| CIRAGE, subst. masc. A.− Action de cirer, résultat de cette action : 1. Garde Paradis et la cuisinière; mais forme-le au service, au cirage, et surtout à supérieurement faire mes appartements.
Balzac, Correspondance,1832, p. 105. − Spéc., TEXT. 1. ,,Opération qui consiste à enduire de cire un fil de lin retors`` (Guérin 1892). 2. Opération qui consiste à préparer des toiles cirées. Rem. Attesté ds Besch. 1845, Guérin 1892, DG, Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop., Ac. 1932, Rob. B.− P. méton. Composition pâteuse ou liquide que l'on applique sur les cuirs pour les entretenir et les faire briller. Boîte à cirage, brosse à cirage. Je vous engage à noircir vos bottes avec votre encre afin de ménager votre cirage (Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 269).Signalons la possibilité d'intoxication par certains cirages contenant de l'aniline (Macaigne, Précis d'hygiène,1911, p. 180). − En partic. Cirage noir. Puis cet homme charmant, qui avait des centaines de têtes de bétail noble, des centaines d'hectares, et était grand d'Espagne, tira d'un coffret un chiffon noirci de cirage, et donna un petit coup à ses bottines (Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 443). ♦ Noir comme du cirage. Très noir. C.− Fam. et arg. Être dans le cirage. Être noir, être ivre. − P. ext. Être dans une demi-conscience sous l'effet d'une maladie, d'un choc, de l'ivresse, etc.; être dans une situation difficile. Quand on a une culture politique et l'habitude des coups durs, c'est facile de mépriser les pauvres gars qui sont dans le cirage (Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 264): 2. Il ne voulait donc pas lui réjouir trop le cœur en lui avouant qu'il allait se trouver dans le cirage...
Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 126. ♦ AVIAT. Ne plus rien voir. D.− Emplois partic. 1. Vieilli, B.-A. ,,Tableau peint en camaïeu de couleur de cire jaune`` (Ac. 1835, 1878). 2. MAR. Synon. de ciré (cf. Gruss 1952; attesté ds Nouv. Lar. ill.) : 3. On était fort occupé dans la maison. Sur une grande table bien blanche, on taillait déjà à la pièce, dans du coton neuf, des costumes appelés cirages, pour la prochaine saison d'Islande.
Loti, Pêcheur d'Islande,1886, p. 96. Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. cirageux, euse. Qui a l'aspect d'un cirage (cf. supra D 1). Cela [des Manet] fait plutôt aujourd'hui l'effet d'une honnête peinture un peu cirageuse (Toulet, Notes sur l'art, 1920, p. 17). Prononc. et Orth. : [siʀa:ʒ]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. 1557 « action d'enduire de cire » ([1reéd. 1555] [B. Aneau] Trésor de Evonime, Table des choses notables ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 454 : Cirage de vaisseau); 2. 1680 « composition servant à nettoyer et à lustrer le cuir » (Rich.); 3. 1950 être dans le cirage, en plein cirage « être en état d'ivresse » (cité ds Esn.); 1935 « être dans une situation difficile » (ibid.); cf. 1935 (A. Simonin, J. Bazin, Voilà taxi! p. 223 : être en pleine vappe [misère noire] ... être dans le cirage). Dér. de cire*; suff. -age*. Fréq. abs. littér. : 72. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, pp. 209-210. − Quem. 2es. t. 4 1972. |