, s.v. colombard, renvoient à colombaud. − 1reattest. 1870 Aunis (M.-L.-E. Meyer, Glossaire Aunisien, Ac. de la Rochelle, Section de Litt., no16, La Rochelle, p. 90); de colombe1*, sans doute à cause de la couleur de ce raisin (FEW t. 2, p. 931b et note 7 p. 932a; cf. le lat. vitis columbina désignant une variété de raisin gris cendré), suff. -ard*. 2. Colombelle, subst. fém.,littér., poét. a) Petite colombe. Je veux qu'on soit fidèles, Comme sont les colombelles, Tous deux (Apollinaire, Casanova,1918, III, p. 1016).b) Jeune fille, jeune femme. Les deux colombelles qui nous servent d'institutrices (Colette, Claudine à l'École,1900, p. 157).− [kɔlɔ
̃bεl]. − 1reattest. Ca 1250 blanche come columbelle (G. le Clerc, Joies N.D., 794 ds T.-L.); de colombe1, suff. -elle*. − Fréq. abs. littér. : 4. 3. Colombidés, columbidés, subst. masc. plur.Famille d'oiseaux comprenant notamment les pigeons et les tourterelles. Synon. colombins.Au sing. La tourterelle, colombidé proche du ramier (F. Vidron, La Chasse en plaine et au bois,1945, p. 70).− Seule transcr. ds Littré : ko-lon-bidée (graph. colombidée). Pour la prononc. par [ɔ
̃] de la 2esyll. ds la graph. columbidés qu'on rencontre à côté de colombidés ds Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop. et ds Quillet 1965, cf. columbarium. − 1resattest. 1863 colombidée « famille de passereaux du genre pigeon » (Littré), 1892 colombidés (Guérin), 1928 colombidés ou columbidés (Lar. 20e); de colombe1(ou de la forme lat. columba), suff. -idé(s)*. BBG. − Tournemille (J.). Le Pigeon. Vie Lang. 1964, pp. 534-536. |