| CLOQUE, subst. fém. A.− Boursouflure de la peau, remplie de sérosité et causée le plus souvent par une brûlure, un frottement ou une piqûre d'insecte. Synon. ampoule, phlyctène : 1. ... chaque matin les moustiques lui piquaient la main gauche, chaque soir il [mon père] perçait les cloques avec un cure-dents japonais et des petits jets d'eau se mettaient à jaillir.
Prévert, Paroles,1946, p. 31. SYNT. Être couvert de cloques; se boursoufler, se gonfler de cloques; se soulever en cloques; percer les cloques. Rem. Ce sens est attesté ds les dict. gén. à partir de la fin du xixes., avec la notation pop. ou fam. qui disparaît des dict. contemporains. − P. métaph. [En parlant d'animés] :
2. Nous en avons assez d'être de simples hommes, des égoïstes nains qui se gonflent en cloques sur un membre de l'univers.
Romains, La Vie unanime,1908, p. 243. − Arg. ou pop. Être en cloque. Être enceinte : 3. Jamais on avait vu des mômes prospérer si bien... si vite que les nôtres, devenir si costauds, musculaires, depuis qu'on bâfrait sans limite! ... (...) Notre terreur c'était la Mésange, qu'elle se fasse foutre en cloque un beau jour par un des arsouilles! ...
Céline, Mort à crédit,1936, p. 606. Rem. Les dict. d'arg. de la fin du xixes. et Nouv. Lar. ill. enregistrent le sens arg. « pet ». B.− P. anal. [En parlant de matières telles que le cuir, le papier, la peinture, la pierre, le plâtre, etc.] :
4. Les vents et les acides de l'air la [la pierre de Portland], rongent, forment une croûte qui se boursoufle en cloques sèches et se détache comme l'écorce du platane. Cette pierre fait peau neuve...
Morand, Londres,1933, p. 111. − ARBORIC. Maladie due à un champignon, qui attaque les feuilles des arbres et plus particulièrement celles du pêcher (cf. L. Plantefol, Cours de bot. et de biol. végétale, t. 1, 1931, p. 402). Rem. La plupart des dict. gén. du xixes. indiquent un emploi techn. dans les blanchisseries de cire, pour désigner le ruban de cire qui se noue quand le cylindre n'est pas partout également chargé d'eau. Prononc. et Orth. : [klɔk]. Ds Ac. 1798-1932. Noter que Ac. 1694-1878 traite sous la vedette cloque uniquement la maladie du pêcher. Pour le sens de « boursouflure de la peau » elle écrit cloche; elle souligne sous cette même vedette en 1932 ,,on dit plutôt aujourd'hui : cloque``. Étymol. et Hist. 1. 1750 bot. « boursouflure qui attaque les feuilles du pêcher » (Traité de la culture des Peschers cité par Ch. Bonnet ds Recherches sur l'usage des feuilles dans les plantes, 2eéd., 1779, p. 246); 1848 technol. « boursouflure dans le verre ou l'émail » (M. Larchevêque, Fabrication industrielle des porcelaines, t. 1, p. 36); 2. 1866 d'abord pop. « ampoule sur la peau » (A. Delvau, Dict. de la lang. verte, p. 83); d'où 1901 arg. « bosse » [en parlant d'une femme enceinte] (Bruant). Forme normanno-pic. de cloche*, qui signifie spéc. en pic. « espèce d'ampoule qui se forme sur l'eau quand il pleut » (Corblet); a remplacé cloche* attesté au sens 2 de 1640 (Oudin Curiositez : cloche aux pieds) à 1932 (Ac.). Fréq. abs. littér. : 16. Bbg. Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 8. |