| CHARRIEUR, EUSE, adj. et subst. A.− Rare. Celui, celle qui fait le charroi de certains objets d'un lieu à un autre. Le charrieur de pierres du roi cruel (Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 928). − P. métaph. Celui qui charrie, qui apporte. Le grand sympathique, le grand charrieur des émotions humaines (E. et J. de Goncourt, Manette Salomon,1867, p. 12). ♦ En emploi adj. Un grand courant charrieur de faits sociaux et de passions humaines (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 92). B.− Moqueur, railleur. Un auditoire (...) jovialement charrieur (A. Arnoux, Pour solde de tout compte,1958, p. 68). C.− Arg. et vx, subst. 1. Subst. masc. Voleur, escroc mystificateur, Le premier remplit le rôle de « leveur », de « jardinier », c'est le « charrieur ». Sa mission consiste à trouver le « pigeon » pourvu d'argent et qu'il croit bon à dévaliser (G. Macé, Un Joli monde,1887, p. 213).Charrieur à la mécanique. Voleur qui tient sa victime à moitié étranglée tandis qu'un compère la dévalise. Les Charrieurs à la mécanique jettent le cadavre dans le canal (F. Vidocq, Les Voleurs,1836, p. 68). 2. Subst. masc. et fém. Recruteur/euse de clientèle pour tripots (cf. Hogier-Grison, Les Hommes de proie, Le Monde où l'on triche, [1resérie], 1886, p. 140, 161). Prononc. et Orth. : [ʃaʀjœ:ʀ]. Pour le timbre de la 1resyll., cf. charrier1. Non attesté ds Ac. Étymol. et Hist. I. [1834 « escroc, mystificateur » d'apr. Esn.] 1836 arg. « voleur » (F. Vidocq, loc. cit.). II. 1867 « conducteur, transporteur » (E. et J. de Goncourt, loc. cit.). Dér. du rad. du verbe charrier* étymol. I et II; suff. -eur2*. Au xvies. on note une attest. isolée de charrieur, au sens de « celui qui conduit la charrue » (Noël du Fail, Propos rustiques, Epistre, p. 8 ds IGLF). Fréq. abs. littér. : 4. Bbg. Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, t. 16, p. 69. − Sain. Lang. par. 1920, p. 216. |