| CARNATION, subst. fém. Coloration naturelle de la chair humaine, dans son aspect extérieur (au niveau du visage surtout). Une belle carnation : 1. ... il y avait autour de tous les traits, de toutes les lignes, de toutes les teintes de la peau, de toutes les expressions de la physionomie, une atmosphère et comme un rejaillissement d'âme, de jeunesse, de vie, de splendeur, (...). Ce visage transpercé de part en part par la lumière, tant la carnation en est limpide, se confondait si complétement [sic] avec les rayons par la transparence et la couleur blanche et rose du front et des joues, qu'on ne pouvait dire ce qui était du soleil et ce qui était de la femme : ...
Lamartine, Nouvelles Confidences,1851, p. 184. − P. anal. [En parlant notamment de fleurs] :
2. ... le soleil, menacé par un nuage mais dardant encore de toute sa force sur la place et dans la sacristie, donnait une carnation de géranium aux tapis rouges...
Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 178. − Spéc. Coloris de la chair humaine dans ses représentations plastiques : 3. [Dans sa chambre] (...) les couleurs étaient tendres et souriantes (...), l'œil allait à des jaunes de soufre aux ombres de topaze brûlée. Il allait, (...), des vestes de bergers dont le violet est fleur de lilas, aux tons de chair pareils à la pêche, aux carnations réveillonnées par le fard des joues.
E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 216. − HÉRALD. De carnation. Avec la coloration naturelle de la chair humaine. Deux mains appaumées de carnation (Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 35);(cf. appaumé ex.). Prononc. et Orth. : [kaʀnasjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. xves. peint. carnation de visage (Act. des apost., vol. II, fo178eds Gdf. Compl.); 2. 1690 hérald. (Fur.). Adaptation d'apr. suff. -(a)tion*, de l'ital. carnagione (dér. de carne « viande, chair »; suff. -agione, du lat. -atióne) « aspect, couleur de la peau, notamment du visage » (xives. Velluti ds Batt., contexte gén.), terme de peinture au xvies. (Ibid.). Fréq. abs. littér. : 69. Bbg. Kohlm. 1901, p. 16. |