| CASSURE, subst. fém. A.− Résultat de l'action de casser ou de se casser; endroit où un objet est cassé. La cassure d'un carreau de vitre (Hugo, France et Belgique,1885, p. 47).La cassure nette et brillante de la lame (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 351). − Spécialement 1. [En parlant d'un membre] La cassure de son bras est bien reprise (Ac. 1798-1932, Lar. 19e). Le péroné est cassé, regardez ce bourrelet : c'est toujours l'indication d'une cassure (E. et J. de Goncourt, Journal,1879, p. 25). 2. MINÉR. Point où l'on casse un minerai pour étudier sa structure. Cassure vitreuse, conchoïde, résineuse, cireuse, schistoïde. Dans mes rêves, je ne voyais que prismes rhomboïdes, reflets chatoyants, cassure terne, cassure résineuse (G. Sand, Correspondance,t. 4, 1812-76, p. 321).Des basaltes brun foncé ou noirs, avec des cassures mates, blêmes, comme des lèvres mortes (Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 176). B.− P. ext. [En parlant d'une étoffe, d'un vêtement] 1. Pli formé par le rabat d'un col, d'une manchette. Devant le miroir il refit sa raie, le pli de sa moustache, la cassure de sa manchette (Miomandre, Écrit sur de l'eau,1908, p. 62). 2. Cassure d'un pantalon. Endroit où le pli du pantalon s'arrête brutalement au contact de la chaussure. 3. Arête imaginaire entre deux reflets d'une étoffe chatoyante (velours, soie, satin). Faire briller les orfrois des brocarts, miroiter les cassures du velours et du satin (T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 40). C.− P. métaph. ou au fig. [En parlant d'un sentiment, d'un raisonnement, d'un événement] 1. Rupture, discontinuité dans l'espace. L'immense horizon plat, arrondi sans une cassure (Zola, Une Page d'amour,1878, p. 853). 2. Rupture, discontinuité dans le temps. Je roule depuis trois quarts d'heure afin de pouvoir vous joindre pendant la cassure de midi (Aymé, La Mouche bleue,1957, p. 43). 3. Rupture, éclatement. C'est douloureux tout de même, (...) cette cassure d'une amitié intime qui a près de trente ans! (E. et J. de Goncourt, Journal,1891, p. 94): De toutes ses forces, la bourgeoisie prépare un bouleversement qui s'accomplira en sa faveur, par la brusque cassure de la Révolution.
Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 364. Prononc. et Orth. : [kɑsy:ʀ]. [a] ant. ds Lar. Lang. fr. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. 1333 casseure « fracture d'un membre » (Reg. crim. de St-Martin-des-Champs ds Quem.); d'où divers emplois techn. 1701 métall. (Fur.); 1831 géol. (Balzac, La Peau de chagrin, p. 177); 1863 « pli du tissu » (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse, p. 9); 2. 1891 fig., supra. Dér. du rad. de casser* « briser »; suff. -ure*. Fréq. abs. littér. : 116. Bbg. Sigurs 1963/64, p. 387. |