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* Dans l'article "CENSURER,, verbe trans."
CENSURER, verbe trans.
A.− Blâmer, critiquer sévèrement une personne, ses actions, ses ouvrages. On a fort censuré la conduite de qqn (Ac.). Ils [les courtisans] censurèrent hautement ses démarches, et décrièrent à l'envi ses mœurs et son caractère (Mmede Genlis, Les Chevaliers du cygne,t. 3, 1795, p. 11):
1. C'est contre le scepticisme que Descartes invoque la véracité divine, et Reid, après avoir tant critiqué Descartes, en est réduit à faire comme lui. Ce n'était pas la peine de le censurer avec tant de hauteur. Cousin, Cours d'hist. de la philos. mod.,t. 4, 1847, p. 516.
En emploi abs. Le droit de censurer, de régenter, juger, condamner (P. Bourget, Physiol. de l'amour mod.,1890, p. 34).
Rare. Censurer qqn de qqc.Une amitié dévouée m'a de nouveau relancé sur le chapitre matrimonial et censuré de mes délais et de mes inquiétudes budgétaires (Amiel, Journal intime,1866, p. 92).
B.− Exercer une activité officielle de censure*.
1. [En parlant de la censure officielle, l'obj. étant une publ., un spectacle ou leurs aut.] :
2. Les examinateurs dramatiques, (...) ne doivent pas même savoir quelle est la couleur littéraire de l'ouvrage qu'ils censurent. Hors de l'affaire ministérielle, ils n'ont rien à voir. Hugo, Correspondance,1830, p. 463.
P. ext., absol. :
3. Imaginez un peintre de portraits à qui son modèle dirait : « Avant d'exposer au Salon mon portrait, je veux que vous me le soumettiez. » Le peintre envoie, le modèle censure. Il caviarde un œil, une oreille... Barrès, Mes cahiers,t. 2, 1914-18, p. 216.
Pop. Ménager quelqu'un par la censure de l'information. Censurer le bon cœur de qqn. ,,C'est empêcher que la vérité ne perce jusqu'à son trop bon cœur`` (Esn. 1966); cf. aussi D. Poulot, Le Sublime, 1872, p. 210.
2. Prononcer un jugement en vertu du droit de censure.
a) [En parlant de l'autorité ecclésiastique] Blâmer, condamner une personne, ses doctrines ou sa conduite. Les parties furent mises dos à dos avec défense de se censurer mutuellement (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 262).Les provinciales sont censurées, mises à l'index à Rome, brûlées à Paris (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 148):
4. ... ancien professeur [l'abbé Corneille] d'exégèse dans un grand séminaire, et récemment censuré par Rome, pour son esprit moderniste. Il avait accepté le blâme, sans se soumettre au fond, ... R. Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison, 1909, p. 964.
b) [Dans certains corps constitués ou assemblées parlementaires] Prononcer un blâme public, une sanction disciplinaire contre un de ses membres :
5. Tout instituteur privé pourra, sur la plainte de l'inspecteur d'académie, être traduit pour faute grave dans l'exercice de ses fonctions, pour inconduite ou immoralité, devant le conseil départemental et être censuré ou privé de l'exercice de sa profession, soit dans la commune où il exerce, soit dans le département, selon la gravité de la faute commise. Encyclop. pratique de l'éduc. en France,1960, p. 70.
Spéc. Censurer le gouvernement. Adopter contre lui une motion de censure. Le [pouvoir] délibératif (...) selon la nature du bicaméralisme adopté (égalitaire ou inégalitaire) peut, ou non, censurer le gouvernement (G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France,1967, p. 19).
Prononc. et Orth. : [sɑ ̃syʀe]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1518 « soumettre à une réprimande publique de l'Église » (Faicts et Gestes des Saincts Peres, trad. de Platine, 128 vod'apr. Delboulle ds Quem.); b) 1656 relig. « condamner (une doctrine) » (Pascal, Provinciales, 13 ds DG) d'où 1677 censuré « condamné, soumis à un contrôle » (G. Miège, A new dictionary french and english, with another english and french, Londres); 2. 1585 « blâmer, critiquer » (N. du Fail, Contes d'Eutrapel, Œuvres Facétieuses, éd. J. Assézat, Paris, 1874, t. 1, p. 206); 3. 1835 « condamner publiquement au blâme un membre d'un corps constitué ou d'une assemblée » (Ac.). Dér. de censure*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 107.
DÉR.
Censurable, adj.Qui peut être censuré, qui mérite censure. Proposition censurable, conduite, action censurable (Ac. 1835-1932). [sɑ ̃syʀabl̥]. Ds Ac. 1718-1932. 1reattest. 1656 (Pascal, Provinciales, III, p. 217-218 ds IGLF); de censurer, suff. -able*.