| CE1, C', Ç', pron. dém. neutre et particule. Désigne un objet inanimé (plus rarement un être animé) présent, tout au moins dans l'esprit du locuteur. Abrév. c' devant e, ç' devant a. I.− Ce, pron. neutre. A.− Fam. ou littér. [En dehors de la fonction d'antécédent] (Loc. gén. figées, souvent avec valeur adv.). 1. Ce. Quelque chose de précis qui vient d'être dit ou qui va l'être. a) Ce, compl. verbal + part. prés. en prop. abs. au début d'une phrase. − Courant ♦ Ce disant. En disant cela : 1. − S'il m'arrivait de mourir demain, (...), je demande que l'on fasse mon autopsie (...).
Ce disant, avec la pointe de l'index, il esquissait, sur le devant de sa blouse, le tracé d'une incision imaginaire...
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Les Maîtres, 1937, p. 204. ♦ Ce faisant : 2. Je serrais. Une poigne rose de bambin vaut un étau. Et, ce faisant, pour la mieux considérer et m'instruire, je rapprochais la vipère de mon nez...
H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 8. ♦ Ce que voyant : 3. C'était l'automne : les pommes tenaient à peine aux branches et tombaient au moindre souffle. Ce que voyant, chacun de nos promeneurs se disait :
− Puisque cette pomme est tombée, c'est qu'elle est mûre...
Reider, MlleVallantin,1862, p. 139. − Rare, affecté ♦ Ce étant (ce, suj. du verbe être). Cf. Balzac,
Œuvres diverses, t. 2, 1850, p. 279. ♦ Ce rêvant. En rêvant à cela : 4. Baudelaire et les autres construisent des châteaux de l'âme où ils se réfugient pour échapper à la vie... Ce rêvant, nous sommes voisins des grands esprits religieux, car nous croyons avec eux que la connaissance sensible n'est pas une véritable science...
Barrès, Mes cahiers,t. 10, 1913-14, p. 117. − Ce en incise (vx). Ce dit-on. Dit-on. Et, ce dit-on, il en était aimé (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,1848ds G. Mauger, Gramm. pratique du fr. d'auj., Paris, Hachette, 1968, p. 127).Ce crois-je : 5. Entre deux beautés qui l'agaçaient, il choisit la plus petite :
La grande en fut, ce crois-je, bien despite...
Sainte-Beuve, Tabl. hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIes.,1828, p. 36. − Ce en appos. + pron. rel. ♦ Ce que dessus : 6. Comme vous êtes, après ma mère, ce que je révère le plus au monde, je vous fais ces lignes pour vous annoncer ce que dessus.
Stendhal, Armance,1827, p. 201. ♦ Ce qu'à Dieu ne plaise (Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France,t. 3, 1921, p. 513). b) Ce, compl. prép., en fonction de compl. circ. − Arch. Nonobstant ce. Soit : mais nonobstant ce, (...) le Christianisme n'est pas passé (Chateaubriand, Ét. hist.,1831, p. CLIII).Ce nonobstant. Un certain cheval sans tête qui, ce nonobstant, galope fort vite au milieu des pierres (Mérimée, Mosaïque,1833, p. 320).Pendant ce. Pendant ce, moi qui cependant ne suis pas un pudibond, je croyais assister à une récréation de bagne (E. et J. de Goncourt, Journal,1892, p. 210).Ce pendant (que). Cf. cependant.À ce. Inscription aux bureaux à ce établis (Code civil,1804, p. 387).Pour ce. La pauvre Sidoine fut convaincue par le juge d'avoir fait la ribaude et pour ce mise nue sur un âne (A. France, L'Orme du mail,1897, p. 213). − Cour., fam. [Avec valeur anaphorique (renvoie à l'antécédence immédiate)] Sur ce. Sur ces mots (souvent pour prendre congé de qqn). Je vous souhaite, sur ce, le bonsoir (Gide, Correspondance[avec Valéry], 1891, p. 44).Sur ces entrefaites, ensuite. M. Élie vérifia la stabilité de sa chaise. Sur ce, un petit monsieur entra (Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 740).Et ce. Et cela qui vient d'être dit. Des messieurs disaient des douceurs à des têtes de femmes enveloppées jusqu'au cou des rideaux de leurs loges (...) − et ce, pendant qu'on les habillait par derrière (E. de Goncourt, La Faustin,1882, p. 94).Pour ce faire. Saisissant l'occasion d'assister un malade, un blessé, mais n'ayant pour ce faire ni titre, ni facilités (Barrès, Les Diverses familles spirituelles de la France,1917, p. 20). c) Ce, suj. de est (ou doit être, ou peut être, ou allait être). Des pas légers, des pas de femme qui crièrent tout à coup sur le sable du jardin lui mirent la mort dans l'âme. C'était, ce devait être elle (Ponson du Terrail, Rocambole, t. 3, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 286).Vous vous dites peut-être que Michele était pour elle, pour nous deux, une sorte de remords vivant? Non. Ç'aurait pu être, en effet. Ça n'était pas (R. Martin du Gard, Confidence africaine,1931, p. 1127). − [Valeur anaphorique] Ce, suj. d'une prop. attributive qualificative. C'est beau, c'est bien, c'est vrai, c'est sûr. Ce sont des villes! C'est un peuple (Rimbaud, Illuminations,Villes I, 1873, p. 276). ♦ Arch. et littér. Ce m'est, ce lui est. C'est pour moi, pour lui (elle) : 7. Et nous qui souffrons de ces raffinements et de cette civilisation, ce nous est une étrange ivresse que de nous plonger, ne fût-ce qu'un instant, au jaillissement primitif de cette source d'universelle activité.
P. Bourget, Nouv. Essais de psychol. contemp.,1885, p. 115. ♦ [Pour reprendre un adj.] Ce l'est : 8. − Ce que tu m'annonces, ô vierge, s'écria l'apôtre, me semble prodigieux et au-dessus de la puissance humaine.
− Ce l'est, répliqua la vierge Orberose.
A. France, L'Île des pingouins,1908, p. 120. ♦ Ce désigne parfois une pers., avec une nuance fam., plais. ou iron., péj. Synon. cela, ça.Comme cela s'appelle un roi, comme c'est né Fleurdelysé (...) C'est bien, c'est le damné; vous serez sans entrailles! (Hugo, La Pitié suprême,1879, p. 153). ♦ [Pour résumer une action énoncée dans la phrase précédente] :
9. L'injection d'essence est terminée? Dans les deux cylindres? Avez-vous pensé à essuyer un peu les bougies? C'eût été prudent après une étape de onze kilomètres. Enveloppez bien le carburateur.
Romains, Knock,1923, I, p. 2. Rem. Arch. et littér. (ce + verbe d'état). Ce peut, ce paraît, ce semble, ç'avait l'air... (avec une nuance d'affectation) : 10. Ce jour-là, ç'avait l'air d'un métier si calme, si facile, celui de pêcheur d'Islande; − un métier de demoiselle...
Loti, Pêcheur d'Islande,1886, p. 64. 11. Et le verger fut grand où hantait la calandre diserte.
Et quant à la Dame, elle avait ce geste prompt,
Ce « ce me plaît » qui déconcerte; ...
Moréas, Le Pèlerin passionné,1891, p. 11. 12. Un chef-d'œuvre? (...) Ce n'a même pas la prétention d'être un tableau, mais une simple esquisse (il avait raison).
Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 223. ♦ Ce en incise, explétif. Ce me semble. Nous avons au grenier un nombre suffisant Ce me semble, de vieilles planches? (Baudelaire, Les Fleurs du Mal,1857, p. 282).Ce semble. Il convient, ce semble, de distinguer la science de l'instruction (Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 112). − [Valeur anaphorique] Ce, suj. d'une prop. attributive d'identification. C'est moi, toi, lui, elle; ce sont eux, elles; fam. c'est eux, elles. Rem. C'est nous, c'est vous restent toujours au sing. C'était nous, en train de patauger dans la boue jaune (Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 223). − [Le référent n'est pas dans la phrase] Cf. c'est-à-dire, c'est à savoir (s.v. savoir). − [Le référent est dans la même phrase] Ce, suj. d'une prop. attributive qualificative. C'est bien, c'est beau; c'est un homme. 2. Ce. Ce dont on parle, la situation actuelle. C'est aujourd'hui, c'est l'heure; c'est l'hiver. Les armureries n'ouvriront pas aujourd'hui, c'est dimanche (Malraux, L'Espoir,1937, p. 445). B.− Ce, antécédent du pron. rel. neutre. 1. [En dehors de l'interr., pour introd. une sub. rel.] Ce qui, ce que, ce dont, ce à quoi, ce pour quoi, etc. : 13. L'homme naît avec la faculté de recevoir des sensations; (...) de saisir ce qu'elles ont de commun et ce qui les distingue...
Condorcet, Esquisse d'un tableau hist. des progrès de l'esprit hum.,1794, p. 1. 14. Vous savez par l'annonce de la quatrième livraison ce dont je m'occupe pour le deuxième volume des Scènes de la Vie privée; mais ce à quoi vous ne vous attendez point, c'est le Père Goriot, une maîtresse œuvre!
Balzac, Lettres à l'Étrangère,t. 1, 1850, p. 195. Rem. Ce désigne un être hum. dans l'expr. ce qu'il y a de plus + adj. (superl. abs.). Des lettres venues de Paris, (...) écrites par ce qu'il y a de plus illustre (Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830, p. 95). 2. [Dans l'interr. indir.] (Demander) ce qui, ce que : 15. Il m'envoie à cette heure lui présenter ses civilités, savoir ce qu'elle fait, ce qu'elle dit et comment elle se porte.
Camus, Les Esprits,adapté de P. de Larivey, 1953, I, 1, p. 451. − Forme redoublée ce que c'est que : 16. Entre le père et la mère, dans le pays où vous êtes née, Vous avez crû, comme un arbre dans un jardin. Jeune être heureux, vous ne savez ce que c'est que souffrir...
Claudel, La Jeune fille Violaine,2eversion, 1901, I, p. 573. 3. [Dans l'interr. dir.] Qu'est-ce que c'est que? (cf. la particule interr. est-ce que...?).Qu'est-ce que c'est que cela? dit le bonhomme dont les yeux s'animèrent à la vue d'une poignée d'or que lui montra Charles (Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 171).Qu'est ceci? Rem. Autres loc. interr. cour. : qui est-ce qui...? quand est-ce que...? qu'est-ce que...? n'est-ce pas que...? Cf. aussi le verbe être. II.− Ce, particule déictique ou base d'incidence. A.− [Ce, particule déictique en dehors de la fonction de base d'incidence] C'est. 1. C'est, loc. de la mise en relief. a) C'est à lui de (à) + inf.Il lui appartient de. Glenarvan comprit que c'était à lui de donner l'exemple de l'obéissance (Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 2, 1868, p. 54).Vous pensez, n'est-ce pas, plombier, que c'est bien au propriétaire à payer les dégâts? (T. Bernard, M. Codomat,1907, I, 2, p. 139). b) [Pour mettre en relief au début d'une phrase un terme autre que le verbe à un mode pers.] Le gallicisme c'est... qui, c'est... que : 17. Ce fut au pied du tombeau même de Socrate que Platon dicta les leçons qu'il avait reçues de son maître.
Condorcet, Esquisse d'un tableau hist. des progrès de l'esprit hum.,1794, p. 52. 18. On dit toujours que c'est d'un ver que sort le papillon; chez l'homme, c'est le papillon qui devient un ver.
Montherlant, La Reine morte,1942, I, 1, 3, p. 143. Rem. 1. C'est... que se rencontre souvent à la forme interr. qu'est-ce que? et la loc. reste toujours au sing. Qu'est-ce que ces gens-là? Ce sont des gens bien? (Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 11). 2. Forme redoublée qu'est-ce que c'est que (cf. supra I B 3). c) [Ce est explétif] Ce qui... c'est : 19. Ce qui caractérise surtout le vrai sage, c'est un sentiment profond d'ordre et d'harmonie. Toute erreur lui est pénible, tout mal l'afflige, toute injustice l'indigne...
Senancour, Rêveries,1799, p. 212. − Celui (celle, ceux...) qui (que, dont...)... c'est (ce sont) : 20. Mais ceux dont on avait le plus de peine à contenir l'indignation vertueuse contre le parti de l'usurpateur, c'étaient les nobles ou leurs adhérents...
Mmede Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 2, 1817, p. 228. − C'est à + inf. C'est de nature à. C'est à mourir de rire. Je me sens aujourd'hui si active, si gaillarde, c'est à ne pas croire (Bernanos, La Joie,1929, p. 534). − [Pour marquer une intention] C'est pour + inf. : 21. − Mais, maman, j'ai peur aussi, moi.
− Comment? répond Madame Lepic, un grand gars comme toi! c'est pour rire.
Renard, Poil de Carotte,1894, p. 2. − C'est pourquoi. Voilà pourquoi, c'est la raison pour laquelle : 22. Le temps est de nouveau complètement couvert. C'est aussi pourquoi sans doute j'ai mal dormi.
Gide, Journal,1914, p. 418. d) C'est. [Valeur anaphorique d'anticipation, pour annoncer un suj. rejeté en fin de phrase] ♦ C'est..., + suj. : 23. Je me demande souvent comment vivent ceux qui n'ont rien à se reprocher. C'est si mystérieux une âme pure!
Green, Journal,1943, p. 4. ♦ C'est... que (explétif) + suj.Ce ne fut pas une petite affaire pour les Le Pesnel que ce voyage (Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 78). ♦ C'est... de + inf. : 24. À moi, le grand horizon de l'Ouest! Je te salue, Océan, c'est bon de respirer, c'est bon d'être avec toi, c'est bon de te sentir sur la face et sous les pieds!
Claudel, Le Livre de Christophe Colomb,1929, 1repart., p. 1149. ♦ C'est..., que de + inf.C'est une distraction puissante que d'écrire un roman (Green, Journal,1928, p. 3). ♦ C'est... que + inf. : 25. Mais c'est trop qu'être roi dans un air qu'ils respirent.
C'est trop que les avoir, c'est trop que les conduire.
Et c'est encore trop, hélas! que les haïr.
Montherlant, Encore un instant de bonheur,1934, p. 677-678. Rem. Forme redoublée (voilà) ce que c'est que (de), quand...! (exclamatif pour constater un résultat défavorable). Il allait bientôt nous en cuire. Ce que c'est quand on n'a pas d'expérience [!] (F. Vidocq, Mémoires de Vidocq, t. 2, 1828-29, p. 73). Connaissant enfin par lui-même ce que c'est que de trembler et de souffrir pour ce qu'on aime... (G. Sand, Histoire de ma vie, t. 1, 1855, p. 79). Une baronne! ... Un marquis! ... Ce que c'est que les hasards de la navigation... Me voilà dans le monde, alors... dans le plus grand monde... (Meilhac, Halévy, La Cigale, 1877, II, 13, p. 87). − [Valeur anaphorique de reprise ou d'anticipation, pour annoncer ou reprendre une prop. introd. par si, comme ou quand] :
26. Il avait sombré plus d'une fois dans les sables, la montagne, la nuit et la mer. Et quand il était revenu, ç'avait toujours été pour repartir.
Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 156. − [Valeur anaphorique de reprise, c'est reprend un suj. exprimé en tête de phrase] :
27. ... ce qui a été dur, ç'a été de me trouver dans la petite salle, avant l'audience, avec la mère de Greslou...
P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 233. − Le gallicisme c'est reste au singulier ♦ quand il est suivi d'une somme, d'un nombre d'heures, d'une quantité au plur. : 28. ... c'était vingt mille francs qu'elle voulait de ma part, comme des autres...
Restif de La Bretonne, M. Nicolas,1796, p. 99. 29. Jacques. − Mais ce n'est pas vingt ans que tu sembles avoir, mon Jean, et l'on dirait que tu en as à peine douze.
Claudel, La Nuit de Noël 1914,1915, II, p. 568. ♦ quand il est suivi de plusieurs subst. au sing. ou dont le premier est au sing. : 30. ... l'enthousiasme se rallie à l'harmonie universelle : c'est l'amour du beau, l'élévation de l'âme, la jouissance du dévouement, réunis dans un même sentiment qui a de la grandeur et du calme.
Mmede Staël, De l'Allemagne,t. 5, 1810, p. 187. Rem. Sauf dans le cas d'une énumération. Ce sont : 31. Plate-forme au sommet d'une tour destinée à l'observation et à l'adoration des astres. Quatre figures colossales de génies marquent les points cardinaux : ce sont : Sed, taureau à face humaine; Nergal, lion à face humaine; Oustour, l'homme; Nattig, à tête d'aigle.
Valéry, Variété III,1936, p. 124. ♦ dans les interr. est-ce là...? qu'est-ce que? Rem. La plupart des écrivains évitent d'écrire sont-ce là...? par souci d'euphonie. ♦ devant une prép. Dans la jeunesse, les pensées me venaient en sonnets; maintenant c'est en maximes (Sainte-Beuve, Pensées et maximes,1840, p. 15). ♦ avec le pron. en. C'en est : 32. Lahirel, en toilette du matin, un petit peigne d'une main, et de l'autre, un miroir dans lequel il se regarde. (...) Voyons donc! c'en est bien un... c'en est même trois! Il arrache un ou deux cheveux.
Pailleron, L'Âge ingrat,1879, I, 1, p. 1. Rem. Loc. c'en est fait. Cf. faire. ♦ ds l'expr. si ce n'est. Excepté, sinon : 33. Dans l'air silencieux ni souffles ni bruits d'ailes,
Si ce n'est, enivré d'arome et de chaleur,
Autour de l'églantier et du cytise en fleur,
Le murmure léger des abeilles fidèles.
Leconte de Lisle, Poèmes antiques,Paysage 1864, 1874, p. 232. ♦ devant nous et vous (cf. supra I A 1 c c'est valeur d'identification) Rem. Dans tous les autres cas, c'est ou ce sont sont empl. concurremment devant un plur., bien que c'est + subst. ou pron. plur. soit plus fam. Ce n'est pas des visages, c'est des masques (A. France, La Rôtisserie de la Reine Pédauque, 1893, p. 317). 2. C'est que, loc. conj. ♦ Si ce n'est que. Excepté que. ♦ Si..., c'est que + ind. (causal, explicatif = c'est parce que) : 34. Si les préfaces de cette édition complète de mes œuvres, tiennent de la nature des mémoires, c'est que je n'ai pu les faire autrement.
Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,préf., t. 1, 1797, p. XLIX-XLX. ♦ Ce n'est pas que + subj.Ne pensez pas que, il n'est pas exact que : 35. Ce n'est pas que je croie que S. Luc, avant d'être chrétien, eût été pharisien. Loin de là, je crois qu'il était Essénien avant sa conversion au christianisme...
P. Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, p. 807. B.− [Ce, base d'incidence d'un élément non pronominal.] 1. Ce, base d'incidence de que adv. (dans une phrase exclam.). Ce que...! Loc. adv. indiquant une quantité ou une intensité. − Devant un adv. Synon. combien...! − Devant un adj. Synon. comme...! : 36. Ce que nous étions serrés sur cette plate-forme d'autobus! Et ce que ce garçon pouvait avoir l'air bête et ridicule!
Queneau, Exercices de style,1947, p. 14. 2. Ce, base d'incidence de que conj. de subordination. − [Non soudé] ♦ À ce que : 37. Il faut toujours s'attendre à ce que les choses se passent conformément à la pesanteur, sauf intervention du surnaturel.
S. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. 11. Rem. [En style de chancellerie] À ce que nul n'en ignore. Afin que nul n'en ignore. ♦ De ce que. Darius se plaignoit de ce que les Grecs entretenoient la révolte des villes d'Ionie (Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 2, 1797, p. 9). ♦ En ce que : 38. ... les paroles de Saint-Loup ne me déplaisaient pas en ce qu'elles rappelaient que la prétention avoisine la bêtise et que la simplicité a un goût un peu caché mais agréable.
Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 740. ♦ Jusqu'à ce que : 39. Elle [Eurydice] tricotera pendant toute la tragédie jusqu'à ce que son tour vienne de se lever et de mourir.
Anouilh, Antigone,1946, p. 136. ♦ Pour ce que (arch., littér.). Cf. parce que : 40. Laissons le rustre, l'immonde
Ignorant dénier à notre Apollon le prix
Des larmes, pour ce qu'il est si bien appris
À couvrir de beauté la misère du monde.
Moréas, Sylves,À R... de la Tailhede, 1896, p. 165. ♦ De façon, de manière à ce que (vx ou fam. pour de façon que) : 41. Eugénie fit cacher Louise dans l'angle de la porte, de manière à ce que le concierge, s'il lui plaisait par hasard de se réveiller, ne vît qu'une personne.
A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 523. − [Soudé] Cf. parce que. Prononc. et Orth. : [s(ə)]. Ce, c', ds Ac. 1694-1932; ç' ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. [Ca 881 czo pron. neutre inv. (Eulalie ds Bartsch Chrestomathie, 3, 21); ca 1100 ce forme affaiblie (Roland, éd. J. Bédier, 984)]. A. Employé avec un verbe 1. a) le plus souvent être 2emoitié xes. (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 14); − avec d'autres verbes (dont les plus fréquents sont sembler, paraître, devenir, rester, pouvoir) ainsi ca 1040 (Alexis, éd. Chr. Storey, 92); rare, subsiste dans un style soutenu et plus ou moins archaïque, v. infra C 1b; b) peut s'employer dans une phrase interrogative ca 1100 (Roland, 334), employé dans des périphrases d'insistance qui deviendront des interrogatifs composés du fr. mod., v. G. Moignet, Gramm. de l'a. fr., Paris, Klincksieck, 1973, p. 152; 2. pour mettre en relief c'est peut a) reprendre − un élément (subst., pron., inf.) ca 1040 (Alexis, 258); − un membre de phrase, une phrase ca 1040 (ibid., 366); b) c'est + attribut suivi du nom qui reprend l'élément de pensée précédé de que 1580-92 (Montaigne, I, 105 ds Littré); c'est + attribut + que de + inf., ca 1463 (Maistre Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 1411); c) c'est à ... de ou à « il appartient à » 1512 c'est à ... de (Gringore 2, 5 ds IGLF); 1666 c'est aux ... à (Molière, Misanthrope, III, 1); 3. c'est ... qui, c'est ... que a) mettent en valeur un élément de phrase . ca 1040 c'est ... + relative (Alexis, 49); ca 1463 (Maistre Pathelin, 1263 : c'est a vous a qui je vendi, Six aulnes de drap); la lang. mod. ne met pas la prép. devant que, ca 1463 (ibid., 1442 : c'est a vous mesmes que je parle), alors que la lang. class. préférait ne la mettre que devant que, qui : 1699-1717 (Fénel., Tél., III ds Littré : C'est vous [...] pour qui mon cœur s'attendrit); . ca 1040 c'est + conjonctive (Alexis, 440); b) peuvent s'employer à la forme interrogative 1561 (Calvin, 154 ds Littré); c) avec un attribut adv., adj. ou part. ce peut prendre la valeur de il impersonnel, mais souvent avec valeur d'insistance 1561 (Calvin, 218, ibid.), v. Grev. § 524 et Brunot t. 6, 2, p. 1645; de même avec l'expr. c'est ... de + inf., av. 1696 (La Bruy., XI ds Littré); [cf. ca 1100 Roland, 1427]; 4. ce + être entrent dans la formation de loc. a) ca 1040 ço m'est vis que « il me semble que » (Alexis, 343); b) début xiies. ceo est a + inf. « il faut » (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, § 1 : ceo est a saver) v. aussi c'est-à-dire; c) 1erquart xiiies. se ne fust chou que (Le Livre de Lancelot del Lac, 3, 351 ds IGLF); d'où ca 1450 se ce n'estoit (J. Regnier, Fortunes et adversités, 156, 4441, ibid.); d) av. 1742 ce n'est pas que + subj. écarte une opinion (Mass., Avent, Mort du pêcheur ds Littré); e) introduisant une explication 1751 c'est de + inf. (Volt., Louis XIV, 14, ibid.); 1863 c'est que (Littré); f) av. 1510 c'est pour marque l'intention (G. Coquillart, Poésies, 1, 149 ds IGLF); c'est pourquoi v. pourquoi. B. 1. Ce annonce une relative a) − compl. (ou suj.) ca 1040 (Alexis, 369); parfois en relation avec ce explétif (surtout avec le verbe être) 1463 (Maistre Pathelin, 1553); ce explétif non exprimé 1662 (Molière, École des femmes, vers 729); − attribut xves. (Ch. d'Orléans, Ballades, éd. P. Champion, 36); − en appos. fin xiie-début xiiies. (Aymeri de Narbonne, 2352 ds T.-L.); b) ce qui/que pour la personne qui/que 1erquart xiiies. ce qui (Le Livre de Lancelot del lac, 1, 260 ds IGLF) − xviiies. : 1732, Volt., Zaïre, II, 1 ds Littré; à nouv. aux xixeet xxes. : v. Grev. § 527 hist.; rare; 2. une interrogation indirecte 1remoitié xes. (Jonas ds Bartsch Chrestomathie, 4, 6); parfois ce est sous-entendu 1463 (Maistre Pathelin, 685), que peut être sous-entendu av. 1695 (La Font. Jum. ds Littré); 3. une conjonctive ca 1040 (Alexis, 363); parfois la conjonction n'est pas exprimée ca 1100 (Roland, 2297); parce que*; 1160 a çou que « pendant que » (Flore et Blancheflor, Append. 117, Du Méril ds Gdf.); attest. isolée; 1174-1200 a ce que « afin que » (Renart, éd. Méon, 8243), subsiste comme terme de chancellerie dep. 1690, Fur.; 4. av. 1710 ce que fam. loc. adv. exclamative « combien » (Fléch. ds Besch.); 1894 (A. France, Le Lys rouge, p. 79 ds Grev. § 845 rem. 2). C. Subsiste dans certains tours anc. ou rares, à la place des formes composées ceci*, cela* 1. employé seul a) régime d'un verbe ca 1100 (Roland, 233), ne subsiste que dans certaines expr. figées ca 1450 ce faire (J. Regnier, op. cit., p. 83, 2318); 1540 pour ce faire (Nicolas Herberay des Essars, Amadis, 37 ds IGLF); ca 1450 ce faisant (Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 10061); b) suj. d'un verbe − 1291-1328 ce samble (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, X, 3550), encore attesté au xviies. : 1653 [Vaugelas], Quinte-Curce, 7, 2 ds Brunot, t. 6, p. 1646, supplanté par ce me semble, ca 1450 (Mist. Viel Testament, 21828); − 1erquart xiiies. avec des verbes de temps (Livre de Lancelot del lac, I, 316), subsiste comme tour littér. jusqu'au xviiies., Rousseau ds Brunot t. 6, p. 1646; 2. précédé d'une prép. ou d'une conjonction − 1remoitié xes. de ce (Jonas ds Bartsch Chrestomathie, 4, 2); 1310 en tesmoing de cheu (S. Evroult, Arch. Orne [VI, 346, Luce, ms. Amiens] ds Gdf.); − xes. et cio (St Léger, éd. J. Linskill, 43 : et cio li dist); xiiies. et ce (Amadas et Ydoine, éd. C. Hippeau, 5286). Du lat. vulg. *ecce hoc, qui, au fur et à mesure qu'il est devenu inaccentué, a été remplacé comme pron. accentué par cela, sauf dans les loc. archaïques, supra C. Les formes iço, ice, attestées de ca 1040 (Alexis, 528 : Par iço) au xves. (Bl.-W.5), semblent provenir de l'adv. i < hic, p. ext. anal. à partir de l'adv. ici < híc ecce híc (G. Moignet, op. cit., p. 43). Bbg. Darm. Vie 1932, p. 193. − Goug. Lang. pop. 1929, pp. 115-116. − Hatcher (A. G.). From ce suis je to c'est moi. P.M.L.A. 1948, t. 63, pp. 1053-1100. − Henkel (W.), Muller (C.). Ce dont − de quoi. Praxis 1972, t. 19, pp. 220-221. − Lorian (A.). Ce pour quoi, ce pourquoi ou c'est pourquoi? R. Ling. rom. 1968, t. 32, no127/128, pp. 341-361. − Yvon (H.). Cil et cist, pron. dém. Romania. 1952, t. 73, pp. 433-461. |