| CHÂLE, subst. masc. A.− Longue pièce d'étoffe que les Orientaux portent en turban, en ceinture ou sur les épaules : 1. Julia jouait avec les longues tresses de quelques femmes arabes (...); sa mère (...) lui arrangeait son châle en turban sur la tête.
Lamartine, Voyage en Orient,t. 1, 1835, p. 173. B.− Pièce d'étoffe carrée ou triangulaire que les femmes portent sur leurs épaules en la croisant sur la poitrine. Châle de cachemire, de laine, de soie; châle français, turc, de l'Inde; châle à palmes, à franges. Il me fallait absolument un châle cachemire carré (Champfleury, Les Bourgeois de Molinchart,1855, p. 258): 2. C'est une pièce d'apparat, (...) que le châle tapis, plié en deux suivant la diagonale, il couvre encore tout le dos, tombe en pointe jusqu'aux genoux, étale ses franges sur les avant-bras en se croisant sur la poitrine.
P.-L. Menon, R. Lecotte, Au village de France,t. 1, 1954, p. 95. − Loc. En châle : 3. ... les vendeuses de fleurs en châle et canotier de paille noire, vendent des œillets de San Remo et des arums niçois.
Morand, Londres,1933, p. 173. − [P. anal. de forme] Col croisé à larges revers. Porter une redingote à châle. Les revers à châle du corsage (Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 68). − En appos. Col châle : 4. ... ces gilets parfois sont croisés, ont des cols châles, sont à pointes devant qui dépassent l'habit.
G. Villard, Hist. abr. du cost.,1956, p. 91. Rem. Châle d'osier (cf. cachemire* d'osier B). Hotte du chiffonnier. Il [le chiffonnier] est revêtu de son châle d'osier avec son numéro sept (Baudelaire, Curiosités esthétiques, Du vin..., 1867, p. 250). Prononc. et Orth. : [ʃ
ɑ:l]. Ac. 1835-1932 : châle. À titre hist. les var. suiv. : schall ds Besch. 1845, DG, Rob. et Lar. encyclop. qui ajoute que l'orth. châle a été adoptée au lieu de schall grâce à une propriétaire de magasin de la rue Vivienne à Paris; shall ds DG et Guérin 1892; chaale (contraction de l'hiatus marquée dans la graph. mod. par l'accent circonflexe) et chal ds Lar. Lang. fr. Noter que Land. 1834 condamne la forme mod. au profit de schall. Étymol. et Hist. [1663 chalou (Remontr. de Fr. Pelsart, p. 3 ds König, p. 62)]; 1665 scial (Les fam. Voy. de Pietro della Valle, t. IV, p. 215, ibid. [trad. de l'ital.]); 1670 [d'apr. Arv., p. 10] chale (F. Bernier, Hist. de la dern. Révol. des Estats du GdMogol, t. 1, p. 160, ibid., p. 63); 1770 chaale (G. Raynal, Hist. du commerce des Européens dans les 2 Indes, I, 434 ds Brunot t. 6, p. 1233); 1791 schal de Kachemire (Volney, Les Ruines ds
Œuvres, éd. 1821, 1, 24 d'apr. Barbier ds Mod. Lang. R. t. 16, p. 255, note); 1793 schawl (Mackintosch, Voyages, 1, p. 301, ibid.). Empr. à l'hindi shāl « id. », d'orig. persane. La forme schawl 1793 révèle l'infl. de l'angl. schawl (dep. 1662, récit de voyage ds NED); cette infl. est difficile à établir pour les autres formes. Fréq. abs. littér. : 803. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 837, b) 2 151; xxes. : a) 1 236, b) 804. Bbg. Boulan 1934, p. 201. − Darm. 1877, p. 254. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 32, 219. |