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CHAUME, subst. masc.
A.− BOT. Tige des graminées, cylindrique, creuse, garnie de nœuds et rarement ramifiée. Les fils virent ployer le chaume sous les grains (Jammes, Les Géorgiques chrétiennes,Chants 1 à 4, 1911, p. 10).
B.− Spéc., AGRIC., cour. Partie de la tige des céréales qui reste sur pied après la moisson. Chaume d'avoine, de blé, de seigle (cf. paille). Une de ces collines basses couvertes de chaume coupé ras, qui après la moisson ressemblent à des têtes tondues (Hugo, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 88).Ces dards de porc-épic que sont les chaumes des graminées (Gide, Le Retour du Tchad,1928, p. 979):
1. Le blé tombe; elle va, courbant les reins. Son bras D'un geste calme fauche à pleins faisceaux les tiges. Elle avance; derrière elle le chaume est ras : Les pauvres seuls pourront glaner sur ses vestiges. Ch. Guérin, Le Cœur solitaire,Recueil 5, 1904, p. 115.
Rem. Ds la docum., le mot est empl. aussi souvent au sing. qu'au pluriel.
P. métaph. Des yeux bleus dans un rond visage cuit, sous des cheveux blonds en chaume raide (Colette, Le Blé en herbe,1923, p. 19):
2. Le cheveu devenu rare et sec, l'artiste, couvert de chaumes, est mûr pour le silence, ou les salons, qui reviennent au même. Camus, L'Envers et l'endroit,1937, p. 13.
P. méton. Champ de chaume. À l'angle du chaume d'avoine et de la prairie de Fonteneilles (R. Bazin, Le Blé qui lève,1907, p. 267):
3. Vous savez ce que c'est qu'un chaume. Dans les anciennes grandes manœuvres, n'est-ce pas, un chaume c'était une espèce de grande brosse à l'envers sur laquelle on marchait, une brosse immense, à perte de vue. Couchée sur le dos,... Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo,1910, p. 685.
C.− Spéc. Paille couvrant le toit de maisons rurales (cf. chaumière). Toit de chaume. Dix maisons (...) celles-ci coiffées de chaume et celles-là d'ardoises (Maupassant, Bel-Ami,1885, p. 222):
4. ... le lutin attentif (...) resserre les chaumes du toit à mesure qu'un vent obstiné les divise, ... Nodier, Trilby,1822, p. 132.
5. ... des cases à toit pointu, d'un chaume tout différent que celui des toits précédents (dont on enlève une poignée pour faire torche), d'un chaume plus menu, plus souple, formant tignasse non égalisée et tombant en franges au bord du toit (aspect très indochinois) − couvrant le toit en éteignoir. Gide, Le Retour du Tchad,1928, p. 989.
P. méton., littér.
1. Toit de chaume. Les maisons des paysans, coiffées d'un chaume poli par le temps (Maurois, Les Silences du colonel Bramble,1918, p. 16):
6. Chez les Septmance, elles sont quatre filles, trois garçons, des cousins, le tout abrité sous un chaume ancien et fleuri, au bord d'une route. Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 104.
2. Chaumière. Un doux être (...) habitant (...) Un vieux chaume croulant qui s'étoile le soir (Hugo, Les Contemplations,t. 3, 1856, p. 128):
7. On finit par les découvrir [la mère et l'enfant] chez le père d'Irma, dans un affreux petit chaume, à la lisière de la forêt de Rambouillet... A. Daudet, Les Femmes d'artistes,1874, p. 217.
3. Symbole des pauvres, des simples. Être né, vivre sous le chaume. L'homme qui repose sous le chaume et l'homme entouré du faste de l'opulence (La Martelière, Robert, chef de brigands,1793, II, 2, p. 17).Serfs et maîtres, palais, chaumes, peuples et rois (Leconte de Lisle, Poèmes tragiques,Hiéronymus, 1886, p. 88).
D.− Littér. Synon. de paille.Cette espèce de surexcitation s'éteignit bientôt comme un feu de chaume (Sandeau, Mlle de La Seiglière,1848, p. 77).Tous s'étendirent silencieusement sur leurs lits de chaume (Loti, Le Mariage de Loti,1882, p. 244):
8. Dans le sous-sol d'une boulangerie un grillon chante, et on voudrait l'en faire sortir, comme de son trou avec un chaume, en fouillant de la canne dans le soupirail. Giraudoux, Simon le Pathétique,1926, p. 242.
Rem. Littré et Guérin 1892 enregistrent le subst. masc. chaumet, agric. Outil servant à arracher les chaumes.
Prononc. et Orth. : [ʃo:m]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. chôme (-nt, -s) du verbe chômer. Lar. 19ementionne l'anc. forme chaulme. Étymol. et Hist. 1. 1195 agric. (Ambroise, Guerre sainte, 6291 ds T.-L.); 2. 1275 « paille qui couvre le toit des maisons » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 6078); d'où fig. 1651-52 (Corneille, L'Imitation, I, 24 ds Littré : Et les princes verront les chaumes préférés Au faste ambitieux de leurs palais dorés). Du lat. class. calamus « roseau » puis « tige d'une plante » dep. Virgile ds TLL s.v., 124, 47 : lupini calamos; fréquemment en parlant de céréales (Pline, ibid., 124, 61) lui-même empr. au gr. κ α ́ λ α μ ο ς de même sens. Fréq. abs. littér. : 516. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 667, b) 690; xxes. : a) 1 130, b) 574. Bbg. Gir. t. 2. Nouv. Rem. 1834, pp. 18-19.