| CLAIRIÈRE, subst. fém. Espace plus ou moins grand dégarni d'arbres dans un bois, une forêt. Clairière ensoleillée, féerique; déboucher, entrer dans une clairière; traverser la clairière. Au bord d'une clairière qui creuse là dans l'ombre un cirque de lumière (Ch. Guérin, Le Cœur solitaire,1904, p. 111):1. Dans le bois d'Amont, il y a une clairière. Elle est tout près de la lisière; à peine un rideau d'arbres la sépare-t-elle des champs; et c'est comme un grand pré carré, avec une herbe courte et rare, mêlée de mousse et de bois mort, ...
Ramuz, Aimé Pache, peintre vaudois,1911, p. 59. − P. anal. : 2. Les pauvres maisons fumantes, au ras de terre, le ruisseau, les prairies, composaient une clairière de verdure, d'eau et de vie cachée que cernaient de toutes parts les plus vieux pins de la commune.
Mauriac, Le Mystère Frontenac,1933, p. 58. − P. métaph. [L'idée suggérée étant celle de clarté ou de moment privilégié, etc.] Penser, c'est chercher des clairières dans une forêt (Renard, Journal,1894, p. 212).Dans ce grand fleuve de vent qui passe, il y a (...) des clairières d'accalmies (Genevoix, La Boîte à pêche,1926, p. 145).Il [Ferrague] paraissait doucement s'enfoncer dans (...) une grande clairière de souvenirs (Genevoix, Marcheloup,1934, p. 228).Des lieues et des lieues autour de nous de ténèbres vides semblaient nous serrer plus étroitement l'un contre l'autre au cœur de cette clairière d'intimité tiède (Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 28): 3. Vous ne le savez pas, vous autres, mais tout au bout du désespoir, il y a une blanche clairière où l'on est presque heureux.
Anouilh, La Sauvage,1938, III, p. 245. Rem. On rencontre ds la docum. a) Clairiéré, ée, adj.
α) Se dit d'un bois dont beaucoup d'arbres meurent, c'est-à-dire qui est parsemé de beaucoup de clairières. Attesté ds Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e. En définitive le douglas constitue la meilleure essence de reboisement pour la plantation des friches ou des taillis très clairiérés en terrain granitique entre 400 et 700 mètres d'altitude (J. Cochet, Culture, aménagement et amélioration des bois, 1963, p. 44).
β) Disposé en clairière. Attesté ds DG, Guérin 1892, Quillet 1965. Ce sont les parties clairiérées de nos bois entrecoupées de touffes de bruyères, d'ajoncs ou de fougères que le tireur devra battre devant lui (F. Vidron, La Chasse en plaine et au bois, 1945, p. 46). [Avec la forme verbale] Si la futaie est clairiérée et que, dans les clairières apparaissent troènes ou viornes, ce sera pour lui [le faisan] un lieu de délices gastronomiques (F. Vidron, La Chasse en plaine et au bois, 1945, p. 32). b) Les composés
α) Champ-clairière (A. Meynier, Les Paysages agraires, 1958, p. 7).
β) Pré-clairière. Les bestiaux ne pacageaient que dans les prés-clairières (Pourrat, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 130). Prononc. et Orth. : [klε
ʀjε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Av. 1573 (Jodelle, Ode de la chasse ds
Œuvres et Meslanges poetiques, éd. Lemerre, t. 2, p. 303). Dér. de clair*; suff. -ière*. Fréq. abs. littér. : 481. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 408, b) 1 143; xxes. : a) 763, b) 625. |