| CELUI, CELLE, CEUX, CELLES, dém. masc. ou fém. Élément démonstratif introduisant une séquence avec laquelle il forme un syntagme nominal ou de valeur nominale. I.− [Celui est déterminé par un subst. (ou son équivalent), introduit par la prép. de, plus rarement par d'autres prép.] A.− [Celui a une valeur anaphorique; il renvoie à des animés ou à des inanimés] 1. [Le compl. prép. est un subst.] a) [Celui renvoie à un nom ou à un groupe nom. antécédent] : 1. ... ce couvert est celui de l'ami qui vient et s'en va, ce n'est plus celui d'un maître du logis qui foule, aux heures nocturnes, le sonore plancher d'une chambre, là-haut...
Colette, La Naissance du jour,1928, p. 7. 2. alvaro. − Sang de mon sang, tu étais meilleure que moi : en un instant tu me dépasses, tu vois avant moi ce que j'ai tant rêvé.
mariana. − Ô rose d'or! Face de lion! Face de miel! Prosternée! prosternée! le front à terre devant Celui que je sens!
Montherlant, Le Maître de Santiago,1947, III, 5, p. 656. ♦ [Autres prép.] Les voitures réglementaires, celles à deux roues, celles à quatre roues, manquaient (Zola, La Débâcle,1892, p. 326).Les quelques pages sur Lautréamont et celles sur Rimbaud (Gide, Journal,1905, p. 183): 3. Écarter les croyances combleuses de vides, adoucisseuses des amertumes. Celle à l'immortalité. Celle à l'utilité des péchés : etiam peccata. Celle à l'ordre providentiel des événements − bref les « consolations » qu'on cherche ordinairement dans la religion.
S. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. 23. − Pop. À = de. Trois vies, la mienne, la sienne et puis surtout celle à mon père ont fondu dans les sacrifices (Céline, Mort à crédit,1936, p. 47). Rem. L'usage pop. fait parfois précéder celui de l'art. déf. Une bonne? ... P't-être la celle au marquis (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 2, Le Marquis de Fumerol, 1886, p. 67). b) Rare. [Celui renvoie à un nom ou à un groupe nom. qui suit] : 4. Après la vigne il faut exploiter le maïs
Qui depuis deux cents ans enrichit le pays.
Avec celle du blé alterne sa culture,
Comme l'étoile avec la fleur dans la ramure.
Jammes, Les Géorgiques chrétiennes,Chants 1-2, 1911, p. 52. 2. [Le compl. prép. est un inf.] :
5. Au plaisir de jadis qui était de voir en rentrant le ciel de pourpre encadrer le calvaire ou se baigner dans la Vivonne, succédait celui de partir à la nuit venue, quand on ne rencontrait plus dans le village que le triangle bleuâtre, irrégulier et mouvant, des moutons qui rentraient.
Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 691. Rem. 1. On rencontre la formule pour railler les conventions et le parler bourgeois : avoir celui de « avoir l'honneur de ». « Mam'selle, aurai-je celui d'aller avec vous? » (Larch. 1872). 2. Dans l'expr. vieillie à celle fin de (souvent déformée en à seule fin de), celle est adj. (cf. ce2). Madame Chalamelle... raccommodant la dentelle à celle fin de diminuer ses frais de loyer (H. Monnier, Scènes pop., 1833, p. 2). B.− [Le dém. a valeur de nom. et désigne avec son groupe une ou plus gén. plusieurs pers.] ♦ Ceux de. Les gens, les personnes de : 6. On venait d'allumer la guerre entre nous et ceux d'en face, et à présent ça brûlait! Comme le courant entre les deux charbons, dans la lampe à arc.
Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 20. Rem. Dans la lang. pop. ou vulg., le dém., qui a lui-même une forme partic., est volontiers précédé d'un art. déf. Les ceusses de là-bas (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 327). II.− [Celui est suivi d'une prop. sub. rel. ou d'un équivalent de prop. sub. rel.] A.− [Celui introduit une prop. sub. rel. avec laquelle il forme un ensemble fonctionnant globalement comme groupe nom.] 1. [Celui a valeur de pron. anaphorique; une idée partitive s'ajoute souvent au tour] C'est de toutes les choses du monde, celle que j'aime le mieux (Ac.1835-1932). a) [Celui et son groupe renvoient à un groupe nom. antécédent] Quel est parmi tant de soleils celui qu'un ange arracha comme une torche au hasard (Claudel, Corona Benignitatis Anni Dei,1915, p. 375).Une pareille main était de celles qui portent le signe du malheur (Bernanos, Nouvelle histoire de Mouchette,1937, p. 1340). b) Plus rare. [Celui et son groupe renvoient à un groupe nom. qui suit] : 7. Parmi toutes celles que je couchais fidèlement sur mes carnets aussitôt après les avoir entendues, je ne cite à dessein que les deux plus notables de ces informations burlesques.
Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 66. 2. [Celui a valeur de nom. et désigne avec son groupe une entité qui est toujours une pers. ou un groupe de pers.] a) [Cette entité est rapportée à une ou plusieurs pers. partic.] − Souvent péj. Faire celui, celle qui... Agir à la manière d'une personne qui... Je faisais celui qui voyait rien (Céline, Mort à crédit,1936, p. 274).Pourquoi est-ce que tu fais encore celle qui ne répond pas comme dans les rêves? (Claudel, Partage de midi,1949, III, p. 1056). Rem. Dans l'usage fam. on fait parfois l'ell. du verbe, si celui-ci a été énoncé antérieurement. Ils [les voyageurs] dormaient ou faisaient ceux qui (Montherlant, La Petite Infante de Castille, 1929, p. 594). ♦ C'est à celui qui... Rivaliser d'effort pour arriver au but ou y arriver le premier. C'est à celui qui fera le plus vieux (Renard, Journal,1902, p. 729). − [Au plur., celui est souvent précédé de tout] :
8. Qu'elles [les pensées] entourent celles et ceux qui souffrent en silence pour la patrie : mamans en deuil, femmes à leur foyer vide, enfants malheureux, vieux parents seuls; toutes celles et tous ceux dont le cœur, ce soir, berce tristement son chagrin.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 422. b) [Cette entité désigne de manière périphrastique et gén. emphatique une pers. ou un personnage connus sous un nom simple] − [La divinité] Cf. ex. 2. − [L'épouse] Voilà longtemps que celle avec qui j'ai dormi, Ô Seigneur! a quitté ma couche pour la vôtre (Hugo, La Légende des siècles,t. 1, 1859, p. 85). − [Une allégorie] La fièvre, Elle est celle qui marche, Sournoisement, courbée en arche, Et personne n'entend son pas (Verhaeren, Les Villes tentaculaires,1895, p. 45). Rem. Dans des conditions semblables, la périphrase sert à désigner des not. occasionnelles pour lesquelles la lang. ne dispose pas de noms simples. Nous sommes ceux qui n'oublions pas (Barrès, Mes cahiers, t. 10, 1913, p. 35). c) [Cette entité désigne un groupe indéterminé de pers., notamment dans des adages, des formules de vérités gén. où le verbe sub. est gén. au prés.] Synon. quiconque, tout homme, toute personne qui. − Au sing. : 9. « ... Celui qui ouvre un compte en banque pour les recherches de l'esprit; (...) celui qui tient commerce, en ville, de très grands livres : almagestes, portulans et bestiaires; qui prend souci des accidents de phonétique, de l'altération des signes et des grandes érosions du langage; qui participe aux grands débats de sémantique; (...) celui qui donne la hiérarchie aux grands offices du langage (...) ceux-là sont princes de l'exil et n'ont que faire de mon chant. »
Saint-John Perse, Exil,1942, p. 24. − Au plur. : 10. ... il est si court, ce matin radieux [de la vie], qu'on en vient à n'aimer que les très jeunes filles, celles chez qui la chair comme une pâte précieuse travaille encore.
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 905. B.− [Celui, celle sont déterminés par un élément à fonction prédicative, équivalant à une prop. rel.; celui, celle ayant alors une valeur anaphorique, représentent un subst. déjà énoncé] 1. Celui + part. prés.La porte conduisant à sa chambre et celle conduisant à la rue (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Une Soirée, 1887, p. 584). 2. Celui + part. passé. a) Fréq. [Avec l'auxil. si celui-ci est ayant] Un tribunal composé d'autres magistrats que ceux ayant siégé à la première audience (Courteline, Un Client sérieux,1897, 3, p. 38). b) [Gén. sans auxil. si celui-ci devait être étant] Et cette image n'est autre que celle imprimée sur le linge de la Véronique (Claudel, La Ville,2eversion, 1901, III, p. 485).Oh! l'amour de ce paysage décevant, aussi beau, aussi vaste que celui attendu (J. Rivière, Correspondance [avec Alain-Fournier], 1906, p. 244). 3. Celui + à + inf.Les morts (...), qui ont souffert, et ceux à venir, qui souffriront comme nous (Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1252). 4. Celui + Adj. en constr. d'appos. à valeur prédicative. a) [L'adj. est intercalé entre celui et son déterminant nom. (cf. supra I)] Ses résistances aux caresses aimantes de Bianca, à celles adoratrices de Betty (J. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 44).Ce tressaillement du ventre qu'on a dans les chutes simulées des « chars russes » ou dans celles imaginaires des rêves (Loti, Pêcheur d'Islande,1886, p. 79). b) [L'adj. est intercalé entre celui et une prop. rel.] :
11. Pleine d'arguments qui ne portaient pas, et n'imaginant même pas ceux − assez nombreux malgré tout − qui eussent pu ébranler Costals.
Montherlant, Le Démon du bien,1937, p. 1266. 5. Celui + compl. circ. à valeur prédicative.[Avec place similaire aux cas précédents] Soit celles [les choses] sur la terre, soit celles qui sont dans les cieux (Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 137).Les marches d'un escalier, du moins celle entre deux paliers (Gide, Journal,1943, p. 190): 12. J'aime infiniment la bonne figure qu'on lui voit sur son portrait par Hayls, à la National Portrait Gallery, ou le maintien, plus digne, de celui par Sir Peter Lely, à Cambridge.
Morand, Londres,1933, p. 22. Rem. 1. Dans les emplois cités sous B, l'adj. est souvent renforcé. a) Par un adv. (en partic. l'adv. « plus »). Les intérêts d'un personnage suspect, si sacrés qu'ils puissent m'apparaître, et ceux autrement importants, de la justice et de la loi (Courteline, Un Client sérieux, 1897, 3, p. 36). Mais les fortes et mélodieuses chansons de ce poète d'Amérique, celles plus douces, plus tempérées de quelques jeunes poètes français (...), augmentaient en nous la conscience de notre bonheur (Guéhenno, Journal d'un homme de 40 ans, 1934, p. 132). b) Par l'adj. « même ». Elle savait mille historiettes piquantes, celles mêmes entendues dans les salons (Adam, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 285). 2. Les constr. énumérées sous II B 5 sont voisines de celles où celui est suivi d'un compl. déterminatif : de + subst. (cf. supra I). 3. a) Accord du verbe dans une prop. sub. rel. lorsque celui, attribut du suj., sépare le suj. de la princ. du pron. rel. L'accord du verbe est régi par la fonction du pron. rel. qui dépend des rapp. que le locuteur établit entre les différents éléments de la phrase. Si l'attribut est privilégié, le pron. rel. devient son représentant et le verbe s'accorde avec lui (cf. Céline, loc. cit.). Si le rôle du suj. de la princ. est souligné, le pron. rel. devient son représentant et le verbe s'accorde avec lui (cf. Barrès, loc. cit.). Le second tour est plus rare que le premier, surtout au sing. Le tour existe néanmoins, en partic. p. réf. à l'énoncé biblique par lequel Dieu se définit dans Je suis celui qui suis (Ex. III, 14, trad. Bible de Jérusalem). b) Omission de celui.
α) Dans la lang. cour. [Dans des expr. sentencieuses, qui a valeur de celui qui] Qui dort dîne; heureux qui frisonne aux miracles de cette poésie (A. France, Le Génie latin, 1909, p. 295 ds Grev. 1964, § 541). β) [Devant un compl. déterminatif coordonné, la répét. de celui, déterm., n'est pas nécessaire] Je tiens à vous assurer, une fois de plus, que le Comité national français ne sépare en rien l'intérêt supérieur de la France de celui de la guerre et des Nations-Unies (De Gaulle, Mémoires de guerre, 1956, p. 438). γ) [Dans la lang. littér.] − Devant un poss. Ses yeux étaient d'un enfant (A. France, Crime, 57 ds Sandf. t. 1 1965) − Lorsqu'un adv. met en relief le compl. déterminatif. Aux yeux des étrangers et surtout des Allemands! (Rigal, Md. 1, 54 ds Sandf. t. 1 1965). − En partic. devant un adv. de négation. Le beau système s'appliquait sans défaut à la besogne d'un agriculteur ou d'un mécanicien, mais non d'un artiste ni d'un savant (T'Serstevens, Un Apostolat, p. 95 ds Sandf. t. 1 1965). Prononc. et Orth. : [səlɥi], [sεl], [sø], [sεl]. Absence de liaison entre les pron. dém. ceux, celles et le mot suiv. (cf. (Fouché Prononc. 1959, p. 455). Dans un parler relâché, forme tronquée [sɥi] de celui (cf. Mart. Comment prononce 1913, p. 263; Nyrop Phonét. 1951, p. 35). Ds Ac. 1694-1932. Noter que Ac. 1694 écrit : celuy. Étymol. et Hist. A. Adj. désigne ce qui est éloigné du locuteur et de l'allocutaire 1. a) dans le temps, ca 881 cels cas régime masc. plur. (Séquence de Sainte-Eulalie, 12 ds Henry Chrestomathie 1970, p. 3); xies., opposé à cist (Alexis, éd. C. Storey, 624); b) dans l'espace, ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 272); 2. dans un récit pour rappeler une chose précédemment mentionnée, ca 881 cele cas régime fém. sing. (Séquence de Sainte-Eulalie, 23, loc. cit.); 3. ca 1100, sert à présenter la notion exprimée par le subst. comme bien connue, notoire, constante (utilisé dans les descriptions) (Roland, 1031, v. G. Moignet, Gramm. de l'a. fr., Paris, Klincksieck, 1973, p. 113); 4. renforcé par les adv. ci, là; ca 1175 notion de lieu, cele part la « là-bas » (Chr. de Troyes, Chevalier au Lyon, éd. M. Roques, 1959), rare jusqu'au xives.; 4equart xives., notion de temps, celle fois chi (Froissart, II, 230 ds Mathews, Cist and cil, Baltimore, 1907, p. 54). B. Pronom 1. rappel de ce (personne, chose) qui a été précédemment mentionné, souvent dans un récit, 1remoitié xes., cil cas sujet masc. sing. (Homélie sur Jonas, 4, 20 ds Bartsch Chrestomathie p. 5; v. aussi Yvon ds Romania, t. 73, 1952, pp. 433-434); 2. a) 2emoitié xes., déterminé par une relative, celui cas régime sing. ... cui (Passion, éd. D'A. S. Avalle, vers 144); xies. cel sul qui (Alexis, éd. C. Storey, 37, p. 94); xives. cellui ... qui (Berinus, éd. Bossuat, 451 d'apr. A. Dees, Ét. sur l'évolution des dém. en a. et m. fr., Groningue, 1971, p. 84); ca 1100 loc. come cil qui (Roland, 427), constr. vieillie auj. (v. Grev. 1964, p. 453, § 521, hist. 2); b) déterminé par un adv., ca 1100 (Roland, 1041 : cil devant); c) déterminé par un subst. introd. par de (ibid., 1081 : cil d'Espaigne); mil. xiies. ceus de Rome (Charroi de Nymes, 229 cité par Yvon, loc. cit., p. 440), ceus de la ville (id., 835, ibid.); d) déterminé par une prép. autre que de, 1170 (Livre des Rois, III, VI ds Mathews, op. cit., p. 94); e) déterminé par un adj., 1268-71 (E. Boileau, Livre des Métiers, éd. Bonnardot et Lespinasse, XLVI, 6). Les constr. d et e sont condamnées par les grammairiens (v. Grev. 1964, § 515, rem.); 3. xiies. relié par une conj. de coordination au nom qu'il représente et jouant le même rôle gramm. que lui (Béroul, Tristan, éd. H. Ewert, 694 : entre son lit et cel au roi); 4. renforcé par un adv., ca 1160 (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 2950 : celui la, c'est Romulus), xves. ceulx-la masc. plur. (Commines, 51 ds Mathews, op. cit., p. 57); xiiies. chieus chi (Le Jeu de Courtois d'Arras, 461 cité par Yvon, loc. cit., p. 455), xives. ceux-ci (Roman du Comte d'Anjou, 4313 cité par A. Dees, op. cit., p. 73). À côté de cil (cas sujet sing. masc. < eccíllī
); cel cas régime sing. masc. (< eccíllum); cele cas sujet et cas régime fém. (< eccílla); celui cas régime second masc. (< *eccillūi); celi cas régime second fém. (< *eccilléi), on relève les formes renforcées du type icil (à partir du xives. surtout en usage dans les dial. de l'Ouest, et caractéristiques du style solennel, A. Dees, op. cit., p. 150) de même orig. que icist, v. ce, cet; pour la place de ille dans le système dém. du b. lat. et celle de cil dans celui de l'a. fr. v. aussi ce, cet. À l'exception de cel qui est presque toujours adj. et de celui (et celi) qui fonctionne surtout comme pronom, les formes de ce démonstratif sont susceptibles d'être employées comme adj. et comme pronom. Leur spécialisation comme pronom semble se placer entre le mil. du xives. et la fin du xves. (cf. encore exceptionnellement au xviies. celui adj., Haase, § 23). Liée à la disparition dans le système adj. de l'ancienne oppos. cist (proximité)/cil (éloignement), la distinction entre les formes cestui/celui, ceste/cele, cestes/celes s'affaiblit, concurrencée par l'emploi des adv. -ci et -là : pour exprimer la proximité les formes cestui-ci, ceste-ci se généralisent à côté de ceus-ci; pour l'éloignement, on distingue les formes cestui-là, celui-là, ceste-là cele-là, celes-là. D'autre part la lang. connaissant dep. l'époque de l'a. fr. les pronoms déterminatifs cil qui et cil de, le déterminatif dispose au mil. du xives. des formes sing. masc. celui qui, fém. cele qui; plur. masc. ceus qui, fém. celes qui. Au xviies. le système mod. [sing. masc. celui-ci, celui-là, fém. celle-ci, celle-là; plur. masc. ceux-ci, ceux-là, fém. celles-ci, celles-là] se trouve généralisé, les démonstratifs et déterminatifs connaissant ainsi des formes parallèles. Pour l'évolution de cil, adj., v. ce, cet. STAT. − Fréq. abs. littér. Celui : 45 750. Celle : 38 507. Ceux : 39 603. Celles : 13 390. Fréq. rel. littér. Celui : xixes. : a) 78 268, b) 48 020; xxes. : a) 53 900, b) 69 639. Celle : xixes. : a) 66 308, b) 40 692; xxes. : a) 43 666, b) 59 122. Celles : xixes. : a) 27 134, b) 13 066; xxes. : a) 13 217, b) 18 842. Ceux : xixes. : a) 69 363, b) 43 701; xxes. : a) 50 288, b) 55 578. BBG. − Cohen 1946, p. 54. − Dees (A.). Ét. sur l'évolution des dém. en anc. fr. et en m. fr. Groningen, 1971. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 110. − Gougenheim (G.). Les Pron. dém. celui et ce aux points de vue syntaxique et fonctionnel. B. Soc. Ling. 1965, t. 60, no1, pp. 88-96. − Guiraud (P.). L'Assiette du n. ds la Chanson de Roland. Romania. 1967, t. 88, pp. 59-83. − Mathews (C. E.). Cist and cil, a syntactical study. Baltimore, 1907. − Price (G.). Quel est le rôle de l'oppos. cist/cil en a. fr.? Romania. 1968, t. 89, pp. 240-253; La Transformation du syst. fr. des dém. Z. Rom. Philol. 1969, t. 85, pp. 489-505. − Yvon (H.). Cil et cist, art. dém. Romania. 1951, t. 72, pp. 145-181; cil et cist, pron. dém. Romania. 1952, t. 73, pp. 433-461. |