| CARBONISER, verbe trans. A.− Transformer une matière organique en charbon : 1. ... charbon et minerai furent disposés en tas et par couches successives, − ainsi que fait le charbonnier du bois qu'il veut carboniser.
Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 140. ♦ Emploi abs. : 2. [Pour se rendre compte que la combustion est oxydante] on présente au regard de la porte du four un morceau de bois sec qui devra s'enflammer sans carboniser...
R. Champly, Nouv. encyclop. pratique,t. 15, 1927, p. 57. − Emploi pronom. : 3. ... Les parties de végétaux renfermées dans les couches solides du globe (...) sont modifiées de manière à se carboniser plus ou moins complètement...
A. Brongniart, Recherches sur les graines,1876, p. 1. B.− P. ext. Modifier ou détruire en brûlant. L'incendie a tout carbonisé : 4. Le corps putrescible? On peut le faire bouillir, on peut même le carboniser sans qu'il perde sa capacité de produire des êtres vivants.
J. Rostand, La Genèse de la vie,1943, p. 87. ♦ P. exagération. Rôtir à l'excès : 5. Tout le mérite d'une bonne friture provient de la surprise; c'est ainsi qu'on appelle l'invasion du liquide bouillant qui carbonise ou roussit, à l'instant même de l'immersion, la surface extérieure du corps qui lui est soumis.
Brillat-SavarinPhysiol. du goût,1825, p. 125. ♦ TECHNOL. Brûler superficiellement un pieu destiné à être enfoncé en terre, afin de l'empêcher de pourrir. Pour carboniser (...) mille échalas, sur une longueur de 0 m 40, il faut deux journées et demi d'ouvrier... (R. Brunet, Le Matériel viticole,1909, p. 94). − Emploi pronom. ♦ P. métaph. : 6. Et pendant ce temps-là, le vieux monde, que ces gens foulaient d'un pied si sûr, se carbonisait lentement, implacablement sous eux.
J. de La Varende, Le Centaure de Dieu,1938, p. 96. ♦ P. anal., PEINT. Se noircir : 7. Quant à la couleur [de la Vierge de Van Eyck], au lieu de se carboniser avec le temps, elle s'est agatisée et a pris l'immuable éclat des pierres dures.
T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 59. − Arg. Nuire. Il m'a carbonisé vers cette gonzesse (J. Lacassagne, P. Devaux, L'Arg. du« milieu », 1948, p. 21). Rem. On rencontre ds la docum. carbonisateur, subst. masc. Four destiné à la carbonisation du bois (cf. G. Dupont, Le Bois carburant, 1941, p. 32). Attesté ds Lar. 20e, Lar. encyclop., Quillet 1965. Prononc. et Orth. : [kaʀbɔnize], (je) carbonise [kaʀbɔni:z]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1803 (Boiste); p. ext. 1825 « rôtir à l'excès », supra B 2. Dér. du rad. du lat. carbo, -onis; suff. -iser*. Fréq. abs. littér. : 8. |