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CHALET, subst. masc.
A.− Cabane sur l'alpage, où s'abritent les bergers pendant l'été et où ils font les fromages :
1. Ils déménageaient vers le milieu de juin avec leurs petites vaches brunes et leurs chèvres, ayant construit là-haut à leur usage beaucoup de chalets en pierre sèche, couverts de feuilles d'ardoise, où ils restaient deux ou trois mois. Ramuz, Derborence,1934, p. 32.
P. euphém., vx. Chalet de nécessité. Toilettes publiques. Qui c'est, sa marraine? − C'est la dame qui tient le chalet de nécessité un peu plus bas que l'Olympia (Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 813).
B.− P. ext.
1. Habitation des Alpes, construite en bois, souvent ornée de balcons abrités par un toit à deux pentes, faisant saillie. De beaux chalets bas et longs, aux toits soigneusement couverts de bardeaux polis par la pluie (Ramuz, Derborence,1934, p. 243):
2. ... ses yeux gardaient leur candeur, leur luisant de faïences paysannes dans l'honnêteté d'un chalet. Peyré, Matterhorn,1939, p. 253.
SYNT. Chalet alpin, norvégien, de haute montagne; chalet rustique.
En compos. Objet qui représente un chalet :
3. Elle était retournée à son Tyrol. Donc à sa maison tyrolienne. Une sorte de chalet-baromètre perdu dans la neige. Saint-Exupéry, Pilote de guerre,1942, p. 336.
2. P. anal. Maison de plaisance dans le style des chalets montagnards. Chalet normand; les chalets des environs de Paris :
4. Paris a envahi ce pauvre pays plein maintenant de chalets dans le goût de ceux d'Enghien. Flaubert, Correspondance,1853, p. 287.
5. ... ce chalet de briques entre des ifs, avec marquise et vérandah, c'est le château. Giraudoux, Siegfried,1928, IV, 4, p. 176.
Spéc. Chalet de bains de mer. Abri pour les baigneurs. Une habitation prétentieuse et cossue qui tenait du chalet de bains de mer et de la maison normande (Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 413).
Prononc. et Orth. : [ʃalε]. [ɑ] post. à l'initiale ds Passy 1914 et Dub.; [a] ant. ou [ɑ] ds Barbeau-Rodhe 1930. Pour Fouché Prononc. 1959, p. 85, l'[ɑ] a presque entièrement disparu dans ce mot, alors que pour Mart. Comment prononce 1913, p. 37, il s'y prononçait encore assez souvent. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1328 pays de Vaud, latinisation chaletus « habitation du personnel d'un alpage » (v. Pat. Suisse rom.); 1379 Valais chaleis plur., 1408 Fribourg chaslet, 1419 pays de Vaud challet (ibid.), attesté dans le domaine fr. dep. 1723 (J. Savary des Bruslons, Dict. universel de comm., Paris), popularisé par la Nouvelle Héloïse [I, 36] de J.-J. Rousseau, 1761; 1833 p. ext. « habitation champêtre » (G. Sand, Lélia, p. 121). Mot de Suisse rom., formé de la base pré-i.-e. *cala (v. calanque) au sens primitif d'« abri de montagne » et du suff. -ïttu (-et*) (FEW t. 2, p. 50b; A. Dauzat, La Topon. fr., Paris, 1960, pp. 96-97). Fréq. abs. littér. : 474. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 343, b) 754; xxes. : a) 353, b) 1 106. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 22. − Gohin 1903, p. 331.