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CHÊNE, subst. masc.
A.− BOT. et SYLVIC.
1. Arbre de nos forêts, à feuilles caduques, dont le fruit est le gland, réputé par sa haute taille, sa longévité et la qualité du bois qu'il fournit. Le fruit du chêne (v. gland); pomme de chêne (v. galle [noix de]); le chêne, roi des forêts :
1. Ces derniers temps il avait tout laissé. Il restait au coin du feu, ou bien, quand il faisait soleil, il s'asseyait au pied du chêne, du côté du Levant, sous le vent... Pesquidoux, Le Livre de raison,1932, p. 249.
Spéc. Chêne rouvre, chêne blanc ou chêne-truffier, chêne rouge; (espèces à feuilles persistantes) chêne vert (synon. yeuse, )cf. J. Cochet, Culture, aménagement et amélioration des bois, 1963, p. 32).
2. P. méton. Bois de chêne (utilisé pour le chauffage, le tonnelage, l'ameublement). Une salle à manger, un parquet en chêne; une armoire de chêne.
B.− [Le chêne comme symbole]
1. [P. réf. au caractère sacré du chêne dans la myth. gréco-lat. ou chez les Celtes] Les chênes du sanctuaire de Zeus à Dodone; les nymphes des chênes (cf. dryade); les chênes druidiques :
2. ... la jeune femme semblait sortir toute nue de sa gaine de tulle et de satin, pareille à une de ces nymphes dont le buste se dégage des chênes sacrés... Zola, La Curée,1872, p. 336.
Couronne de chêne. Récompense aux vainqueurs des Jeux Néméens, aux héros chez les Romains. Képi à feuilles de chêne des généraux :
3. ... s'avançait lentement, sur les têtes des citoyens, un homme au teint bilieux, le front ceint d'une couronne de chêne, le corps enveloppé d'une vieille lévite verte à collet d'hermine. A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 55.
2. [P. réf. à la longévité de l'arbre ou à la dureté de son bois] Solide comme un chêne. D'une santé à toute épreuve. Pousser, être fort comme un chêne. Le chêne et le roseau. J'ai vu la mort de plus près que vous, et je me porte comme un chêne (About, Le Roi des montagnes,1857, p. 124):
4. Regarde notre arbre : il ne compte que cinq générations, il n'a pas même l'importance d'un brin d'herbe, au milieu de la forêt humaine, colossale et noire, dont les peuples sont les grands chênes séculaires. Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 118.
Prononc. et Orth. : [ʃ ε:n]. Ac. 1694 et 1718 : anc. graph. chesne; Ac. 1740-1932 : graph. mod. avec l'accent circonflexe marquant la disparition de s implosif et contribuant à maintenir la durée longue de la syll. (cf. G. Straka, Syst. des voyelles du fr. mod., Strasbourg, Inst. de Phonét., 1950, p. 31 et Buben 1935, § 24). Homon. chaîne. Étymol. et Hist. Fin xies. judéo-fr. chasne, chaisne, chesne (Raschi Blondh., § 199 et 607); 1160 chasne (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 1921); ca 1170 chaidne (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 18); 1177-88 chaisne, chesne (Chr. de Troyes, Perceval, éd. W. Roach, 6528-6529); ca 1225 désigne le bois tiré de cet arbre chainne (G. de Coinci, éd. V. F. Koenig, I Mir. 11, 1466); 1600 chesne-vert (O. de Serres, 794 et 795 ds Littré). L'a. fr. chasne est issu de *cassanus attesté sous la forme casnus (866 ds Nierm.; v. aussi Du Cange t. 2, p. 203c) prob. d'orig. gaul. (REW3, no1740) ou pré-gaul. (v. FEW t. 2, p. 461b). D'apr. Ascoli ds Archivio glottologico italiano, t. 11, pp. 425-427 *cassanus serait le représentant gaul. du gr. κ α ́ σ τ α ν ο ς (châtaigne*), v. aussi Hubschmid fasc. 2, p. 104. Les formes chaisne, chesne sont plus prob. issues d'un croisement avec fraisne, frêne (v. G. Tuaillon cf. bbg.) que d'un type *caxinu (Fouché, p. 816; v. aussi Cor., s.v. quejigo); chêne-vert est composé de chêne et de vert*. Fréq. abs. littér. : 2 686. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 490, b) 4 461; xxes. : a) 3 979, b) 2 807.
DÉR. 1.
Chêneau, subst. masc.Jeune chêne. De jeunes chêneaux de trois pieds (J.-J. Baudrillart, Nouv. Manuel forestier,trad. de Burgsdorf, 1808, p. 128).[Les dict. attestent un synon. chênette, subst. fém.] [ʃ εno]. Lar. Lang. fr. transcrit [e] fermé. À ce sujet cf. chênaie. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. Chesneau. Ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. 1resattest. 1323 pic. kaisniel (Delb., Rec. ds Quem.); 1551 chesneau (Comptes Chenonceau, 129 ds IGLF); de chêne, suff. -eau*. Fréq. abs. littér. : 1.
2.
Chêneteau, subst. masc.Jeune chêne ou baliveau de chêne. Célestin lui avait même construit là, derrière les chêneteaux, au bord de la rivière, un kiosque où elle pouvait se reposer (Châteaubriant, M. des Lourdines,1911, p. 185).On rencontre ds la docum. chênetière, subst. fém. Endroit peuplé de chêneteaux. Le Rouge (...) prit solitairement son buisson. Il choisit une jeune taille (...) une chênetière au bord d'un ruisseau (Genevoix, La Dernière harde, 1938, p. 152). Dernière transcr. ds DG : chèn'-to. Ac. Compl. 1842 et Lar. 19eenregistrent également la vieille forme chenneteau. 1resattest. 1544 chesneteau (J. Martin, trad. de l'Arcadie de Sannazar, 28 rods Hug.) − 1611, Cotgr.; 1743 chêneteau (Trév.); qualifié de ,,vx`` par Lar. 20e; de chêne, suff. -eau élargi en -eteau*.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 19, 21. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 179, 307. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 110. − Tuaillon (G.). Chêne et frêne en gallo-roman. R. Ling. rom. 1971, t. 35, no137/138, pp. 106-130.