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CERCUEIL, subst. masc.
A.− Long coffre dans lequel on dépose le corps d'un mort avant de l'inhumer. Cercueil de bois, de marbre, de plomb :
1. ... un prêtre bénit le cercueil et la première pelletée de terre qu'on jeta sur lui... Ponson du Terrail, Rocambole,t. 2, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 81.
P. métaph. [P. anal. de forme ou de fonction] Je passe une assez mauvaise nuit dans ce cercueil de faïence [une baignoire] (Sem, La Ronde de nuit,1923, p. 69).Elle (...) se hâta de glisser la cape [d'Ulrique] dans son cercueil de papier (Green, Le Malfaiteur,1955, p. 135):
2. [René] Un livre, mais c'est déjà un cercueil. Il contient, sous une forme maintenant morte, tant de mouvements, tant d'ardeurs! J. de La Varende, Esculape,1949, p. 246.
Rem. La compar. conduit parfois à la création d'un mot composé : cet immense château-cercueil [de Versailles] (C. Mauclair, De Watteau à Whistler, 1905, p. 34).
B.− Loc. et expr. fig.
Descendre, entrer au cercueil (Ac. 1835, 1878). Mourir.
S'avancer vers le cercueil. Se préparer à mourir :
3. ... lutter seule contre le sort, s'avancer vers le cercueil sans qu'un ami vous soutienne, sans qu'un ami vous regrette, c'est un isolement dont les déserts de l'Arabie ne donnent qu'une foible idée; Mmede Stael, De l'Allemagne,t. 4, 1810, p. 373.
(Avoir) un pied dans le cercueil. (Être) au terme de la vie :
4. Tel l'homme s'environne, au déclin de la vie, De ses voiles brillants, tissus par la folie. Un pied dans le cercueil, n'ose-t-il pas encor Donner à ses désirs un chimérique essor; Baour-Lormian, Veillées,Seconde veillée, 1827, p. 281.
Pousser du pied dans le cercueil. Pousser vers la mort (cf. Musset, La Confession d'un enfant du siècle, 1836, p. 348).
Prononc. et Orth. : [sε ʀkœj]. Gattel 1841, Nod. 1844, Fél. 1851, Littré réclament un l mouillé. Ds. Ac. 1694-1932. ,,Malherbe écrivait accueuil : on devrait aussi écrire cercueuil ou cercœuil, car ueil dans l'orthographe ordinaire n'exprime pas le son d'euil`` (Fér. Crit. t. 1 1787). Grammont Prononc. 1958, p. 197, décide que ue est l'orth. de [œ] après un c ou un g et devant yod [écrit il] : accueil, cercueil, écueil, orgueil. ,,[Dans ces mots] la présence nécessaire d'un u à côté de c ou de g empêche d'en mettre un second après l'e`` (Mart. Comment prononce 1913, p. 93). Il en résulte des prononc. [ɔ ʀgεj], etc. (cf. Buben 1935, p. 72). Étymol. et Hist. xies. sarqueu (St Alexis, éd. Chr. Storey, 583 : Metent le cors en un sarqueu de marbre); 1100 sarcou (Roland, éd. J. Bédier, 2966); ca 1155 sarcu (Wace, St Nicolas, 633 ds Keller); 1165-70 sercueil (B. de Ste Maure, Troie, éd. Constans, 10 383, leçon du ms. M2 [xiiies.] ds T.-L., s.v. sarcou); 1298 serqeu (Auberi, p. 155 ds Gdf. Compl.); 1547 cercueil (Transport des restes du Dauphin, fo393 vods Gay). Du gr. η ̔ λ ι ́ θ ο ς [« pierre »] σ α ρ κ ο φ α ́ γ ο ς adj. « qui consume la chair » (composé de σ α ́ ρ ξ « viande » et φ α γ ε ι ̃ ν « manger ») désignant une pierre à chaux qui avait la particularité de consumer la chair, d'où son utilisation pour la fabrication des cercueils; de cet emploi est issu le subst. fém. η ̔ σ α ρ κ ο φ α ́ γ ο ς (IG, 14, 1472 ds Lidell-Scott). Pour l'évolution phon., v. Pope § 341, 556, 817. Fréq. abs. littér. : 1 454. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 935, b) 2 071; xxes. : a) 1 964, b) 1 386.