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CITÉ, subst. fém.
I.− Communauté politique indépendante.
A.− [Dans l'Antiq. et au Moy. Âge] Groupe d'hommes libres constituant une société politique indépendante, ayant son gouvernement, ses lois, sa religion et ses mœurs propres. La cité antique; les cités grecques; les dieux protecteurs de la cité. Il faut bannir de notre République les souvenirs des cités républicaines de la Grèce ou de l'Italie du Moyen Âge (Les Fondateurs de la 3eRépublique, Ferry, 1885, p. 244):
1. Un certain nombre de familles, indépendantes et sans lien entre elles, se partageaient le pays; chacune d'elles formait une petite société que gouvernait un chef héréditaire. Puis ces familles se groupèrent et de leur association naquit la cité athénienne. Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 309.
Droit de cité. Jouissance de tous les droits de citoyen, de membre d'une cité, avec les privilèges qui en découlent :
2. Dans les républiques de l'Antiquité, la petitesse du territoire faisait que chaque citoyen avait politiquement une grande importance personnelle. L'exercice des droits de cité constituait l'occupation et pour ainsi dire l'amusement de tous. Le peuple entier concourait à la confection des lois, prononçait les jugements, décidait de la guerre et de la paix. Constant, De l'Esprit de conquête,1813, p. 204.
Ell. La cité. En accordant la cité à la plupart des Italiens, Rome ne terminait pas la guerre; elle l'introduisait dans ses murs (Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 173).
P. ext. Jouissance des droits politiques suivant les lois du pays (cf. G. Lefebvre, La Révolution fr., 1963, p. 499).
Au fig. Droit d'admission dans un domaine :
3. ... avoir donné droit de cité si égal à chacun de tous mes désirs, les avoir si semblablement accueillis, que tous à présent, à la même heure, prétendent à la première place. Gide, Feuillets,1893, p. 47.
B.− P. anal., mod. [Dans la terminol. jur.] Ensemble des citoyens constituant un corps indépendant soumis à des lois propres. Synon. État, nation, république.Directions démocratiques de la Cité du Vatican (L. Daudet, Bréviaire du journ.,1936, p. 106).
[Souvent empl. avec l'art. déf., au sens gén.] Les lois de la cité; la famille et la cité. Synon. patrie.L'homme, élément politique, membre de la cité (Valéry, Variété III,1936, p. 248):
4. Cher concitoyen − car il n'y a qu'une cité, et en attendant la République universelle, l'exil est une patrie commune − vous avez une grande pensée. J'y adhère avec empressement et joie. Hugo, Correspondance,1855, p. 218.
5. Elles ne se désintéresseront plus des questions vivantes du monde : ce qui était monstrueux, car il n'est pas tolérable qu'une femme, même la plus soucieuse de ses devoirs domestiques, se croie dispensée de songer à ses devoirs dans la cité moderne. R. Rolland, Jean-Christophe,La Nouvelle journée, 1912, p. 1477.
C.− Au fig., style noble
1. Société politique, religieuse idéale (à venir, à laquelle on aspire) ou mystique. Lorsque la cité sans classe sera édifiée, lorsque la cité socialiste sera construite il n'y aura plus aucune opposition entre les hommes (J. Lacroix, Marxisme, existentialisme, personnalisme,1949, p. 33).
Cité idéale :
6. Ils revoyaient, là-bas, quand leurs yeux se troublaient de faiblesse, la cité idéale de leur rêve, mais prochaine à cette heure et comme réelle, avec son peuple de frères, son âge d'or de travail et de repas en commun. Zola, Germinal,1885, p. 1328.
Cité future. ... ce sculpteur ingénu qui, dans la cité future, fait des pipes d'une beauté non pareille parce qu'il les fait avec amour, et qu'il les donne et ne les vend pas (A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 59).
2. P. anal., RELIG. CATH. L'Église du Christ, l'assemblée du peuple de Dieu dont les membres sont citoyens du ciel, le Royaume de Dieu :
7. ... comme chacun de nous est citoyen de deux cités, la cité terrestre et la cité de Dieu, de même chacun de nos actes est un point où viennent interférer une relation au moins possible au bien commun de la cité terrestre, et une relation au bien commun spirituel de la cité des saints, suprême et souveraine gardienne des valeurs morales. Maritain, Primauté du spirituel,1927, p. 41.
En partic.
a) Cité de Dieu
[Sur la terre] Le Royaume de Dieu qui se construit, le peuple de Dieu en marche, l'Église visible. Synon. cité militante, Église militante :
8. L'idéal d'une autre société, l'amour d'une autre cité, leur manquaient [aux Pharisiens]. Loin de chercher, comme dit S. Paul, la cité future, ou, comme dit S. Augustin, la cité de Dieu, ils ne cherchaient que la conservation de la grossière cité juive... P. Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, p. 681.
[Au ciel] L'assemblée des saints, des bienheureux, le Paradis. Synon. cité triomphante, Église triomphante, cité céleste, ciel :
9. Les concerts de la Jérusalem céleste retentissent surtout au Tabernacle très-pur qu'habite dans la Cité de Dieu l'adorable Mère du Sauveur. Environnée du chœur des veuves, des femmes fortes et des vierges sans tache, Marie est assise sur un trône de candeur. Chateaubriand, Les Martyrs,t. 1, 1810, p. 190.
b) Cité céleste. Assemblée des saints avec Dieu au ciel après leur vie terrestre. Synon. cité de Dieu :
10. ... la Cité de Dieu se construit progressivement à mesure que le monde dure, et le monde n'a même d'autre raison de durer que l'attente de son achèvement. De cette cité céleste, c'est-à-dire invisible et mystique, les hommes sont les pierres et Dieu est l'architecte. Gilson, L'Esprit de la philos, médiév.,t. 2, 1932, p. 185.
c) Cité sainte. L'Église sur terre. Nous ne voulons pas nous séparer du corps de l'Église et perdre nos droits de citoyens dans les assemblées de la cité sainte (G. Sand, Lélia,1839, p. 474).
D.− P. ext. Ville en tant que corps politique et/ou administratif; communauté politique, administrative que constituent les habitants, les citoyens d'une ville. Une grande cité :
11. ... toute la distance qui sépare les civilisations rudimentaires d'une civilisation avancée, comme entre la petite ville d'autrefois et les immenses cités que notre époque voit grandir. Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 170.
12. Il s'agissait seulement de donner pendant quelque temps les preuves de sa compétence dans les questions délicates que posait l'administration de notre cité. Camus, La Peste,1947, p. 1251.
II.− P. méton.
A.−
1. [Dans l'Antiq.]
a) Territoire d'une cité. Je passai chez les Treveri, dont la cité est la plus belle et la plus grande des trois Gaules (Chateaubriand, Les Martyrs,t. 1, 1810p. 273).
b) Capitale d'une cité. Une cité grecque. Avenches, Aventicum, cité des Helvètes (P. Lavedan, Qu'est-ce que l'urban.?1926, p. 120).L'antique cité phocéenne (A. Albitreccia, Ce qu'il faut connaître des grands moyens de transp.,1931, p. 121).
2. Mod. [Souvent désigne une ville importante, cité étant alors simple synon. de ville dans le lang. littér., poét.] Ensemble d'édifices. Les cités industrielles, au lieu d'être concentriques, deviendront donc linéaires (Le Corbusier, La Charte d'Athènes,1957, p. 59):
13. Et le recueillement était profond, comme si toute la vieille cité devenait un prolongement de la cathédrale. Seuls, des bruits de voitures montaient de Beaumont-la-Ville, la cité nouvelle... Zola, Le Rêve,1888, p. 116.
[En parlant d'une ville anc., souvent fortifiée] Un « quartier de la gare », aux activités nouvelles, a doublé souvent l'ancienne cité (J.-A. Lesourd, C. Gérard, Hist. écon., XIXeet XXes.,t. 1, 1968, p. 268):
14. ... ils traversèrent tout d'une traite la ville basse, s'élancèrent, ceci fait, à l'assaut de la ville haute, vieille cité Renaissance bâtie en flanc de butte, dominant de haut sa cadette, restée intacte... Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, II, 5, p. 145.
Cité sainte. Centre religieux capital, lieu de pèlerinage, lieu d'origine d'une religion. En partic. Jérusalem :
15. Ah! oui, dans l'imagination d'un Juif de l'Europe orientale, cela existe l'amour de Sion! Jamais le cœur du peuple dispersé n'a cessé de soupirer vers la sainte cité de David. L'an prochain, à Jérusalem! J. et J. Tharaud, L'An prochain à Jérusalem!1924, p. 54.
P. métaph. [En parlant de la Jérusalem nouvelle de l'Apocalypse] Le Paradis, lieu de l'assemblée des bienheureux. Et moi, Jean, je vis la Cité sainte, la Jérusalem nouvelle qui descendait du ciel à côté de Dieu, comme une épouse qui s'est parée pour son époux! (Claudel, Poésies diverses,Les 2 cités, 1952, p. 845).
Les Chevaliers bienfaisants de la Cité sainte. Les Templiers (cf. P. Naudon, La Franc-maçonnerie, 1963, p. 103).
B.− Spécialement
1. [Dans certaines villes comme Paris, Londres, Carcassonne] Le quartier le plus ancien de la ville, le centre primitif de la ville. Synon. cité-mère (cf. Bernanos, L'Imposture, 1927, p. 506).Un office de commerce dans la Cité de Londres (J. et J. Tharaud, Dingley, l'illustre écrivain,1906, p. 11).L'île de la Cité avec le Palais et la Sainte-Chapelle (P. Lavedan, Qu'est-ce que l'urb.?1926, p. 195):
16. Au quinzième siècle, Paris était encore divisé en trois villes tout à fait distinctes et séparées, ayant chacune leur physionomie, leur spécialité, leurs mœurs, leurs coutumes, leurs privilèges, leur histoire : la Cité, l'Université, la Ville. La Cité, qui occupait l'île, était la plus ancienne, la moindre, et la mère des deux autres... Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 138.
ARCHÉOL. Cités lacustres. Villages sur pilotis au milieu de lacs (cf. M. Boule, Conf. de géol., 1907, p. 209).
2. P. ext.
a) Agglomération de maisons individuelles formant un ensemble clos.
[Au centre d'une grande ville, p. ex. à Paris] Cité Bergère (Hugo, Correspondance,1872, p. 328).Cité Trévise (Mallarmé, Vers de circonstance,Les Loisirs de la poste, 1898, p. 94).
[À la périphérie, dans la banlieue] Cités résidentielles (Les Gds ensembles d'habitation,1963, p. 35).Une petite maison de la cité des Jasmins, à Auteuil (A. France, Le Lys rouge,1894, p. 88):
17. Jaurès assassiné. Je suis allé dès le matin chez lui, porter une lettre à sa fille. Une cité de villas à Passy, quelques agents à la grille de cette cité. Je vais à la maison, une petite maison, un jardinet de deux mètres devant où se tiennent deux militants. Barrès, Mes cahiers,t. 11, 1914-18, p. 86.
b) Agglomération de pavillons ou d'immeubles à destination particulière.
Cité + adj.
Cité administrative (G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France, 1967, p. 229).
Cité ouvrière (pour loger les familles d'ouvriers à proximité d'une usine). Il est capable de fonder une usine, un entrepôt et une cité ouvrière tout autour (Miomandre, Écrit sur de l'eau,1908, p. 195).Les petits jardins qui entourent les maisons de brique des cités ouvrières (Bernanos, La Joie,1929, p. 654).
Cité universitaire (pour loger les étudiants à proximité d'une faculté). Un air léger de printemps, tout parfumé de l'arome des premiers arbustes en fleurs, enveloppait la tranquille cité universitaire (P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 163).
Cité + subst.
Cité-dortoir (pour loger des pers. à proximité de leur ville de travail). Les inconvénients des cités dortoirs (Les Gds ensembles d'habitation,1963, p. 22).P. anal. Cité d'abeilles. Ruche. Atfeh est une simple ville arabe (...) avec de petites cours intérieures abritées par des paillassons déchiquetés, ce qui leur donne de loin l'apparence d'une grande cité d'abeilles (Du Camp, Le Nil,1854, p. 25).
Cité + compl. déterminatif
Cité de transit, d'urgence (pour loger provisoirement des pers. qui attendent un logement neuf en cours de constr.). Cf. Admin. 1972.
Prononc. et Orth. : [site]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. citer. Enq. : /site/. Étymol. et Hist. I. 1. 950-1000 ciutat « ville » (St Léger, éd. J. Linskill, 141); milieu xies. Rome la ciptet (Alexis, éd. Ch. Storey, 42); ca 1100 cité (Roland, éd. Bédier, 238); 2. 4equart xives. « partie la plus ancienne d'une ville » ici l'île de la Cité à Paris (J. Froissart, Chron. [année 1382], éd. S. Luce et G. Raynaud, t. 10, p. 152); 3. 1829 « groupe de maisons formant un ensemble clos à l'intérieur d'une ville » (Boiste); 1876 « ou ayant la même destination » (Zola, Son Excellence E. Rougon, p. 171 : M. Bejuin parlait de créer une cité autour de sa cristallerie); cf. 1878 cité ouvrière (Ac.). II. 1. 1440-75 « territoire dont les habitants se gouvernaient par leurs propres lois, corps des citoyens » (G. Chastellain, Chron., V, 327, II ds Heilemann Chastellain, pp. 142-143); 1753 polit. droit de cité (Encyclop. t. 3); 1829 fig. (Hugo, Les Orientales, p. 4 : tout a droit de cité en poésie); 2. av. 1630 « société idéale » (D'Aubigné, Tragiques, livre 7 ds Œuvres, éd. Reaume et de Caussade, t. 4, p. 301 : la cité de vie); 1690 cité céleste (Fur.). Du lat. class. cīvǐtas « ensemble des citoyens qui constituent une ville; cité, état ». Fréq. abs. littér. : 4 170. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 686, b) 8 541; xxes. : a) 5 392, b) 5 066. Cité-mère : 6. Bbg. Baader (H.). Einige Bemerkungen zur Geschichte der Wörter cité. In : [Mél. Gamillscheg (E.).]. München, 1968, pp. 36-48. − Bruppacher (V.). Zur Geschichte der Siedlungsbezeichnungen im Galloromanischen. Vox rom. 1962, t. 21, p. 26. − Chaurand (J.). Notes à propos de qq. distinctions médiév. : cité... R. intern. Onom. 1963, t. 15, pp. 169-172; 1964, t. 16, no4, pp. 241-243. − Goug. Mots. t. 1. 1962, p. 154, 182-183. − Gougenheim (G.). Notes sur le vocab. de Robert de Clari et de Villehardouin. Romania. 1944-1945, t. 68, pp. 401-421. − Whitton (D. F.). Cities and Citizens in English and French usage. In : [Mél. Ewert (A.)]. Oxford, 1961, p. 232.