| CASANIER, IÈRE, adj. Souvent péj. A.− [En parlant d'une pers.] Qui préfère habituellement rester chez elle, est attaché à un mode de vie sédentaire. Un bourgeois casanier. Casanier et un peu tâtillon, il se plaisait au logis (Theuriet, La Maison des deux barbeaux,1879, p. 8).L'on est d'autant plus apte à narrer des voyages, que l'on est plus sédentaire et plus casanier (Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 187): Un flâneur à qui l'on ordonnait de garder la chambre le plus possible, un errant des rues de Paris que l'on condamnait à devenir sédentaire et casanier, ne pouvait pas, d'abord, être de bien joyeuse humeur.
Coppée, La Bonne souffrance,1898, p. 59. − Emploi subst. C'est un casanier, un vrai casanier (Ac. 1798-1878); c'est une casanière (Ac. 1932). B.− [En parlant du genre de vie] Qui est propre aux gens casaniers. Synon. pantouflard (fam.), sédentaire.Existence, habitude, humeur, vie casanière. L'esprit casanier des Français (R. Rolland, Jean-Christophe, La Foire sur la place, 1908, p. 694). Rem. On rencontre ds la docum. casanerie, subst. fém. État d'une personne casanière. Je vous dirai seulement ce qui m'a jeté dans la paresse et dans la casanerie (G. Sand, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, t. 1, 1858, p. 73). Prononc. et Orth. : [kazanje], fém. [-njε:ʀ]. Ds Ac. 1694, s.v. case et au masc. seulement. Ds Ac. 1718-1932 au masc. et au fém., en tant que vedette indépendante de case. Étymol. et Hist. 1. 1315 subst. casenier « prêteur d'argent italien établi en France » (Ord., I, 582 ds Gdf.) − 1587 (Fr. Perrin, Quatrains, fo36 ds Gdf. Compl.); 2. 1558 casanier « qui aime à rester au logis » (Du Bellay, Regrets, XXIX, 1). 1 empr. à l'ital. casaniere « prêteur d'argent » attesté en 1447-64 (ds Batt.) et lui-même dér. de casana terme d'Italie du nord (Lucques) « boutique d'un prêteur d'argent » attesté au xiiies. (DEI) issu, peut-être par croisement avec casa « maison » (Devoto), du vénitien casnà « monceau de deniers », lui-même empr. au turc ḫazna « trésor », de l'ar. khazīna « id. » (DEI; Devoto; Lok., no855). Le sens 2 s'explique prob. par le fait que les prêteurs italiens installés en France semblaient tenus à résider en un lieu précis, évolution favorisée par l'infl. de case* « maison », fréquent au xvies. (v. Gdf., s.v. casenier; cf. gentilhommes casanniers « gentilhommes du pays » chez Monluc ds Hug. et casaner « rester à la maison » chez Baïf, ibid.). L'esp. casañero, proposé comme étymon. par FEW t. 2, pp. 452-453 et Bl.-W.5, est prob., selon Cor., s.v. casa, empr. au français. Fréq. abs. littér. : 67. Bbg. Kohlm. 1901, p. 16. − Sar. 1920, p. 25. − Wind 1928, p. 4, 68, 141. |