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CARREAU, subst. masc.
I.− Figure de forme quadrangulaire.
A.− [En tant qu'élément décoratif] Dessin de forme carrée servant de motif décoratif. Carreaux écossais; mouchoir, tissu à carreaux. Henrika avait une jupe de coton à carreau blanc et brun (Rimbaud, Illuminations,1873, p. 272).
Rem. Ac. 1932 signale que dans ce sens, carreau ,,ne se dit guère qu'en parlant de plusieurs carrés formant un assemblage symétrique``.
B.− [En tant que dispositif utilitaire]
1. B.-A. Quadrillage porté sur un croquis, un dessin, etc., pour en faire une reproduction sur un support également quadrillé. Mettre une esquisse, une toile, une maquette au carreau (cf. Zola, L'Œuvre, 1886, p. 259).
2. Figure quadrangulaire formée par le croisement des lignes horizontales et des lignes verticales d'un papier quadrillé. Les écoliers écrivent habituellement sur du papier à carreaux (Dub.).
C.− [En tant que signe ou symbole]
1. HÉRALD. Meuble présentant un carré parfait posé sur une de ses pointes.
2. JEUX DE CARTES
a) Au sing. Une des quatre couleurs, ayant la forme d'un carré ou d'un losange rouge; valeur attachée à cette couleur. As, roi, dix de carreau. Alors, vous comprenez bien, le carreau est plus fort que le trèfle et le pique est plus fort que le cœur et le carreau (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Vue de la Terre promise, 1934, p. 188).
P. méton., au sing. et au plur. Carte(s) de cette couleur. Il me reste l'as de pique et un carreau maître (Pagnol, Marius,1931, III, 1ertabl., p. 172).
[P. anal. de forme] As de carreau. Losange. Les vieux contrevents de bois plein sont percés chacun d'un as de carreau (Toulet, Les Tendres ménages,1904, p. 19).
P. compar., fam. Valet de carreau. Homme méprisable. Traiter qqn comme un valet de carreau :
1. − J'ai traité les agents de police comme des valets de carreau et avais fort envie de les rosser pour leur apprendre la politesse. Barbey d'Aurevilly, 1erMemorandum,1838, p. 193.
b) Expr. et loc. fig.
Se garder, se tenir à carreau. Être sur ses gardes; rester sur la réserve, se tenir coi. J'ai été extrêmement prudent, j'ai pas raconté d'histoire, je voulais me tenir à carreau (Céline, Mort à crédit,1936, p. 200).
Garde à carreau. Moyen de se tirer d'embarras :
2. ... j'ai une garde à carreau. Dans le cas, fort probable, où ces messieurs voudraient me tirer une carotte un peu trop forte, je leur opposerai la volonté ou le caprice de la femme aimable... Stendhal, Nouvelles inédites,1842, p. 322.
Rem. On rencontre ds la docum. plusieurs var. Les intérêts de la vérité sont gardés à pique et à carreau (Barrès, Le Jardin de Bérénice, 1891, p. 9). Il se gardait à cœur comme à carreau (L. Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 17).
Proverbe. Qui se garde à carreau n'est jamais capot. Qui prend ses précautions n'est jamais battu.
Rem. Selon Littré, Guérin 1892, DG et Rob., ce proverbe serait fondé uniquement sur l'assonance; en réalité, il s'agit probablement du carreau en tant que forme stylisée et successeur des quatre bâtons disposés en croix de Saint André (et donc à quatre branches) du jeu de tarot (d'où l'expr. jouer du bâton); se garder (et supra se tenir) à carreau; c'est se préserver des coups de bâton et éviter d'être « battu », c'est-à-dire, au tarot symbolique, d'être victime de la force brute.
II.− P. méton. Objet, surface dont la forme est perçue comme quadrangulaire ou carrée.
A.− [La forme perçue est le contour et la surface d'un objet transparent]
1. BÂT. Carreau de vitre (vx), p. ell., usuel carreau. Plaque de verre généralement rectangulaire ou carrée garnissant le châssis d'une fenêtre, d'une porte, d'une véranda, etc. Casser un carreau; frapper, taper au carreau.
2. P. ext.
a) Châssis vitré. Ouvrir, fermer les carreaux (Ac. 1932).
b) Arg. Carreaux brouillés. Maison de prostitution (par référence au fait que les vitres de ces maisons étaient généralement blanchies afin d'empêcher de voir à l'intérieur).
3. P. anal., plais., arg. et pop.
a) Au sing. Monocle. Un monsieur, parfaitement bien mis, le carreau de vitre à l'œil, se penche en avant d'une loge (Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels,La Machine à gloire, 1883, p. 86).
Au plur. Lunettes; lorgnon, pince-nez :
3. Anne, ma sœur Anne, bigle un peu (...) Tu sais bien que je suis miro (...) Anne, ma sœur Anne, mets tes carreaux. L. Stollé, Contes,Barbe-bleue, 1947, p. 2.
b) Au sing. et au plur. Œil. Il se carra dans un loinqué, et bigla de tous ses carreaux (L. Stollé, Contes,Ali-baba, 1947, p. 1).
4. PÊCHE. Filet généralement carré tendu sur deux portions de cerceau croisées et suspendues au bout d'une perche, servant à pêcher le menu poisson. Synon. carré2, carrelet2.
Rem. Selon certains dict. (Littré, Guérin 1892 et DG) ce filet est aussi appelé échiquier.
B.− [La forme perçue est le contour et la surface d'un objet compact]
1. Objet mobile.
a) AMEUBL. Coussin carré pour s'asseoir ou s'agenouiller. M. de Guise a obtenu la faveur d'avoir un carreau à la messe du roi (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 2, 1812, p. 6).
Rem. Lar. encyclop. signale qu'av. la Révolution l'usage du carreau était réglementé ,,à la Cour, par une étiquette sévère, l'usage en étant réservé, à la chapelle royale, aux dames qui avaient un tabouret dans les appartements``.
P. ext. Coussin utilisé dans la confection de la dentelle au fuseau, sur lequel les ouvrières exécutent leur ouvrage. Son carreau de dentellière sur les genoux, elle travaillait à un voile de tabernacle (Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 202).
b) MAÇONNERIE
Vieilli. Pierre taillée dont la plus grande largeur est en parement. Anton. boutisse(cf. Viollet-Le-Duc, Entretiens sur l'archit., t. 2, 1872, p. 430).
Usuel. Plaque de ciment, de terre cuite, de marbre, etc. de forme régulière, quadrangulaire et le plus souvent carrée, que l'on assemble avec d'autres pour recouvrir un sol, une paroi. Carreaux de pavage, carreau du mur; fabrication des carreaux.
2. P. méton. (de 1 b). Sol. Tomber sur le carreau.
a) BÂT. et TRAV. PUBL.
Vieilli. Sol recouvert de carreaux, pavage de carreaux. Balayer, cirer le carreau. Le carreau, proprement balayé, se trouvait en plusieurs endroits usé, cassé, creusé (Balzac, Le Médecin de campagne,1833, p. 70).Synon. mod. carrelage :
4. Aujourd'hui, les seigneurs auprès des châtelaines, Avec le lévrier à leurs longues poulaines, S'allongent aux carreaux de marbre blanc et noir. Heredia, Les Trophées,1893, p. 91.
COMM. (parisien). Emplacement pavé de carreaux, affecté aux étalages de vente.
Carreau des Halles, p. ell. carreau. Emplacement situé à l'extérieur des pavillons des anciennes Halles et garni d'étalages pour la vente des fruits, légumes, etc. :
5. Les marchandes qui étalaient au carreau des Halles, sur l'emplacement où était situé le pilori, payaient une redevance annuelle à l'exécuteur de la prévôté et vicomté de Paris. Balzac, Œuvres diverses,t. 1, 1850, p. 305.
Carreau du Temple. Partie du marché du Temple à Paris où se vendent des vêtements de qualité inférieure, neufs ou d'occasion. La tante elle avait soldé la « toilette » au carreau du Temple pendant près de cinquante ans (Céline, Mort à crédit,1936, p. 51).
Loc. diverses
Coucher une pers. sur le carreau. Mettre une personne à terre, la tuer ou la blesser. J'ai couché sur le carreau trente-sept hommes qui ne s'en sont pas relevés (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 350).
Demeurer, rester sur le carreau. Rester à terre, mort ou mortellement blessé. Sains et blessés prennent la fuite, cinq cadavres seulement restent sur le carreau (P. Borel, Champavert,Don Andréa Vésalius, l'anatomiste, 1833, p. 69).Au fig. Subir un échec :
6. J'ai vu rester sur le carreau les candidats malheureux, comme Stéphen Liégard, lequel n'avait pour lui qu'un sérieux répondant, son Chambertin, dont il abreuvait ses électeurs... L. Daudet, Quand vivait mon père,1940, p. 233.
Laisser une pers. (étendue) sur le carreau. Abandonner une personne blessée mortellement ou tuée. Vous avez laissé quelques hommes sur le carreau... c'est une victoire coûteuse (Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 636).Au fig. Abandonner, délaisser une personne dans une situation difficile :
7. ... je suis certain de mon élection; mais je suis bien forcé de me solidariser avec mes collègues, afin de ne pas les laisser sur le carreau... Zola, Vérité,1902, p. 115.
Mettre le cœur sur le carreau (pop., vx). Vomir par terre.
Rem. Selon Littré ,,cette locution est fondée sur le double sens de cœur de carte et cœur pris pour estomac, et de carreau le sol et carreau carte``; mais la réf. au jeu de cartes n'est qu'une plaisant. secondaire.
b) Usuel, MINES Carreau d'une mine, d'une carrière. Emplacement où sont déposés les produits d'extraction. Les pauvres gens s'en vont au carreau des mines voler du charbon (Morand, L'Europe galante,1925, p. 26).
c) Région., HORTIC. Planche de jardin potager. Synon. carré2C 1 c.Il descendait au jardin et donnait une façon à quelque carreau de légumes (Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 109).
3. MÉD., vx. [P. anal. avec la dureté du sol] Carreau mésentérique, p. ell. carreau. Tuméfaction abdominale à consistance dure accompagnant diverses maladies de l'enfance (cf. J. Vallès, Jacques Vingtras, L'Enfant, 1879, p. 299).
C.− [La forme est celle d'un objet dont la section est rectangulaire ou carrée]
1. Vx. Trait d'arbalète à fût court et à quatre faces (cf. carre B 2) Juan Forès pique en vain d'un carreau d'arbalète/Un vieux rouan fourbu qui bronche et qui halète (Heredia, Les Trophées,1893, p. 195).
P. métaph., littér. Carreau céleste; carreau de la foudre, de Jupiter. La foudre, le tonnerre. Le nuage crève;/Son brûlant carreau/Jaillit comme un glaive/Qui sort du fourreau! (Lamartine, Harmonies,Jehova ou l'idée de Dieu, 1830, p. 362).
2. MÉTIERS
a) Gros fer à repasser de tailleur servant à rabattre les coutures des habits (cf. A. Gendron, Le Métier de tailleur, Culottières, 1927, p. 34).
b) Grosse lime à métal de section rectangulaire terminée par une pyramide tronquée, servant à dégrossir (cf. carrelet3, carrelette).
Prononc. et Orth. : [kaʀo] ou [kɑ ʀo]. [a] ant. ds Dub., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr.; cf. aussi ds Nod. 1844, Besch. 1845. [ɑ] post. ds Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930 et Warn. 1968; cf. aussi ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Fél. 1851, Littré et DG. [ɑ] post. également pour Kamm, 1964, p. 97. [a] ou [ɑ] ds Pt Rob. [rr] géminées ds Fér. 1768. À ce sujet cf. aussi Gattel 1841 qui recommande r forte. Ds Ac. 1694 sous la forme quarreau mais avec la rem. ,,on écrit présentement carreau``. Ds Ac. 1718-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. A. Ca 1100 quarrel « trait d'arbalète dont le fer est de section carrée » (Roland, éd. Bédier, 2265), donné comme ,,anc.`` par Pt Rob.; 1611 p. anal. « gros fer à repasser des tailleurs » (Cotgr.); 1676 gros carreaux « grosse lime de serrurier » (Félibien Dict., p. 512). B. 1. 1160 quarel, « pavé plat fait de terre cuite, de pierre, etc., dont on se sert pour paver, pour recouvrir une paroi » (Wace, Rou, 3ep., 1464 ds Gdf. Compl.); p. ext. a) 1330 « sol pavé de carreaux » (H. Capet, 931, ibid.); 1723 carreau de la Halle « endroit où les marchands font leur étalage » (J. Savary des Bruslons, Dict. universel de comm., Paris); 1867 carreau de la mine (Lar. 19e); cf. 1885 (Zola, Germinal, II, p. 207); d'où les expr. ca 1600 étendre qqn sur le carreau (Hardy ds FEW t. 2, s.v. quadrus, p. 1401b); xvies. sur les carreaux « dans la rue » (Loysel, 482 ds Littré); cf. 1690 sur le carreau (Fur.); b) 1718 « affection des ganglions mésentériques avec tuméfaction et dureté du ventre » (Ac.); 2. 1318 « carré de verre à vitre » (Pontoise, A. S.-et-O., A 1434 ds Gdf. Compl.); plus gén. 1830 « les vitres de la fenêtre » (Balzac, Gobseck, p. 39b : des petits rideaux tendus aux carreaux); d'où 1858 fam. carreau de vitre « monocle » (Larch., p. 599); 3. ca 1285 quarrel « coussin carré pour s'asseoir ou se mettre à genoux » (Le Livre d'Artus ds The Vulgate version of the Arthurian Romances, éd. H.O. Sommer, vol. 2, p. 174); en partic. 1400 « petit coussin que les dentellières mettent sur leurs genoux » (E. Deschamps, Ballade des nouveaulx mariés ds Havard). C. 1. xies. « petit carré » (Pt Rob. sans ex.); d'où a) 1513 « planche d'un jardin potager » (Pierre Vachot ds Anc. Poés. fr., éd. A. de Montaiglon, t. 3, p. 522 : carrel De noble fleur); b) 1690 « étoffe à petits carreaux » (Fur.); 2. 1834 dessin (Land. : Carreau [...] Réduire une estampe, un dessin aux carreaux, les graticuler [diviser en un même nombre de petits carrés un tableau ... et la toile ou le papier sur quoi l'on veut en faire une copie]); 3. 1594 jeux « série, dans les cartes à jouer, dont la marque distinctive est un carreau rouge » (Sat. Mén., Harangue du Recteur Roze, p. 148 ds Hug. : Roy de carreaux); 1842 fam. avoir une garde à carreaux, supra ex. 2; 1863 id. se garder à carreau (Littré). Du lat. vulg. *quadrellus (dér. de quadrus « carré ») représenté par le lat. médiév. quadrellus « mesure agraire de superficie » (D. Charles le Ch., no313 [a. 868] ds Nierm.). Fréq. abs. littér. : 1 546. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 081, b) 3 540; xxes. : a) 3 060, b) 1 914. Bbg. Barb. jr. Poissons 7 1915, pp. 291-292. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 152. − Denquin (P.). Le Parler de la mine. Vie Lang. 1961, p. 475. − Gottsch. Redens. 1930, p. 293. − Gouvernement de Québec. Vocab. techn. des quilles. 1972, p. 11, 16. − Lew. 1960, p. 35. − Rauville (C. de). La Réunion et son lang. Vie Lang. 1970, p. 332. − Rog. 1965, p. 92. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. Rem. lexicogr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 367. − Rommel (A.). Die Entstehung des klassischen französischen Gartens im Spiegel der Sprache. Berlin, 1954, p. 10, 11, 16, 17, 18, 54. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 87, 254. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 164, 191.