| * Dans l'article "CHAMP1,, subst. masc." CHAMP1, subst. masc. I.− Lang. cour. Espace d'une certaine étendue et plus ou moins nettement délimité sur lequel se déroule une activité connue. A.− AGRIC. Étendue plate de terre arable caractérisée par l'absence de clôture, une forme généralement géométrique délimitée par la culture unique qui l'occupe. Champ de blé; cultiver un champ. Des champs bien cultivés, réguliers, de tons différents selon les cultures et qui semblent tous jaunes, gris ou bruns dans la nuit (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Le Voyage du Horla, 1887, p. 1327);(cf. avoine ex. 5 et 6, campagne ex. 1 et 6) : 1. Je jouis du blé vert, et j'en jouis en moisson. En mars, je ne connais rien de beau, de riant, de magnifique, comme un beau champ de blé qui rit sous les premières haleines du printemps.
Chênedollé, Journal,1823, p. 126. 2. Et ce désir séculaire, cette possession sans cesse reculée, expliquait son amour pour son champ, sa passion de la terre, du plus de terre possible, de la motte grasse, qu'on touche, qu'on pèse au creux de la main.
Zola, La Terre,1887, p. 83. 3. Je possède ce champ et le fruit en est à moi, afin que je dispense la nourriture aux hommes et aux bêtes, c'est mon bien. Et je suis l'œil qui voit tout, afin que je recueille la moisson entière.
Claudel, La Jeune fille Violaine,1reversion, 1892, I, p. 498. ♦ P. métaph. Le navire, avec sa quille, comme avec le soc d'une charrue, laboure à grand bruit le champ des mers (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 257).Le champ de la mort. L'univers. Je vis cette faucheuse [la mort], elle était dans son champ (Hugo, Les Contemplations,t. 2, 1856, p. 414): 4. ... et Ruth se demandait,
(...)
Quel Dieu, quel moissonneur de l'éternel été,
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.
Hugo, La Légende des siècles,t. 1, 1859, p. 87. ♦ P. anal. et souvent littér. Le champ de la mort ou des morts, le champ de ou du repos. Le cimetière (cf. Hugo, Les Rayons et les ombres, 1840, p. 1052).Synon. arg. champ de navets (Larch. 1880, France 1907). Var. arg. champ d'oignons (Lar. 19e) : 5. Clamart est un cimetière, un morceau de terre qu'aucun prêtre n'a bénite. Jamais (...) une croix n'a été plantée dans ce lieu de désolation. C'est le champ de repos des suppliciés...
Janin, L'Âne mort et la femme guillotinée,1829, p. 202. 6. Il [Schwob] a eu la curiosité de suivre Eyraud [un supplicié] au champ des navets, où il l'a vu mettre en terre, après qu'on a retourné sa tête, dont le visage se trouvait tourné du côté de son dos, dans la bière, ...
E. et J. de Goncourt, Journal,1893, p. 436. SYNT. a) (+ adj.) Beau, grand, petit champ; champ fertile, paternel; champs nus, verts, couverts de moissons; (géogr.) champs ouverts (cf. campagne I A 1 a; cf. aussi A. Meynier, Les Paysages agraires, 1958, p. 148). b) (+ de) [Indiquant la nature de ce qui est cultivé] Champ d'avoine, de betteraves, de fleurs, de luzerne, de maïs, d'orge, de pommes de terre, de trèfle; (+ en) [Indiquant l'état du terrain du point de vue de l'exploitation] champ en friche, en jachère. c) Le bord, le coin, l'extrémité, la lisière, le milieu, la surface du champ; ensemencer, fumer, herser, labourer, moissonner un champ. ♦ AGRONOMIE. Champ d'expérience ou d'expérimentation. Servant de test pour les engrais, les variétés nouvelles. ♦ NOUV. TESTAMENT. Champ du sang. Acheté avec les deniers de la trahison de Judas. ♦ Loc. adv. En plein champ. Loin des maisons, en pleine campagne. À champ (vieilli). À la volée. Semer à champ. − Les champs. Ensemble des terres labourées et labourables y compris les bois, prés, vignes, etc. Synon. campagne, rase campagne.Anton. ville, faubourgs.Par sagesse autant que par goût, je vis dans la retraite. J'aime le silence des champs et la solitude des bois (Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 10): 7. Autour d'eux [les villages] s'étendait la plaine; dans les champs traînaient d'énormes meules de foin. On sort dans la campagne déserte, on rentre dans le village endormi.
Gide, Les Nourritures terrestres,1897, p. 224. SYNT. Fille des champs; fleur, herbe, lys des champs, plantes qui poussent naturellement, sans être cultivées; maison des champs, habitation suggérant plus de simplicité que la maison de campagne; rat des champs (cf. campagnol); la paix, le silence, les travaux, la vie des champs; battre, courir, gagner les champs; aller, se promener aux champs; mener les bêtes aux champs; avoir été élevé aux champs. ♦ À travers champs. Sans prendre les chemins, hors des sentiers. Prendre, aller à travers champs (Ac. 1835-1932). Il venait à travers champs, marchant en pleines terres labourées (Zola, Madeleine Férat,1868, p. 96).Cette expr. a pu s'employer au fig. à l'époque class., signifiant : d'une manière désordonnée, en divaguant (cf. Littré). ♦ Expr. proverbiales et fig. Être aux champs et à la ville (vieilli). ,,Loger à l'extrémité d'un faubourg ou habiter dans la ville une maison où il y a un grand jardin`` (Ac. 1798-1878). Se sauver à travers champs. ,,Essayer par différents discours, d'échapper à une question pressante`` (Ac. 1835-1932). Être fou à courir les champs. ,,Être très fou`` (Ac. 1798-1878). [En parlant de l'imagination] Son esprit court les champs (Ac.1932).Un rien le met aux champs, il se met aux champs pour la moindre chose, il est aux champs (fam.). ,,Il se fâche ou s'inquiète aisément`` (Ac. 1798-1932). Avoir un œil aux champs et l'autre à la ville. ,,Être attentif à tout`` (Ac. 1835-1878). Avoir la clef des champs. Avoir la liberté d'aller et venir. Donner la clef des champs. Mettre en liberté. Prendre la clef des champs. Se sauver et absol. donner les champs à qqn, donner congé : 8. Quelques-uns [des prisonniers] sont vêtus de casaques et de pantalons jaunâtres zébrés de noir : ce sont ceux à qui l'air de la liberté a manqué et qui, pour le respirer à tout prix, ont essayé de prendre cette belle clef d'or qu'on appelle la clef des champs.
Du Camp, En Hollande,1859, p. 206. ♦ P. anal., littér. et poét. Les champs de l'air, des airs. Les champs de Neptune, d'Amphitrite. Les mers. Les champs Élysées, Élyséens, Élysiens (Myth. gr. et lat.). Lieu de séjour des Enfers réservé aux âmes des justes; p. ext., célèbre avenue de Paris. Avenue, hôtels, quartier, rond-point, théâtre des Champs-Élysées; promenade aux ou sur les Champs-Élysées. B.− Activités milit. 1. Terrain d'opérations de guerre. Champ de bataille. Terrain sur lequel se livre ou s'est livrée une bataille. Rester sur le champ de bataille. Y être tué ou blessé. Mourir sur le champ de bataille. Rester maître du champ de bataille. Être vainqueur. Visiter le champ de bataille : 9. Je pense aux gloires communes des champs de bataille du passé, depuis le siège d'Orléans que délivra Jeanne d'Arc, jusqu'à Valmy où Gœthe reconnut qu'une ère nouvelle se levait sur le monde.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 610. − P. métaph. Lieu où règne le désordre. Enfin après quatre heures de combat, la victoire parut se ranger sous les drapeaux du poète. M. Victor Hugo resta maître du champ de bataille (Musset, Revue des Deux Mondes,1832, p. 603): 10. Deux heures après, vous diriez d'un champ de bataille après le combat : partout des verres brisés, des serviettes foulées, chiffonnées; des mets entamés qui répugnent à voir...
Balzac, Gobseck,1830, p. 407. − Fig. et fam., vieilli. Il a bien pris, bien choisi son champ de bataille. Il a pris ses avantages pour réussir. Le champ de bataille lui est resté. Il a ,,remporté l'avantage sur un autre dans un débat`` (Ac. 1798-1932). − Synon. littér. et poét.Les champs de Bellone, de Mars; champ du carnage, de la gloire, des combats, de l'honneur. Mourir, tomber au champ d'honneur. Les [soldats] morts au champ d'honneur, tombés glorieusement au service de la patrie. − P. méton. ♦ Vx. Mettre aux champs une armée. Expr. synon. mod. La mettre en campagne en temps de paix ou de guerre (cf. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 240). ♦ Battre, sonner aux champs; aux champs! Battre, sonner le pas ordinaire soit pour se mettre en marche, soit pour rendre les honneurs militaires. Mille cris de Vive le Duc! partirent avec des hurrahs prolongés, et les tambours battaient aux champs, sans s'interrompre (Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, p. 9). 2. Terrain d'exercices militaires. a) ANTIQ. et HIST. Champ de Mars. Terrain où, dans la Rome antique avaient lieu les exercices militaires et certaines assemblées. Spéc. Le Champ de Mars de Paris (affecté autrefois à l'école militaire). Le roi a traversé le Champ de Mars pour passer la revue des lignes (Delécluze, Journal,1828, p. 445).P. ext. Champ de Mars, champ de Mai. Champs où se tenaient les assemblées des guerriers francs et par extension ces assemblées. Champ-de-Mai. Assemblée convoquée par Napoléon pendant les cent jours où fut proclamé l'acte additionnel aux constitutions de l'Empire (cf. Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 93). Rem. Cf. aussi champ de Mars « champ de bataille ». b) FÉOD. Champ clos. Enceinte où avaient lieu les tournois, les combats singuliers. Se battre en champ clos : 11. Les tournois étaient à-la-fois des fêtes galantes et guerrières; le champ-clos était un tribunal où leur innocence attaquée [des femmes] était défendue le fer à la main, et où l'injure faite à leur honneur se lavait dans le sang; ...
Marmontel, Essai sur les romans,1799, p. 300. SYNT. Livrer champ, donner le champ. Ordonner le combat judiciaire (cf. Mérimée, Histoire de Don Pèdre Ier, roi de Castille, 1848, p. 309). Ouvrir le champ. Y admettre les combattants, commencer le combat. Prendre du champ. Dans un combat en champ clos à cheval, prendre de l'espace pour s'élancer sur son rival et p. ext., prendre des distances, du recul. Prendre du champ avant l'arrivée des gendarmes (cf. Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes, 1913, p. 179). Rem. V. champ libre au fig. Champ clos peut s'employer p. métaph. et au fig., notamment pour désigner l'affrontement de deux adversaires pol. en présence. c) Mod. Champ d'aviation militaire. Champ d'exercices, de manœuvres, de tir. Vastes terrains militaires destinés à l'exercice des troupes, au tir à la cible, etc. ♦ Champ de mines. Bande de terrain semée d'explosifs destinés à défendre l'accès d'une position ou d'une région. Repérer les champs de mines. C.− Autres activités 1. TURF. Champ de courses. Terrain réservé aux courses de chevaux (cf. Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 898). La piste et les tribunes d'un champ de courses. Jouer le champ. Jouer tous les chevaux de la course (cf. Sandry-Carr. Courses 1963, p. 212). 2. Champ de foire. Emplacement réservé aux foires dans un bourg ou un village. Amener des bestiaux sur le champ de foire. 3. SP. Champ d'ébats (expr. de G. Hébert). Lieu et, p. ext., organisation où toutes les activités physiques peuvent être pratiquées par un grand nombre de personnes de tous âges et conditions. II.− Domaine sc. et techn. A.− GÉOGR. PHYS. [Champ + compl. prép. de ou + adj. (le compl. ne prend pas l'art.)]Espace ouvert et uniforme. Champ de dunes. Dû à l'accumulation de sable dans les pays désertiques. Champ d'épandage. ,,Champ que l'on arrose ou que l'on irrigue avec l'eau des égouts d'une ville`` (Fén. 1970). Dans les terrains vagues, dans les champs d'épandage où bombent les monceaux d'ordure de la ville (Vercel, Capitaine Conan,1934, p. 53).Champ de fractures. Réseau de cassures naturelles du sol. Champ de glaces. Constitué par les épanchements des glaciers aux pôles. Champ de neige. Étendue de terrain dégagé recouverte de neige. Les champs de neige de Saint-Moritz (Nizan, Les Chiens de garde,1932, p. 23).Champ pétrolifère ou de pétrole. ,,Zone pétrolifère d'étendue variable donnant lieu à la production d'hydrocarbures naturels, constituant une seule entité géologique, structurale et stratigraphique`` (Pétrol. 1964). Champ de pierres. ,,Étendue couverte de blocs anguleux sans matrice, dans les pays froids`` (George 1970). B.− Zone, portion d'espace considérée. 1. Fond sur lequel se détache un dessin, une inscription. Champ d'une médaille, d'un tableau, d'un écusson (Ac. 1798-1932). Tout l'entour de la glace est fait de lettres-franches glissées, qui montrent sur leur champ bleu la tête de Napoléon III (E. et J. de Goncourt, Journal,1858, p. 536). − HÉRALD. Surface de l'écu sur laquelle figurent les pièces et les meubles d'une armoirie. Champ de gueules. Ses armes sont un lion d'or sur champ d'azur (Ac.1835-1932).C'étaient des armes parlantes un champ de sinople avec un mètre d'or mis en bande, accosté de deux lièvres courants d'argent (Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 2). 2. OPT. et PHOT. Portion de l'espace qu'embrasse un instrument d'optique. Champ de la, d'une lunette; encadrer [un objet] dans le champ de la longue-vue; l'objet apparaît grossi dans le champ du microscope. Batailles dont le général en chef pouvait suivre les péripéties dans le champ de sa lunette (Joffre, Mémoires,t. 1, 1931, p. 400): 12. De même, sur toute cette partie du littoral qui restait encore à explorer, la lunette fut promenée avec le même soin depuis la grève jusqu'aux récifs, et aucune épave n'apparut dans le champ de l'instrument.
Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 253. − P. anal., ARM. Champ de feu, de tir d'une arme. Espace parcouru par son projectile, zone qu'il peut balayer. [Gibier qui passe] dans le champ de tir des carabines (F. Vidron, La Chasse en plaine et au bois,1945, p. 108). − P. ext. Champ visuel. Étendue d'espace que l'œil immobile peut embrasser. ,,Le champ visuel peut être grossièrement apprécié en déplaçant un objet de droite à gauche, en demi-cercle, devant un sujet immobile qui fixe un point droit devant lui et qui signale à quel moment il voit cet objet`` (Méd. Psychanal.1971).Synon. champ de fixation, du regard (Méd. Biol. t. 1, 1970), champ de vision.Entrer dans le champ de vision (Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 11). Rem. P. anal. avec champ visuel, champ auditif. Mesurant la capacité d'audition d'un sujet et exprimé par des graphiques. Champ auditif ou tactile (Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945, p. 290), champs perceptifs et pratiques du corps (Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945, p. 462). − Spéc., CIN., TÉLÉV. Champ d'une caméra. ,,Portion de l'espace ou angle solide (contours et profondeur) qui donne sur la pellicule une image floue ou nette`` (P. Faveau, Ciné Almanach Prisma, 2, 1955, p. 36). Sortir du champ. ♦ Contre-champ. ,,La partie d'espace enregistrée par une caméra braquée sur un sujet est le champ, la prise de vue réalisée dans la direction opposée : le contre-champ`` (Media 1971). ♦ Profondeur du champ. Technique permettant d'obtenir des images aussi nettes à l'arrière plan qu'au premier plan. 3. CHIR. Champ opératoire. Portion de peau, zone du corps intéressée par une intervention chirurgicale; absol., compresse, pièce de linge stérile placée au pourtour de la plaie opératoire. Champs de bordure, champs abdominaux. Pinces à champs et à pansements (Catal. d'instruments de chir. (Collin), 1935, p. 58). Poser des champs : 13. Cette dénudation s'accompagnait, comme toujours, d'un écoulement sanguin considérable qui risquait d'obscurcir le champ opératoire.
P. Bourget, Le Sens de la mort,1915, p. 102. C.− Zone, portion de l'espace douée de certaines propriétés dynamiques. Champ magnétique, champ de forces. 1. PHYSIQUE ♦ Champ de pesanteur ou de gravitation de la terre. Où tous les corps sont soumis à une force d'attraction vers le centre de la terre. Étude du champ de pesanteur terrestre (Hist. gén. des sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 454). ♦ Champ magnétique et absol. champ (créé par les aimants et les courants). Zone où s'exercent des forces d'origine magnétique et p. ext. grandeur physique qui caractérise les effets du champ magnétique existant en un point. Vecteur champ (cf. bobine ex. 6). Les ondes, très longues, émises par un éclair orageux peuvent cheminer (...) le long des lignes de force du champ magnétique terrestre (B. Decaux, La Mesure précise du temps,1959, p. 29): 14. Ces rayons [du radium] peuvent être déviés soit par un champ électrique, soit par un champ magnétique, et on peut, en comparant ces déviations, mesurer à la fois la vitesse des électrons et leur masse...
H. Poincaré, La Valeur de la sc.,1905, p. 194. 15. À bord de l'avion, l'aiguille aimantée est soumise à un champ magnétique résultant de la combinaison (...) [du] Champ terrestre; (...) [du] Champ permanent (...) [et du] Champ variable, dit induit...
A.-B. Duval, L. Hébrard, Traité pratique de navigation aérienne,1928, p. 41. ♦ Champ électromagnétique. ,,Champ magnétique qui entoure un conducteur parcouru par un courant électrique`` (Pil. 1969). Champ électrostatique. ,,Espace entourant un corps chargé d'électricité et dans lequel les forces engendrées par la charge sont décelables`` (Pil. 1969). Champ tournant. Champ magnétique d'intensité constante qui tourne uniformément dans un plan. SYNT. Action, ampleur, application, direction, effet, induction, influence, intensité, présence, symétrie, variations du champ (magnétique ou électrique). Créer, délimiter, limiter, produire un champ. 2. MATH. Ensemble des valeurs que peuvent prendre des variables dans un système (à l'exclusion des autres valeurs). Champ scalaire. ,,Dans une région de l'espace, somme des valeurs d'une grandeur scalaire qui diffèrent en tout point de l'espace`` (Pir. 1964). Champ vectoriel. ,,Région de l'espace dont l'état en chaque point est caractérisé par un vecteur`` (Pir. 1964). Rem. Fréquemment empl. dans la terminol. sc. mod. : biol. (champ morphogénétique, champ gradient), électron., informat., phys. nucl. (champ nucléaire. Appliqué aux forces nucléaires qui lient les constituants du noyau, neutrons et protons. Particules de champs, théorie des champs). D.− Fig. Système de faits interdépendants; structure d'un domaine. 1. PSYCHOL. Champ de conscience. ,,Ensemble des phénomènes qui apparaissent à un moment donné, à une même conscience personnelle, par opposition aux phénomènes subconscients ou inconscients`` (Lal. 1968). Étroitesse, largeur, ouverture, rétrécissement du champ de conscience; envahir le champ de la conscience : 16. Le rétrécissement du champ de conscience diminue, par contre, le nombre et la disponibilité des éléments mobilisables par l'action, bien qu'il favorise parfois la profondeur de la prise psychologique.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 277. ♦ Champ psychologique. ,,Ensemble des interactions entre l'individu et l'environnement à un moment donné`` (Lafon 1969). ♦ Champ social. ,,Réseau des relations qui existent entre les diverses réalités sociales interdépendantes en présence (groupes, sous-groupes, individus...)`` (Lafon 1969). 2. LING. ,,Déterminer un champ, en linguistique, c'est, selon les présupposés épistémologiques, chercher à dégager la structure d'un domaine donné ou en proposer une structuration`` (Ling. 1972). Les champs conceptuels de Trier, de Saussure; champs linguistiques, notionnels, sémantiques : 17. ... l'analyse a montré qu'ils [les mots] constituent dans la langue des champs sémantiques, des constellations de termes dont les significations peuvent être construites, − et donc précisées, − à partir les unes des autres par addition ou soustraction d'une ou plusieurs unités minima de signification, qui seraient les constituants ultimes avec lesquels nous construisons ces significations : chaise, tabouret, pouf, ottomane, canapé, fauteuil, etc., peuvent être ainsi rigoureusement structurés dans un tel champ...
G. Mounin, Clefs pour la sém.,Paris, Seghers, 1972, p. 195. III.− Emplois fig. (p. réf. au sens d'agric. et à certaines accept. sc.), domaine abstr.Carrière où se déploie l'activité humaine. Le vaste champ des connaissances humaines : 18. « Quel champ pour la contemplation, quelle carrière pour l'essor de la pensée, le spectacle du système solaire ne présente-t-il pas à nos yeux, ... »
Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 3, 1801, p. 31. 19. Je me restreins à présent; je resserre mon champ dans des limites plus étroites : c'est uniquement l'histoire de l'état social que je me propose de traiter.
Guizot, Hist. gén. de la civilisation en Europe,1828, p. 30. 20. Si la liberté doit avoir du champ, si elle doit pouvoir se prononcer comme liberté, il faut que quelque chose la sépare de ses fins, il faut donc qu'elle ait un champ, c'est-à-dire qu'il y ait pour elle des possibles privilégiés ou des réalités qui tendent à persévérer dans l'être.
Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 500. − Souvent par double métaph. Quelle moisson d'anecdotes le champ de l'histoire ne lui fournira-t-il pas? (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 3,1813, p. 56). SYNT. Champ illimité, vaste champ; champ d'action, d'hypothèses, de recherche; élargir, étendre le champ de l'expérience, de l'imaginaire, du possible, etc.; ouvrir, limiter, rétrécir un champ; entrer dans le champ; offrir un beau champ aux recherches; offrir un vaste champ d'études (à qqn). ♦ Avoir le champ libre, donner, laisser le champ libre à qqn. Avoir, donner toute liberté d'action; var. avoir du champ (supra ex. 20). Vieilli (avec l'art. indéf.). Donner un champ libre à son imagination, à sa colère, à sa fureur (Ac. 1835-1932). ♦ Loc. adv. À tout bout de champ, (class.) à chaque bout de champ. À tout moment, incessamment. Sur-le-champ. Immédiatement. Se soumettre sur-le-champ et sans délai (Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan, t. 2, 1870, p. 7).Je vous ai aimé sur-le-champ, instantanément (Ponson du Terrail, Rocambole,t. 3, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 112). Prononc. et Orth. : [ʃ
ɑ
̃]. Le groupe -mp est muet ds champ, camp et clamp (cf. Fouché Prononc. 1959, p. 420). Ds Ac. 1694-1932. Homon. chant. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 « étendue de terre propre à la culture » arpent de camp (Roland, éd. J. Bédier, v. 2230); 1remoitié xiiies. as plains cans « en rase campagne » (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, 26, 22); cf. 1539 les champs « la campagne » (Est.); b) ca 1100 camp « champ de bataille » (Roland, éd. J. Bédier, v. 1260); champ (ibid., v. 555); av. 1283 champ de la bataille (il s'agit d'un duel) (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, t. 2, p. 433); xives. plus gén. champ de bataille (Batard de Bouillon, éd. R.-F. Cook, 758); c) xiiies. hérald. (Tournoiement aus dames, v. 153 ds Nouv. Recueil fabliaux, éd. Méon, t. 1, p. 398); 2. fig. a) 1538 loc. sur le champ « aussitôt » (Est., s.v. ilico); av. 1611 à chaque bout de champ « à chaque instant, à tout propos » (Cotgr.); b) 1539 « domaine d'action » (Est.); 3. technol. « espace réservé à certaines opérations » a) 1753 opt. « secteur dont tous les points sont vus dans l'instrument » (Encyclop. t. 3); b) 1899 champ opératoire, champ électrique, champ magnétique (Nouv. Lar. ill.). Du lat. class. campus « plaine » d'où « plaine cultivée, champs » « champ de bataille » et au fig. « champ d'action ». STAT. − Champ1 et 2. Fréq. abs. littér. : 10 811. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 15 089, b) 15 670; xxes. : a) 17 019, b) 14 468. DÉR. Champé, ée, adj.,hérald., rare. Écu champé d'or, d'azur, de gueules, de sinople (Lar. 19e). Attesté encore ds Littré, Guérin 1892; noté comme peu usité ds Nouv. Lar. ill.− 1reattest. 1611, hérald. champé d'azur (Cotgr.) attest. isolée, repris par Lar. 19e; de champ terme d'hérald., suff. -é* [au xives., verbe pronom. se champier « avoir le champ de son écu de telle ou telle façon » (Froissart, Poésies, éd. Scheler, t. 2, p. 326, Pastourelle 9, vers 71)]. BBG. − Darm. Vie 1932, p. 142. − Gottsch. Redens. 1930, passim. − Goug. Mots t. 1, 1962, pp. 60-61. − Uren (O.). Le Vocab. du cin. fr. Fr. mod. 1952, t. 20, pp. 201-222. − Wind 1928, pp. 8-9, 196. |