| COFFRE, subst. masc. A.− Meuble ayant la forme d'une caisse munie d'un couvercle ou, plus rarement, d'une porte et dans lequel on enferme toute sorte d'objets que l'on veut dérober aux regards. Coffre à linge, à bois, etc. : 1. On apporta sur l'avant-scène deux coffres pleins de livres et trois grandes corbeilles remplies de couronnes.
Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 1, 1811, p. 85. 2. Après les chaises, les lits et les tables, le meuble le plus important du moyen âge paraît avoir été le coffre... Le coffre placé sous les yeux du maître, renfermait son argent, sa vaisselle, ses habits, tous les menus meubles indispensables... Le coffre (...) reçut de bonne heure une ornementation, parce qu'il était en quelque sorte un meuble intime, et qu'il attirait de la considération à son propriétaire, d'après l'usage général de juger les choses par leur extérieur.
Mérimée, Lettres à Viollet-le-Duc,1870, p. 271. 1. Fig. et vx. Mourir sur le/son coffre. a) [P. réf. aux coffres servant de sièges dans les antichambres] Attendre indéfiniment. b) [P. réf. aux coffres sur lesquels couchaient les domestiques] Mourir au service d'un grand. 2. Spécialement a) Boîte où l'on range de l'argent, des bijoux... Coffre à bijoux : 3. ... je me prosternai devant elle, je lui offris sa part dans mon butin : une croix de diamants qui avait été portée par une jeune sicilienne, un petit coffre anglais d'un travail précieux.
Janin, L'Âne mort et la femme guillotinée,1829, p. 102. b) Coffre-fort ou compartiment d'un coffre-fort loués à ses clients par une banque : 4. Alors, tu vois les coffres. Il n'y a que cela, tout le long des murailles. Ce sont des coffres énormes, comme des armoires. On les ouvre et, dedans, il y a une infinité de petits coffres pour les particuliers comme toi et moi.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Vue de la Terre promise, 1934, p. 205. c) Les coffres de l'État. Le trésor public. 3. P. ext. Espace creux et fermé à l'avant ou à l'arrière d'une voiture, destiné à recevoir des bagages : 5. Le coffre arrière est très spacieux et, outre la roue de secours et l'outillage, permet d'emporter un volume important de bagages.
H. Tinard, L'Automob.,1951, p. 386. B.− [P. anal. de forme] 1. [Pour désigner des inanimés] a) CONSTR. Ensemble des coffrages destiné à maintenir le béton pendant le temps de prise. b) IMPR. : 6. Le coffre. C'est un assemblage de 4 pièces de bois de 4 doigts de hauteur et de trois doigts d'épaisseur, dans lequel est enchassé le Marbre.
M. Fertel, La Sc. pratique de l'impr.,1723, p. 230. c) LITURG. Partie de l'autel au-dessous de la table où l'on mettait jadis les reliques. d) MAR. Coffre d'amarrage. Caisson flottant servant à l'amarrage des bâtiments dans le port. Dans certaines rades, des bouées sont disposées pour l'amarrage des navires qui viennent y mouiller; on les nomme corps morts ou coffres (É.-T. Quinette de Rochemont, Cours de trav. mar.,1900, p. 146).Coffre d'un navire. La coque. e) MUS. Coffre d'un clavecin, d'un piano, d'un orgue. Synon. de caisse*. 2. [Pour désigner des éléments d'animés] a) [En parlant d'animaux] Partie du corps considéré comme un contenant. − BOUCH. ,,Cage thoracique des animaux de boucherie`` (Lasnet 1970). − VÉN. [En parlant du chevreuil, du daim] Carcasse d'animal. b) [En parlant de l'homme] Fam. − (Large) poitrine. Avoir du coffre. Avoir un souffle puissant, une voix forte. Profitendieu, encore vert à cinquante-cinq ans, de coffre creux et de démarche alerte, l'aurait plaqué volontiers; mais il était très soucieux des convenances (Gide, LesFaux-monnayeurs,1925, p. 938).Au fig. Avoir de l'audace, du courage. − Arg. Estomac. Je n'ai rien dans le coffre. Prononc. et Orth. : [kɔfʀ
̥]. Littré : ,,Quelques-uns prononcent kô-fr' (= [ɔ:] long); mais cette prononciation n'est justifiée par rien``. Admis ds Ac. 1694-1932. Fér. Crit. t. 1 1787 propose d'écrire cofre avec 1 seul f. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 cofre (Chr. de Troyes, Erec, éd. W. Foerster, 5144); fin xives. les coffres [du roi d'Angleterre] « le trésor » (Froissart, éd. S. Luce, t. 4, p. 38, 19); 2. xves. fig. « prison » (Villon, Ballades de la Coquille ds P. Guiraud, Le Jargon de Villon, Paris, Gallimard, 1968, p. 41); 3. 1561 coffre du corps « tronc [d'un animal] » (Du Fouilloux, Venerie ds Tilander, Glanures lexicogr.); 1636 le coffre naturel « l'estomac » (Rotrou, Les Ménechmes, acte 1, scène 1 ds IGLF); cf. arg. (Larch. 1861, p. 93); 4. 1680 (Rich. : Cofre. Le corps et assemblage des parties du clavecin). Du lat. impérial cophinus (couffin*), au sens de « coffre », « caisse » en lat. médiév. (Capit. de villis ds Nierm.). Fréq. abs. littér. : 844. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 215, b) 1 420; xxes. : a) 1 265, b) 1 029. Bbg. Adlerblum (A.). Vocab. de l'astronaut. Québec, 1972, p. 13. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 87. − Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 59. |