| * Dans l'article "SABBAT, SHABBAT,, subst. masc." SABBAT, SHABBAT, subst. masc. A. − RELIG. JUIVE. [Sabbat et, plus gén. dans le monde juif dep. la 2eguerre mondiale, shabbat] 1. Septième jour de la semaine; samedi, jour du repos; ensemble des prescriptions liées à ce jour. Observance du s(h)abbat; célébrer, pratiquer, transgresser, violer le s(h)abbat; liturgie, lumières, repas du/de s(h)abbat. C'est vendredi, et l'heure de la première étoile. (...) Le sabbat vient de commencer (Tharaud, Jument err., 1933, p. 11).Que la sorcellerie puisse être comparée à la transgression du Shabbat − (à l'opposé de ceux qui appelèrent délicatement Shabbat les rendez-vous des sorcières!) − est assez remarquable (E. Levinasds L'autre dans la conscience juive, Paris, P.U.F., 1973, p. 66).V. instituteur I ex. de P. Leroux. − P. anal. Rompre le sabbat, c'est-à-dire aller à la campagne le dimanche, est un des plus grands péchés aux yeux des méthodistes (Stendhal, Corresp., 1826, p. 435). 2. P. ext. − La septième année; la fin d'un cycle de sept fois sept ans. La remise des dettes, dans l'année sabbatique, libère l'économie des contraintes de l'argent (...). Le sol, le débiteur, l'esclave sont « rédimés » de leurs aliénations par les retours périodiques du sabbat (Univers écon. et soc., 1960, p. 64-8). ♦ P. méton. La mise en jachère de la septième année prescrite par la Loi juive. Le Lévitique, XXV, 2 à 7 (...) institue le Shabbat de la terre (G. Friedmannds Le Shabbat dans la conscience juive, 1975, p. 85). − Le septième millénaire. Jésus ne faisait que prêcher (...) que le temps était accompli, et que le septième millénaire, ou le grand Sabbat divin, allait venir: c'était là ce que l'on appelait le règne, ou le règne de Dieu, ou le royaume des cieux, ou enfin la résurrection (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 751).Les six mille années de l'histoire du monde correspondent aux six jours de la semaine qui conduisent au grand Sabbat cosmique, à la rédemption qui doit se produire le septième jour du monde (G. Scholem, Le Messianisme juif, 1974, p. 131). B. − Sabbat. [À cause de l'interprétation malveillante du sabbat juif faite par les chrétiens (v. supra ex. 1)] 1. a) OCCULT. Assemblée nocturne de sorciers et de sorcières, tenue dans un lieu désert souvent élevé, dans laquelle le culte rendu au diable, les danses et les orgies rappellent ceux de l'antiquité païenne; pratiques auxquelles on s'y livre. Nuit de sabbat; ronde de sabbat. Rouletabille, frappé au cœur, jeta un cri sourd et il lui sembla que tout se mettait à danser une danse de sabbat autour de lui (G. Leroux, Roul. tsar, 1912, p. 125).Cette guerre était foncièrement amie des ténèbres. Elle avait dans ses ancêtres la nuit de Walpurgis et le sabbat des nécromants (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 143).V. décharné II A 1 a ex. de Sand, farfadet A ex. de Béranger, messe A 4 ex. de Péladan. ♦ Faire le sabbat. La sorcellerie était fort pratiquée dans la contrée (...) on y faisait beaucoup le sabbat. Les sorcières y allaient (...) sur un manche à balai ou changées en poules noires (A. France, Vie littér., 1892, p. 95). ♦ Aller au sabbat. Parle-t-on des sorciers? Du sabbat? (...). Ma grand'mère disait que sa mère les avait vues aller au sabbat et qu'il y avait plein de petites épingles (Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, p. 97).V. blâmer ex. 10. − P. méton. Danse de sorcières. Tous les démons de l'Atlantique, Cheveux épars et bras tordus, Dansent un sabbat fantastique Autour des marins éperdus (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1878, p. 210). b) Représentation d'un sabbat de sorciers. Des peintures (...) comme certains Sabbats de Goya (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 144). 2. P. anal., fam., vieilli a) Réunion bruyante, licencieuse; orgie. Mes petites actrices voient arriver avec ennui le jour où elles ne vont plus jouer et ne plus faire leur sabbat de tous les soirs dans les combles du théâtre (Goncourt, Journal, 1889, p. 918).J'admire que chez les Goncourt le récit de leurs médiocres orgies corresponde très exactement à l'idée qu'Emma Bovary et que le pharmacien Homais se faisaient du sabbat des étudiants parisiens (Mauriac, Mém. intér., 1959, p. 98).V. bestial ex. 5. − Loc. fig. Un sabbat de + subst. Synon. une orgie de (v. orgie C).Véritable sabbat de couleurs et de formes, Où la cruche hydropique, avec ses flancs énormes, Semble un hippopotame (Gautier, Albertus, 1833, p. 128). b) Agitation désordonnée et bruyante; vacarme. Synon. cirque (v. ce mot II A 3), ramdam (pop.).[Elle] s'était aperçue enfin que sa sœur cadette tapait sur le piano, et elle lui allongeait des claques, elle la flanquait à la porte, giflant et poussant dehors par la même occasion la plus petite, avec sa casserole. Ce fut un sabbat infernal (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 310).Le sabbat sans queue ni tête que les hommes menaient sur terre (...) n'était pas digne d'occuper le philosophe (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 228).V. diable I C 3 c β ex. de Colette. ♦ Faire/finir son sabbat. Voilà Madame qui se remue; elle va faire son sabbat: faut que j'y aille (Balzac, Goriot, 1835, p. 50).Et il y eut une bataille féroce, les deux sœurs tombées par terre, se dévorant, hurlant (...) − Tonnerre! (...) Voulez-vous bien finir votre sabbat, ou je vous flanque toutes à la porte! (Zola, Fécondité, 1899, p. 151). − Un sabbat de + subst.Un bruit assourdissant de. Dans un sabbat de sabots, ils grimpaient la côte (La Varende, Nez-de-cuir, 1936, p. 43).Toute la maison s'est mise à hurler, à feuler, à miauler, un horrible sabbat de gémissements, de sanglots, de plaintes rugissantes (Genevoix, Avent. en nous, 1952, p. 43). REM. 1. Chab(b)at,(Chabat, Chabbat) subst. masc.,var. [Corresp. à supra A] Le jour du chabbat, le Juif se désengage, et il n'y a engagement véritable que s'il y a parallèlement à lui une possibilité de désengagement (J. Eisenberg, A. Abecassis, À Bible ouverte, 1978, p. 189). 2. Sabbatiser, verbe intrans.,vx. Célébrer le sabbat (v. supra A 1). Dieu s'est rendu mon lieu de repos. Comment négligerois-je de sabbatiser? (Saint-Martin, Homme désir, 1790, p. 122). 3. Sabbatisme, subst. masc.,vx. Observance du sabbat. [Plutarque] parle de sabbatismes, de prosternations, de honteux accroupissements, etc. Lisez le passage entier, et vous ne saurez s'il s'agit de dimanche ou de sabbat (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p. 188). Prononc. et Orth.: [saba], [ʃa-]. Ac. dep. 1694: sabbat. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 sabat « jour de repos des juifs » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 209 [II Rois, 16, 18]); 2. [2emoit. xives. « agitation bruyante, vacarme » (Froissart, s. réf. ds Bl.-W.1-5)] 1451 mener le sabbat (Charles d'Orléans, Ballades, CI, 19 ds Poésies, éd. P. Champion, p. 157: les Anglois menoient leur sabat); ca 1485 (Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 16808: il y auroit ung beau sabat); 3. 1508 sabbat « assemblée nocturne de sorciers et de sorcières » (E. d'Amerval, L. de la diablerie, éd. Ch. F. Ward, f o29b: les jours que je tien mon sabbat). Empr. au lat. chrét.sabbatum, lui-même empr. au gr. σ
α
́
β
β
α
τ
ο
ν et celui-ci à l'hébr. shābbath « sabbat », dér. du verbe shābath « s'arrêter; se reposer » (cf. Gen. 2, 2-3). Au sens 3, cf. le lat. médiév. sabbatum (ca 1475, J. Vincentii ds J. Hansen, Quellen und Untersuchungen zur Geschichte des Hexenwahns und der Hexenverfolgung im Mittelalter, Bonn, 1901, p. 229: demonum sabbata; ca 1500, S. Champier, ibid., p. 257: demoniaca sabbata). On a également employé, pour désigner les assemblées de sorciers et de sorcières, le mot synagogue (ca 1460 ds Hansen, op. cit., p. 189; 1586 senegogaz, 1609 signaguogue ds Pierreh.; cf. FEW t. 12, p. 493), en lat. synagoga (1438 ds Hansen, p. 462; cf. P. F. Fournier, Étymol. de sabbat ds Bibl. de l'Éc. des Chartes, t. 139, 1981, pp. 247-249). En ce qui concerne la dégradation sém. qu'ont subie les mots sabbat et synagogue, cf. brouhaha, ramadan, ramdam. Fréq. abs. littér.: 260. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 568, b) 269; xxes.: a) 409, b) 229. Bbg. Wartburg (W. von). Sabbatum: Samstag. In: [Mél. Orr (J.)]. Manchester, 1953, pp. 299-300. |