| CHALAND2, ANDE, subst. A.− Vx. Celui, celle qui achète habituellement chez un même marchand. Un marchand qui a beaucoup de chalands (Ac. 1798-1932). Synon. client, cliente.Pour un rien, il disait leur fait aux chalandes (A. France, Crainquebille,1904, p. 46): 1. Pendant la première année, César Birotteau mit sa femme au fait de la vente et du détail des parfumeries, métier auquel elle s'entendit admirablement bien; elle semblait avoir été créée et mise au monde pour ganter les chalands.
Balzac, César Birotteau,1837, p. 43. − P. ext. Celui, celle qui achète occasionnellement chez un marchand. Faire venir, attirer les chalands (Ac. 1798-1932). Synon. acheteur, acheteuse : 2. ... les chalands de rencontre lui payaient mal ses ouvrages et l'insultaient en en discutant le prix, ...
Gobineau, Nouvelles asiatiques,Histoire de Gambèr-Aly, 1876, p. 130. B.− P. anal., avec une nuance péj. [En parlant d'une pers., en relation avec un public (femme, écrivain)] Amateur, celui, celle qui éprouve un grand intérêt. Cette femme est un fort bon parti, elle ne manquera pas de chalands (Littré). La petite Mimi Olivier (...) genre catin et une figure qui lui donnera des chalands (Stendhal, Journal,t. 2, 1805-08, p. 298): 3. ... je doute que Calvin, de nos jours, eût beaucoup de chalands.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 3, 1851-62, p. 2. − Fam. Personnage, bonhomme, connaissance. C'est un chaland dont je ne me soucie guère (Littré); ,,gaillard, homme de plaisir`` (Lar. 19e-20e) : 4. ... quelque honnête chrétien, de ceux que les uns appellent un gonze, les autres un bon chaland...
Nerval, Nouvelles et fantaisies,1855, p. 190. Prononc. et Orth. : [ʃalɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:d]. Ds Ac. 1694-1932. Fér. 1768 rappelle que Richelet Port. admet également la graph. chalant. Étymol. et Hist. 1. a) 1174 chalant « (ami) protecteur » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. Walberg, 1243 ds T.-L., s.v. chaloir), rare; b) 2emoitié du xiiies. canlant, chanlant « compagnon, gaillard, ami » (Du prestre qu'on porte ou De la longue nuit ds Rec. de fabliaux, éd. Montaiglon et Raynaud, t. 4, vers 421, 431 et 834) − 1771 Trév. au sens de « amoureux »; c) fin xiiies. chanlant « compagnon qui exerce le même métier (ou client?) » (E. Boileau, Métiers, éd. G.-B. Depping, 374 ds T.-L.); d) xives. chalan « ami, plus spécialement personne charitable qui fait des dons en nature ou en espèces » (Miracle de Pierre le Changeur ds Miracles de Nostre Dame, éd. Paris et Robert, t. 6, p. 233); 2. 1548 chalant « client » (Rabelais, Quart livre, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 289, 295 [d'apr. Hug. le mot pourrait avoir dans ces 2 ex. à la fois le sens péj. de « coquin, vaurien » déjà attesté en 1534 chez Rabelais, Gargantua, même éd., t. 1, p. 98 et celui de « client »]). Part. prés. substantivé de l'a. fr. chaloir impers. « importer, avoir de l'intérêt », v. ce mot; forme chaland par substitution du suff. -and (Nyrop t. 3, § 174). Chaland signalé au sens de « client » par FEW t. 2, p. 836 dans le Recueil Trepperel, figure en réalité dans ce texte au sens de « compagnon, ami, galant » (v. ce texte, éd. Droz et Lewicka, t. 1, Les sotties, Sottie à cinq personnages, p. 169, 177 et Sottie des sots qui corrigent le Magnificat, p. 210) et l'attest. de E. Boileau (supra) étant douteuse, le sens de « client » ne semble pas attesté av. Rabelais. STAT. − Chaland 1 et 2. Fréq. abs. littér. : 151. BBG. − Capelovici (J.). Parlons fr. Vie Lang. 1962, pp. 634-641. |