| COLIFICHET, subst. masc. A.− Vx. Petit ornement en papier découpé puis collé sur un support (bois, textiles divers, etc.); ouvrage de broderie collé sur un support de papier. Rem. Attesté ds Littré, Guérin 1892, DG, Nouv. Lar. ill. − Lar. Lang. fr. B.− Usuel 1. Petit objet de fantaisie, de peu de valeur et de mauvais goût, sans utilité réelle, utilisé pour la parure ou la décoration. Porter le colifichet. On était charmé (...) par l'élégance du lieu (...); pas de colifichets, pas de bibelots inutiles (C. Saint-Saëns, Portraits et souvenirs,1909, pp. 170-171).Une carambouille en articles de colifichets, surtout des lingeries, rien que du fragile, de l'extrêmement bon marché (Céline, Mort à crédit,1936, p. 19).Il (...) portait (...) sur toute sa personne et dans ses poches des petits riens et des colifichets à la mode (Cendrars, La Main coupée,1946, p. 206): 1. Jamais rien de léger [en Allemagne], rien de tendant au colifichet et au ridicule dès que la mode en est passée comme beaucoup de nos vêtements de France.
Stendhal, Journal,t. 2, 1805-08, p. 451. 2. « Beaucoup trop de colifichets, de rubans. Tu me feras le plaisir d'ôter ce collier. Toutes ces petites choses qu'on te donne pour m'humilier sans doute... ».
Green, Journal,1928-34, p. 286. − P. métaph. Voilà longtemps (...) que vous me faites l'honneur de souhaiter ma conquête. Votre vanité, qui n'est pas mince, se serait accommodée de ce colifichet (O. Feuillet, Scènes et proverbes,1851, p. 158).Il y a des raffinements de point d'honneur qui ne sont guère plus que des colifichets (Bernanos, Dialogues des Carmélites,1948, 3etabl., 3, p. 1617): 3. Pour cette jeune mère coquette, son enfant est un colifichet parmi d'autres; pour ce mari avantageux, sa femme représente une parure flatteuse, un élément de son prestige social.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 483. − Par antiphrase. ,,Étrange créature, dis-je, que la Fée aux Miettes, (...) qui a mendié deux cents ans, de pays en pays, avec un colifichet de cinquante millions à son cou`` (Nodier, La Fée aux Miettes,1831, p. 134). 2. P. ext. a) Dans le domaine artistique.
Œuvre sans intérêt et de mauvais goût; surcharge de mauvais goût. Église du XVesiècle et portail de la renaissance, roman contrefait, avec des colifichets en sculpture (Michelet, Journal,1842, p. 465).Ces fastidieux colifichets que nous prenons volontiers pour des maisons de campagne (Viollet-le-Duc, Entretiens sur l'archit.,1872, p. 370).Elle n'aimait pas cette église, moderne, ornée de colifichets ridicules (Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 9). − P. méton. Mauvais goût. Ah! ce n'est pas de la camelote [le journal le Globe], du colifichet, du papillotage, de la soie qui se déchire quand on la regarde (Balzac, L'Illustre Gaudissart,1834, p. 42).L'hôtel de la Païva − au fond, d'un affreux colifichet, d'un style turc-renaissance (E. et J. de Goncourt, Journal,1868, p. 427). b) Objet futile et superflu. Nous avons retiré de nos autels les fleurs et les plissures de linge et tant de colifichets qui encombrent les autres monastères (Montherlant, Port-Royal,1954, p. 996): 4. Les dentelles, les bijoux, les cachemires, tous ces colifichets de luxe, toutes ces superfluités ruineuses qui ne conservent quelque valeur que dans les quartiers où l'on en fait usage.
Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,1813, p. 164. 3. P. méton., rare. Personne qu'une coquetterie de mauvais goût fait se parer avec excès, affectation. [D'Avisseau :] Tiens, regarde ce médaillon. − De qui? − Du colifichet. L'ami se penche (...) − Des yeux à frire l'âme! (G. d'Esparbès, La Guerre en dentelles,1896, p. 256). C.− P. anal. [P. réf. au peu de poids ou à la petite taille des colifichets] 1. Biscuit très léger donné en nourriture aux oiseaux. MmeVerdurin, juchée sur son perchoir, pareille à un oiseau dont on eût trempé le colifichet dans du vin chaud, sanglotait d'amabilité (Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 205). 2. CÉRAM. Support de cuisson conçu et posé de telle sorte que le point de contact avec la poterie soit le plus léger possible. (cf. A. Brongniart, Traité des Arts céramiques, t. 1, 1877, pp. 199-200). Synon. pernette. Prononc. et Orth. : [kɔlifiʃ
ε]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. [1640 (Manuscrit de P.-D. Huet ds Fr. mod., t. 14, p. 288)]; 1680 « petit objet de fantaisie sans grande valeur » (Rich.); 2. 1690 « ornement de papier collé sur du bois, du velours » (Fur.); 3. 1803 « petit biscuit léger qu'on donne aux oiseaux » (Almanach des Gourmands, p. 126 ds Fr. mod., t. 24, p. 137); 4. 1828 céram. « support pour les poteries » (Bastenaire, Daudenart, L'Art de fabriquer la faïence..., p. 455). Altération du m. fr. coeffichier (1458 ds Gdf., mot de sens obscur paraissant désigner un accessoire de coiffure prob. à rattacher à coiffe*) par attraction de coller* et affiquet*. Fréq. abs. littér. : 66. |