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CHÂTAIGNIER, subst.
A.− Subst. masc. Arbre de la famille des Fagacées, caractérisé par sa haute taille (25 à 35 m), ses feuilles dentées et fortement nervurées, ses fleurs en chatons dressés, ses fruits solitaires ou groupés, sa grande longévité (500 à 1000 ans) et par sa fréquence dans les régions tempérées. L'allée de châtaigniers (tableau de Théodore Rousseau) (E. et J. de Goncourt, Journal,1885, p. 489):
Un homme était si pauvre et de si pauvre mine Que son porte-monnaie était couvert d'épines. (...) Il rejeta la bourse où poussaient les piquants. Elle germa sitôt qu'elle eut touché la terre. Il en sortit un arbre à l'aspect centenaire. Sur les branches venaient de se multiplier Cette bourse épineuse et que l'argent fuyait. Il y en avait cent et mille. Et le pauvre homme En s'y blessant ouvrit quelqu'une de ces pommes. Un pain tout parfumé tenait l'intérieur; À peine pouvait-il en croire son bonheur. Il s'en revint chez lui rapportant ces châtaignes. (...) Le châtaignier pour le Béarn est un honneur : C'est un arbre élargi de première grandeur. Il fleurit au début de l'été, ses capsules S'ouvrent lorsque les jours deux mois encor reculent. (...) Le bois du châtaignier n'est point propre au chauffage Mais son charbon sera d'un excellent usage. Moins dense que le chêne, on s'en sert cependant Pour les travaux légers de charpente au dedans. On l'ajoute parfois au chêne des barriques Pour donner au vin rouge une saveur unique. Jammes, Les Géorgiques chrétiennes,1912, pp. 47-50.
SYNT. Grand châtaignier, châtaigniers séculaires; bois, taillis de châtaigniers.
− P. méton. Châtaignier. Bois du châtaignier servant dans la fabrication des charpentes, des futailles, etc. Maison (...) charpentée en châtaignier (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 283).Chêne, châtaignier (...) caractérisés par leur peu d'adhérence (...) bois « de fente » (J. Campredon, Le Bois,1948, p. 35).
B.− P. anal., subst. fém. inv. Châtaignier, p. ell. de pomme de châtaignier. Pomme rougeâtre de chair farineuse. Les pommes d'api (...) les canada sanguines, les châtaignier couperosées (Zola, Le Ventre de Paris,1873, p. 823).
Prononc. et Orth. : [ʃ ɑtε ɳe] ou [ʃ ɑte-]. [ε] ouvert ds Passy 1914 et Lar. Lang. fr.; cf. aussi ds Fér. 1768, Land. 1834, Nod. 1844, Littré et DG. [e] fermé par harmonisation vocalique ds Pt Rob.; cf. aussi ds Gattel 1841 et Fél. 1851. Warn. 1968 réserve [ε] ouvert au lang. soutenu, [e] fermé au lang. cour. Le mot est écrit chataîgnier ds Fér. Crit. t. 1 1787, s.v. châtaigne, signale qu'on rencontre la graph. chateignier. À ce sujet cf. châtaigne. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. Chastaignier; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. Début xies. judéo-fr. chastenier désigne l'arbre (Raschi, Gl. fr. ds la Bible, Gen. XXX, 37, p. 11 -b- ds Raschi Blondh. p. 150), forme encore attestée en 1560 (Poppe [Gouberville], p. 202); ca 1165 chastaignier (M. de France, Lais : Laustic, 98 ds Gdf. Compl.); 1694 bois de chastaignier, cerceaux de chastaignier (Ac.); 2. 1370 a. norm. pomme de castegnier (Ch. de Beaurepaire ds Roll. Flore t. 5, p. 101); 1571 pomme de chastaignier (Art de semer pépin., ibid., p. 102); d'où p. ell. subst. fém. 1697 châtaigner (La Quintinye, Instruction pour les jardins fruitiers et potagers, Amsterdam, t. 1, p. 203); 1732 châtaigniers (Trév.). Dér. de châtaigne*; suff. -ier*; 2 prob. parce que la chair farineuse de ce fruit rappelle celle de la châtaigne. Fréq. abs. littér. : 334. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 652, b) 539; xxes. : a) 353, b) 361. Bbg. Delaigue (J.). Les N. d'arbres ds la topon. de la Hte-Loire. Almanach de Brioude. 1962, t. 42, p. 158. − Monnot (R.). Le châtaignier et le marronnier. Vie Lang. 1963, pp. 450-453.