| COLIN-MAILLARD, subst. masc. A.− Vx. Joueur qui, gardant les yeux bandés, doit attraper un autre joueur et l'identifier, afin que celui-ci prenne sa place. J'avance moi-même comme un colin-maillard, les bras tendus en avant (J. de Maistre, Correspondance,1806-07, p. 180). B.− P. méton., usuel. Le jeu lui-même. Jouer à colin-maillard, au colin-maillard. Une partie de colin-maillard, à laquelle jeunes femmes et jeunes hommes mirent une vivacité que leur âge explique assez (A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 136). − P. métaph. Depuis vingt ans, elle [ta mère] et moi jouons à colin-maillard. Nous nous côtoyons, nous nous appelons, sans dénouer le bandeau (J. de La Varende, Monsieur le Duc de Saint-Simon et sa Comédie humaine,1955, p. 321): On connaît cet univers où ne cesse de se jouer un jeu de colin-maillard sinistre, où l'on avance toujours dans la fausse direction, où les mains tendues « griffent le vide », où tout ce qu'on touche se dérobe...
N. Sarraute, L'Ère du soupçon,1956, p. 45. Prononc. et Orth. : [kɔlε
̃maja:ʀ]. Ds Ac. 1718-1932. ,,L'Académie ne donne point le pluriel de ce mot, et Girault-Duvivier dit qu'il faut écrire sans s des colin-maillard, des jeux où Colin cherche, poursuit Maillard`` (Besch. 1845). Étymol. et Hist. 1534 (Rabelais, Gargantua, chap. xxii, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 83). Composé du nom propre Colin, dimin. de Nicolas, empl. plaisamment et par dénigrement (v. colin3; cf. également le nom de jeu Colin-bridé, Rabelais, ibid.) et prob. du nom propre Maillard, à moins qu'il ne s'agisse d'un dér. de mail* dans l'hyp. où le joueur aveugle cherchait ses partenaires à l'aide d'un bâton (v. Alleau; EWFS2). Fréq. abs. littér. : 22. |