| * Dans l'article "COLIQUE1,, subst. fém." COLIQUE1, subst. fém. A.− PATHOL. Douleur spasmodique violente du côlon et plus généralement de la cavité abdominale. Coliques intestinales; souffrir de colique(s), être pris de colique(s) : 1. Depuis jeudi matin, je suis en proie à une colique abominable; à peine si je peux me tenir sur mes jambes.
Flaubert, Correspondance,1874, p. 200. − Spéc., vx. Colique de miserere (ou de miséréré). Colique due à une occlusion intestinale (cf. L. Daudet, Études et milieux littéraires, 1927, p. 247). SYNT. Se plaindre de coliques, se tordre de coliques; être en proie, être sujet à la/à des colique(s); la (les) colique(s) le tien(t) (nent). Affreuse, atroce, épouvantable, forte, légère, violente, vive colique. − P. ext. Douleurs vives qui affectent les différents viscères abdominaux : 2. Elle ne voulut pas s'en aller tout de suite, restant là à se tortiller sur une chaise, donnant un coup de fer quand ça se calmait un peu; les rideaux pressaient, elle s'entêtait à les finir; puis, ça n'était peut-être qu'une colique, il ne fallait pas s'écouter pour un mal de ventre.
Zola, L'Assommoir,1877, p. 467. 1. Trouble somatique. Colique hépatique ou biliaire, colique vésiculaire, colique néphrétique ou rénale, colique salivaire; colique végétale ou colique de Madrid; colique de plomb (on dit aussi colique des peintres, métallique, saturnine, sèche); colique d'estomac, pancréatique, appendiculaire, menstruelle, testiculaire, utérine. ♦ ART VÉTÉR. Coliques rouges ou sanguines. Produites par une congestion de la muqueuse intestinale, chez les animaux et surtout chez le cheval. 2. Trouble psycho-somatique résultant d'un trouble du système nerveux sous l'effet de l'inquiétude, de la crainte, du désarroi. Colique convulsive, hystérique, nerveuse, spasmodique : 3. Pourvu que je ne m'entortille pas dans ce que je veux dire, s'écria naïvement Birotteau. Popinot, cet homme me fait une impression chimique, sa voix me chauffe les entrailles et me cause même une légère colique.
Balzac, César Birotteau,1837, p. 135. − P. compar. : 4. Ah! Quelle femme! Elle me remue autant qu'une colique, quand elle me regarde froidement... Quelle grâce! Quel esprit! Jamais Josépha ne m'a donné de pareilles émotions. Et quelles perfections inconnues!
Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 183. B.− Lang. cour. 1. P. méton. a) [Manifestation physiologique qui accompagne certains de ces troubles] Diarrhée : 5. ... il était humilié d'une constipation malsaine que coupaient des coliques précipitées.
Barrès, Un Homme libre,1889, p. 136. ♦ [En appos. avec valeur d'adj.] Qui a la couleur de la colique. Des restes de papiers à tentures, qui datent de la Restauration : fond jaune colique à rayures prune, simili-treillages verts où grimpe une végétation compliquée, où voltigent d'improbables oiseaux vert-courge...! (Colette, Claudine en ménage,1902, p. 281). ♦ P. métaph. : 6. ... je suis dans une tristesse que rien n'égale. J'ai dans l'âme des coliques d'amertume à en mourir.
Flaubert, Correspondance,1846, p. 369. ♦ P. anal. [P. réf. aux mouvements provoqués par la colique] Rire quelque peu convulsif. Quel émoi! Il exultait. Son rire me saisit aussi, cette colique des sensations (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 271): 7. À peine disparu [le jeune soldat chargé d'une commission de fantaisie], la chambrée entière tomba sur les sacs. Colique générale. ... On ne rit pas tous les jours dans nos baraques.
G. d'Esparbès, La Grogne,1905, p. 17. b) Fam. [Cause du trouble] Peur : 8. Il y a une grande émotion dans le respectable public au sujet de la loi qu'on va faire voter sur le service militaire et cette nation est devenue si peu belliqueuse qu'elle en a déjà la colique.
Mérimée, Lettres à Viollet-le-Duc,1870, p. 149. − Locutions ♦ Donner la colique. Faire peur. Un avoué! ... s'écria Séchard, ce mot-là me donne la colique (Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1844, p. 317). ♦ Avoir la colique. Avoir peur. Leur mettre le nez dans leur colique. Leur faire prendre conscience de leur peur (cf. Vercel, Capitaine Conan, 1934, p. 221). ♦ P. iron., péj. Père la colique. Poltron (cf. Vercel, Capitaine Conan, 1934, p. 23). 2. P. hyperb., péj. Chose ou personne ennuyeuse. Quelle colique que l'egzistence [sic]! (Queneau, Zazie dans le métro,1959, p. 193): 9. Cette nuit j'ai fait un joli rêve.
− À quoi as-tu rêvé?
− J'ai rêvé que je mangeais des nouilles aux tomates.
− Et c'est pour me dire ça que tu me déranges? Quelle colique que ce gosse!
Montherlant, Les Jeunes filles,1936, p. 992. 10. ... un paltoquet chétif au cou mélancolique et long se préparait, quotidienne colique, à prendre un autobus le plus souvent complet.
Queneau, Exercices de style,1947, p. 101. ♦ Loc. vulg. Aimer comme la colique. Détester (cf. L. Rigaud, Dict. du jargon parisien, 1878, p. 7). Rem. On rencontre ds la docum. une attest. de coliqué. Atteint de colique (cf. Sue, Les Mystères de Paris, t. 7, 1842-43, p. 341). Prononc. et Orth. : [kɔlik]. À comparer avec côlon qui se prononce avec [o] fermé à l'initiale. Colique se prononce avec [ɔ] bref et ouvert parce qu'il a perdu l'accent circonflexe (cf. Buben 1935, § 28). Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Mil. xiiies. « douleur d'entrailles » (Antidotaire Nicolas, éd. P. Dorveaux, p. 18); 2. 1852 « peur » (Flaubert, Correspondance, p. 372). Empr. au subst. lat. médiév. colica (xiies. ds Mittellat. W. s.v.) issu p. ell. du b. lat. colica passio « maladie du côlon ». Le lat. colicus « qui concerne le côlon, qui souffre du côlon » est empr. au gr. κ
ω
λ
ι
κ
ο
́
ς « qui souffre du côlon », dér. de κ
ω
̃
λ
ο
ν
(côlon*). DÉR. 1. Coliquard, subst. masc.,fam. et péj. Poltron. Il y avait aussi les convaincus... D'ailleurs, parmi ces derniers, des coliquards qui suaient bleu à l'idée d'une restauration vengeresse (J. de La Varende, Cadoudal,1952, p. 53).− 1reattest. début xxes. (Carabelli, [Lang. pop.]); de colique, suff. -ard*. 2. Coliqueux, euse, adj.,fam. et vx. a) [Personne] qui est sujet à la colique ou qui souffre de la colique. Malade coliqueux (Lar. 19e). Il est né Coliqueux : Bilis fit colica (S. Mercier, Néologie, t. 1, p. 113).b) [Douleur] qui est de la nature de la colique, qui est propre ou fait penser à la colique. Douleurs coliqueuses, entérite coliqueuse (Lar. 19e). c) [Chose] qui provoque la colique. Boisson coliqueuse (Nouv. Lar. ill.). Il fallait ramasser en hâte, sous la pluie battante, avant le crépuscule, des bernicles, des moules de rien, des bigorneaux, des gobis, des crabes, pour se constituer, dans force eau du ciel, une soupe trop claire et coliqueuse (Queffélec, Un Recteur de l'île de Sein,1944, p. 100).− [kɔlikø], fém. [-ø:z]. − 1resattest. a) 1579 « qui est de la nature de la colique » (A. Paré,
Œuvres complètes, 1. 15, chap. 65, éd. J.-F. Malgaigne, t. 2, p. 514 : douleur coliqueuse); b) 1580 « qui est sujet à la colique » (Montaigne, Essais, 1. 2, chap. 37, éd. Gallimard, p. 867); c) 1771 « qui provoque la colique » (Trév.); de colique, suff. -eux*. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 159, 180. − Rog. 1965, p. 110. |