| COADJUTEUR, TRICE, subst. A.− INSTIT. RELIG. 1. Évêque adjoint par le Pape à un évêque résidentiel pour l'assister dans l'exercice de ses charges avec le plus souvent droit de succession : 1. ... le chapitre accusait tout bas la faiblesse de Monseigneur, qui confiait les affaires épiscopales à ce coadjuteur envahissant.
De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 89. − Spéc. Le coadjuteur. L'abbé Paul de Gondi, plus tard Cardinal de Retz. Nous jouions au coadjuteur et au duc de la Rochefoucauld (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 575). 2. Religieux adjoint au Supérieur d'un couvent, d'une abbaye et destiné à lui succéder. Coadjuteur d'un abbé; le père coadjuteur, le frère coadjuteur (Ac. 1835-1932). − Au fém. Religieuse adjointe à une abbesse ou à la supérieure d'un couvent et destinée à lui succéder : 2. La dame Boulehart, cédant à des instances de ses supérieurs, prit pour coadjutrice, en 1599, Jacqueline-Marie Arnauld...
Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 55. Rem. Dans le lang. de la Compagnie de Jésus : a) Coadjuteur temporel : Des frères, qu'on nomme avec solennité les coadjuteurs temporels, font le marché, la cuisine, le ménage (Brasillach, Pierre Corneille, 1938, p. 23). b) Coadjuteur spirituel. Père jésuite qui n'a pas encore prononcé le quatrième vœu (vœu d'obéissance au pape [d'apr. Foi t. 1 1968]). B.− P. ext., dans la lang. cour. 1. [Appliqué à une pers.] Au masc. et au fém. Personne qui assure des fonctions d'aide ou de remplacement : 3. Le secrétaire général de l'école fera très bien le « travail ». Surtout qu'il a lui-même un petit coadjuteur.
Péguy, L'Argent,1913, p. 1276. − P. plaisant., au masc. Amant d'une femme mariée ou amant en second : 4. ... il [Christian] a le temps de dégoûter Suzanne de l'amant actuel, du coadjuteur de celui-ci, et même d'un troisième qui postulait l'emploi des deux premiers.
Colette, La Jumelle noire,1938, p. 45. Rem. Le fém. corresp. est rare. Ouais! sa solitude [de M. Ramastre] (...) Entre Mme Céleste, la douairière et Pipegalette, la (...) la coadjutrice (...) la remplaçante (A. Arnoux, Pour solde de tout compte, 1958, p. 261). 2. [Appliqué à un inanimé] Ce qui renforce l'action d'une chose ou la supplée : 5. L'odorat, coadjuteur et suppléant de la vue en certaines occasions, est presque toujours le premier sens averti du danger et de la présence du feu.
A. Pommier, De l'Athéisme et du déisme,1857, p. 192. Prononc. et Orth. : [kɔadʒytœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787 et Gattel 1841 soulignent qu'on prononce le d. Ds Ac. 1694-1932 uniquement en tant que subst. masc. Étymol. et Hist. I. Coadjuteur fin xiiies. coadjutor (Jean de Meun, Testament, éd. M. Méon : il [li freres] sunt as prelaz per et coadjutors); 1690 (Fur. : Coadjuteur, est aussi un aide dans le ministere & gouvernement ecclesiastique : ce qui a lieu dans plusieurs Maisons Religieuses); 1694 (Ac. : le Pere coadjuteur, le Frere coadjuteur). II. Coadjutrice 1680 (Rich). I empr. au lat. médiév. coadiutor « celui qui aide » (ixes. ds Blaise), spéc. terme de dr. ecclésiastique, xies. ds Mittellat. W. s.v. II fém. de coadjuteur, cf. lat. médiév. coadiutrix, xiies., ibid. Fréq. abs. littér. Coadjuteur : 71. Coadjutrice : 10. DÉR. Coadjutorerie, subst. fém.Charge de coadjuteur ou de coadjutrice. Il s'agissait de pourvoir ses deux petites-filles, (...) d'une coadjutorerie ou d'une abbaye (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 78).− Dernière transcr. ds DG : kò-àd'-ju-tòr'-ri. − 1resattest. 1617 coadjuterie (Merc. franc., 85 ds Quem.); av. 1622 coadjutorie (St François de Sales, Lettres, 65 ds Hug.); 1680 coadjutorerie (Rich.); du rad. lat. de coadjuteur, suff. -erie*. − Fréq. abs. littér. : 4. |