| * Dans l'article "CHOISIR,, verbe." CHOISIR, verbe. I.− Emploi trans. A.− [Le suj. désigne une pers.; le compl. désigne une pers. ou un inanimé concr. ou abstr.] Prendre quelqu'un ou quelque chose de préférence à un(e) autre en raison de ses qualités, de ses mérites, ou de l'estime qu'on en a. Ce moment est bien choisi (Michelet, Journal,1849, p. 24).Lantier déclara (...) en choisissant les termes (Zola, L'Assommoir,1877, p. 600): 1. Heureuse que je suis! c'est lui qui m'a choisie ce soir entre toutes les autres jeunes filles...
Claudel, Le Père humilié,1920, I, 1, p. 486. 2. ... sa main cherchait dans sa poche un caillou : (...) Il en choisit un au toucher, rond, un peu aplati, qui adhérait exactement à la courbure de son index.
Genevoix, Raboliot,1925, p. 299. − En partic. [Le suj. désigne Dieu; le compl. désigne une pers.] Élire, prédestiner quelqu'un à Son service, remplir une fonction qui correspond à Ses vues. Notre-Seigneur avait besoin d'un témoin, et j'ai été choisi, faute de mieux sans doute, ainsi qu'on appelle un passant (Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1168): 3. Et sans doute possède-t-il [Flaubert] quelques-unes des vertus que Dieu exige de ceux qu'Il a choisis : haine du monde, goût de la solitude, du renoncement, détachement, persévérance...
Mauriac, Mes grands hommes,1949, p. 174. B.− Locutions 1. Choisir de l'œil. Distinguer du regard ce qu'on préfère. Rem. Attesté ds Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Littré, Guérin 1892. 2. Loc. proverbiale. Entre deux maux, il faut choisir le moindre. Rem. 1. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. dont Ac. 1878 ainsi que ds Lar. 20e, Ac. 1932 et Rob. 2. On rencontre ds la docum. un emploi pronom. rare : Il ne faut pas lui conseiller [à M. de Balzac] de se choisir, de se réprimer (Sainte-Beuve, Portraits contemporains, t. 2, 1846-69, p. 343). II.− Emploi trans. et intrans. ou abs. A.− [Le suj. désigne une pers.] Se décider, se déterminer entre deux ou plusieurs choses; opter pour un parti, pour une solution. Le sage veut choisir (Delille, L'Homme des champs,Premier chant, 1800, p. 38).Je peux choisir (Maupassant, Contes et nouvelles,Un cas de divorce, t. 2, 1886, p. 1071): 4. Dans l'embarras de savoir quelle est l'opinion la plus vraie, il faut choisir la plus honnête. Il y a des opinions qui viennent du cœur, et quiconque n'a aucune opinion fixe, n'a pas de sentiments constants. N'ayons que les opinions compatibles avec d'excellents sentiments. Le sentiment est juge en bonne logique, même dans les choses intellectuelles.
J. Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 371. 5. L'une des préoccupations dominantes des entrepreneurs de premier rang, des chefs de puissants groupements économiques est précisément de choisir avec pertinence les chefs économiques de second rang.
Perroux, L'Écon. du XX s.,1964, p. 623. B.− Loc. proverbiales. À force de choisir, on prend souvent le pire. Souvent qui choisit prend le pire. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. dont Ac. 1798 ainsi que ds Lar. 20eet Rob. − Allus. littér. Devine si tu veux, choisis si tu l'oses (Corneille, Héraclius,1647, IV, 5). Rem. Attesté ds Lar. 19e-20e, Littré, Rob. SYNT. Le candidat choisit; droit, soin de choisir; libre de choisir; choisir un exemple, le moment; choisir la meilleure part, une place, une solution; choisir arbitrairement, convenablement, judicieusement, librement. C.− [Constr. prép.] 1. Emploi trans. Choisir + pour + subst.[Choisir]Pour gîte (T. Gautier, Tra los montes, Voyage en Espagne, 1843, p. 80); [Choisir] pour chef (Ambrière, Les Grandes vacances, 1946, p. 39); [Choisir] pour maître (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 412). Choisir + de + inf.[Choisir] De se soumettre, de servir (Mauriac, La Vie de Jean Racine, 1928, p. 203). Choisir qqn, qqc.;[Choisir] parmi/entre d'autres (cf. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, p. 1266).Victime qui (...) n'a point été choisie parmi les princes et les rois (Chateaubriand, Les Martyrs,t. 1, 1810, p. 195).On choisit parmi les rêves ceux qui vous réchauffent le mieux l'âme (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 253).Les juges sont choisis parmis les avocats en renom (MorandLondres,1933, p. 254). Rem. Noter chez Hugo, Hernani, 1830, I, 2, p. 11 : Il faut choisir des deux, l'épouser, ou me suivre. 2. Emploi intrans. ou abs. Choisir entre. Choisir entre trois ou quatre partis (Maeterlinck, La Vie des abeilles,1901, p. 176).Choisir entre deux façons de voir (G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 110): 6. C'est dire qu'ils ont suivi des chefs, qu'ils ont choisi entre deux politiques, qu'ils ont pris parti contre la collaboration...
Mauriac, Le Bâillon dénoué,1945, p. 459. Prononc. et Orth. : [ʃwazi:ʀ], (je) choisis [ʃwazi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 coisir « distinguer, voir distinctement » (Alexis, éd. C. Storey, 174) − 1611, Cotgr.; 1509 choisir de l'œil « voir, apercevoir » (Lemaire de Belges, Illustr., II, 16 ds Hug.), syntagme bien attesté au xvies.; à nouv. recensé par Ac. 1835; 2. 1177-79 « prendre de préférence » (Chrétien de Troyes, Charrette, éd. M. Roques, 288). Issu, de même que l'a prov. causir (ca 1070, Chanson de Ste Foy, éd. A. Thomas, 232), du got. kausjan « goûter, examiner; éprouver » (Feist) auquel se rattache l'all. kiesen « choisir » (Kluge20) et dont les dér. sont aussi attestés au sens 1 en Italie du Nord (FEW t. 16, p. 303b; REW3, no4685); le sens 2 semble s'être seulement développé en gallo-roman. Fréq. abs. littér. : 5 054. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 607, b) 5 898; xxes. : a) 5 965, b) 9 108. DÉR. Choisisseur, subst. masc.Celui qui choisit (cf. L.-B. Picard, Théâtre, t. 8, Les Charlatans et les compères, 1820, p. 401). Dans les caves (...) deux choisisseurs miraient les bouteilles vieillies (Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 171).− [ʃwazisoe:ʀ]. − 1resattest. a) ca 1170 adj. « qui voit » oil choisisseor (B. de Ste Maure, Norm., éd. C. Fahlin, 3716), attest. isolée; b) 1509 subst. « celui qui choisit » (Lemaire de Belges, Illustr., I, 33 ds Hug.), rare; à nouv. en 1738 (Abbé de St Pierre, Nouv. plan de gouv., p. 140 ds Littré); 1866 subst. fém. choisisseuse « femme employée au découpage des chiffons dans une papeterie » (Lar. 19e); du rad. du part. prés. de choisir aux sens de « voir, distinguer » et de « faire un choix », suff. -eur2*. − Fréq. abs. littér. : 2. BBG. − Brüch 1913, p. 74. − Darm. Vie 1932, p. 155. − Deninon (P.). Choisir, élire. Déf. lang. fr. 1966, no35, pp. 22-24. − Duch. Beauté. 1960, p. 145. − Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 19. − Walt. 1885, p. 82. |