| CIBOIRE, subst. masc. A.− ARCHÉOL. CHRÉT. Baldaquin à colonnes élevé au-dessus du maître-autel d'une basilique chrétienne : 1. L'Italie (...) montre (...) de remarquables ciboires de la période gothique, (...) [celui] de Sainte-Cécile au Transtevère (...) est entièrement construit au marbre blanc (...) il est placé au-dessus du martyrium.
A. Lenoir, Archit. monastique,t. 2, 1856, pp. 256-257. Rem. On rencontre ds la docum. le synon. ciborium, subst. masc. (cf. A. Lenoir, Archit. monastique, t. 2, 1856, p. 257), qui désigne aussi par ext., hors du domaine relig. et rarement, le « couronnement d'un siège ». Cathèdre à ciborium (cf. J. Péladan, Le Vice suprême, 1884, p. 304). B.− LITURG. Vase sacré en forme de calice couvert, fait de métal précieux, où sont déposées les hosties consacrées destinées à la communion des fidèles. Le saint ciboire (cf. absolutionnel et calice I B 1) : 2. Le vieux curé, tenant en main le ciboire d'argent doré, passait devant eux [les enfants], leur offrant, entre deux doigts, l'hostie sacrée, le corps du Christ, la rédemption du monde.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Maison Tellier, 1881, p. 1196. Rem. La docum. atteste l'adj. masc. ciborial « du ciboire ». Les mystérieux éclats de l'or ciborial sous le cierge (Valéry, Correspondance [avec Gide], 1890, p. 41). − [Mis pour calice (cf. ce mot I B 1)] Rare. Ce prêtre rejetait la gorgée au ciboire (Hugo, La Légende des siècles, t. 6, La vision de Dante, 1883, p. 360).Cet autre boit le vin consacré du ciboire (Leconte de Lisle, Poèmes tragiques,Le Lévrier de Magnus, 1886, p. 131). − [Employé comme interj. (cf. Dieu!)] Rare : 3. ... J'en ai assez d'être guetté comme ça : quand tu serais mon père et ma mère, ciboire, ça ne serait pas pire (...) Je calcule quatre jours pour me guérir de ton violon, de tes histoires, de tes ronflottements quand tu dors...
Genevoix, Match à Vancouver,Laframboise et Belle-humeur, 1942, p. 45. − P. ext., rare. Ce cœur de Marat eut pour ciboire une pyxide précieuse du garde-meuble (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 377). − P. métaph. Un grimpereau, cherchant à boire, Vit un arum, parmi le thym, Qui dans sa feuille, blanc ciboire, Cachait la perle du matin (Hugo, Les Chansons des rues et des bois,Ama, 1865, p. 216): 4. Vie, vérité, mensonge, amour, haine, fiel et vinaigre mêlés ensemble dans mon ciboire, oui, l'univers, c'était moi.
Quinet, Ahasvérus,épilogue, 1833, p. 400. Prononc. et Orth. : [sibwa:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 archit. civoire « toiture voûtée, voûte » (Eneas, 446 ds T.-L.); 1288 [date du ms. Bibl. nat. fr. 375 source de la var.] ciboire (H. de Paris, Alexandre, éd. H. Michelant, 334, 17, var.). seulement au Moyen Âge; 2. 1165-70 civoire « dais soutenu par des colonnes [ici surmontant un tombeau] » (B. de Ste-Maure, Troie, 16707 ds T.-L.), évincé par ciborium* dep. le xixes.; 3. 1382 cibore « vase sacré renfermant l'Eucharistie » (A.N. MM 31, fo88 vods Gdf. Compl.). Le lat. impérial ciborium empr. au gr. κ
ι
ϐ
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ν « fruit du nénuphar » et « coupe ayant la forme de ce fruit » désigne une coupe : 3 lui est empr.; 2 est empr. au lat. eccl. ciborium « dais surmontant l'autel d'une basilique ou la sépulture d'un saint », v. Cabrol, Leclerc, Dict. d'archéol. chrét. et de liturgie; 1 bien que plus anc., est une ext. de 2. Fréq. abs. littér. : 92. |