| CIGARE, subst. masc. A.− Petit cylindre formé de feuilles de tabac enroulées autour d'autres feuilles entières ou en morceaux grossièrement hachés. Allumer, fumer un cigare. À la fin d'un dîner d'hommes, à l'heure des interminables cigares et des incessants petits verres, dans la fumée et l'engourdissement chaud des digestions (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Magnétisme, 1882, p. 776).Du café, une fine, un bon cigare (Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 47): 1. Sam Latour, assis contre le poêle qui ronflotait, fumait un cigare, rejetant la fumée en cercles dont il suivait la marche vers le plafond d'un œil satisfait.
G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 178. SYNT. Bague, cendre, fumée de cigare; boîte de cigares; étui à cigares; avoir un cigare à la bouche, aux lèvres. Rem. L'emploi du mot au fém. est pop. et vx (cf. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 4, 1813, p. 94; Les Omnibus du langage, 1835; M. Pomier, Loc. vicieuses de la Haute-Loire, 1835, p. 168). − P. méton. ♦ Vx. Tabac de Cuba. Rem. Attesté ds Ac. 1835, Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Nouv. Lar. ill. ♦ Fam. Fumée de cigare. Une odeur de cigare froid (Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1236).Ma chambre empeste le cigare froid (Mauriac, Les Mal Aimés,1945, III, 1, p. 222). B.− P. anal., MÉD. Petit cylindre formé de feuilles d'une plante autre que le tabac, enroulées autour d'autres feuilles entières ou en morceaux grossièrement hachés. Cigare de belladone, d'eucalyptus : 2. Les cigares médicinaux ont pour but de faire pénétrer [dans les voies respiratoires] des principes médicamenteux entrainés avec la vapeur de ces cigares ou produits par une combustion incomplète.
A. et G. Bouchardat, Nouv. formulaire magistral,1894, p. 80. C.− Arg. Tête. Se creuser le cigare (A. Le Breton, Du Rififi chez les hommes,1953, p. 196).L'inquiétude (...) qui m'avait sourdement travaillé le cigare (A. Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 182). Rem. On rencontre ds la docum. a) Cigarerie, subst. fém. Manufacture des tabacs. Dans cette manufacture de Séville travaillent aussi quelques centaines de mules. On les emploie à tourner des machines qui hachent le tabac. Ainsi la cigarerie est bien un résumé de cette Andalousie qui vaut par ses fruits, ses fleurs, ses mules et ses femmes (Barrès, Du Sang, de la volupté et de la mort, 1893, p. 156). b) Cigarite, subst. masc. Petit cigare. J'aime (...) Prolonger jusqu'au soir la sieste favorite; Fumer le calumet, l'odorant cigarite (P. Borel, Rhapsodies, 1811, p. 36). c) Cigarret, subst. masc. Petit cigare. Le ponche et le cigarret, pour lesquels Albert avait une foi religieuse (P. Borel, Champavert, Passereau, l'écolier, 1833, p. 184). d) Cigarro, subst. masc. Cigare. Pépé-la-Vache (...) arrivait devant un bistro du faubourg Montmartre où de singuliers personnages paraissaient l'attendre en allumant des cigarros (F. Carco, Jésus-la-Caille, 1914, p. 128). Prononc. et Orth. : [siga:ʀ]. Ds Ac. 1835-1932. Cigarre ds Land. 1834. Étymol. et Hist. [1688 cigarro (Oexmelin, Hist. des Avanturiers, des Boucaniers et de la Chambre de Comm. établie dans les Indes, t. II, p. 13 [à propos de Cuba] ds König, p. 68 : On fait de ces feuilles de Tabac [...] des petits boulets roulez que les Espagnols nomment Cigarros, qui se fument sans pipe)]; 1722 cigale (Labat, Nouveau Voyage aux Isles de l'Amérique, p. 524 ds Fried., s.v. cigarro) − 1771 (Trév.); 1770 cigare (Dom Pernetty, Hist. d'un Voy. aux Isles Malouines, t. 1, p. 273 ds König, p. 68); 1834 cigarre (T. Gautier, Préface de Mademoiselle de Maupin, éd. Matoré, p. 32). Empr. à l'esp. cigarro « id. », attesté dep. ca 1610 (Oquendo d'apr. Cor.), d'orig. incertaine : − soit empr. au maya zicar « fumer » (Fried., s.v. cigarro; K. Nyrop, Ling. et hist. des mœurs, Paris, 1934, pp. 144-149; G. Stahl ds Z. für Ethnol., t. 42, pp. 45-111; König, pp. 68-70; Bl.-W.5; FEW t. 20, p. 85), − soit masc. tiré de cigarra « cigale » p. compar. de forme et de couleur (Cor., s.v. cigarro; König, loc. cit.; Loewe ds Z. vergl. Sprachforsch., t. 61, p. 65). Fréq. abs. littér. : 1 201. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 946, b) 2 953; xxes. : a) 2 169, b) 1 412. DÉR. Cigarière, subst. fém.Ouvrière travaillant à la confection des cigares. La manufacture de tabac (...) et les cigarières qui se crêpent le chignon (Mauriac, Journal 2,1937, p. 126).− [sigaʀjε:ʀ]. − 1reattest. 1869 « ouvrière qui fabrique les cigares » (Lar. 19e); de cigare, suff. -ière*. − Fréq. abs. littér. : 6. BBG. − Boulan 1934, p. 67. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 97. − Hasselrot 1957, p. 172. − Mat. Louis-Philippe 1951, pp. 96-98; p. 222. − Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 126. |