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CARAVANE, subst. fém.
I.− [Avec une idée de difficulté et/ou d'aventure]
A.−
1. Ensemble formé par un groupe de personnes (marchands, voyageurs, pèlerins, nomades, etc.) montées sur des bêtes de somme qui se réunissent pour traverser les déserts ou des régions d'accès difficile. En ouvrant les yeux, je vis défiler sur le chemin une longue caravane d'hommes, de femmes, d'enfants, de chevaux et d'ânes chargés de bagage (About, La Grèce contemporaine,1854, p. 448):
De longues caravanes de pèlerins traversent tous les ans une partie de l'Asie pour aller baiser une pierre noire à La Mecque; d'un autre côté, des caravanes de savants européens vont admirer les ruines de l'Italie, de la Grèce et de l'Égypte, monuments de la caducité des travaux de l'homme; ... Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 344.
SYNT. La caravane des rois mages; la halte, la piste, l'antique voie des caravanes; prendre la route des caravanes; massacrer, piller, protéger une caravane.
♦ Proverbe, au fig. Les chiens aboient, la caravane passe. La malveillance d'autrui ne constitue pas un obstacle qui pourrait faire dévier d'un chemin dont on est sûr.
− P. ext. Groupe de personnes rassemblées d'urgence pour se déplacer rapidement sur route en vue de pallier une situation dramatique. Caravane expéditionnaire; caravane de ravitaillement, de recherches, de secours.
2. Au plur., au fig., vieilli. [P. réf. aux campagnes que les jeunes chevaliers de Malte accomplissaient contre les Turcs] Faire ses caravanes. Faire ses débuts plus ou moins aventureux (p. ext. dans une carrière) de comédien.
Rem. Attesté ds les dict. du xixesiècle.
♦ Fam. [En parlant d'un jeune homme et plus rarement d'une femme] Aventures galantes. Quant à Galibert, il a assez besoin que vous lui pardonniez ses caravanes avec les filles (F. Fabre, Xavière,1890, p. 204).
Rem. Attesté ds les dict. du xixes. Le DG, les Lar. 19eet Lar. 20ele mentionnent comme vieilli.
B.− P. anal. Tout groupe humain qui se déplace sur le sol.
SYNT. Caravane de cyclistes, de porteurs, de touristes, de voitures, de voyageurs; caravane publicitaire, scolaire.
− P. ext., littér. [En parlant d'animaux, de choses se déplaçant en groupe] Caravane de fourmis, de rats, d'oiseaux migrateurs, de nuages.
II.− Voiture ambulante de forain, de saltimbanque. Caravane de gitans, de romanichels. Ils [les bohémiens] habitent ces voitures appelées caravanes que l'on voit momentanément installées aux alentours des fortifications (G. Macé, Un Joli monde,1887, p. 224).
− P. ext., usuel. Roulotte de tourisme aménagée pour servir de logement et remorquée par une voiture automobile.
Rem. On rencontre ds la docum. le verbe caravaner. Depuis quinze jours ... nous déménageons, nous caravanons (Toulet, Correspondance avec un ami pendant la guerre, 1920, p. 73).
Prononc. et Orth. : [kaʀavan]. Ds Ac. 1694-1932. Orth. caravanne ds Crèvecœur, Voyage dans la Haute-Pensylvanie, t. 2, 1801, p. 230. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1195 carvane « troupe de voyageurs (en Orient) » (Ambroise, Guerre sainte, 2907 ds T.-L.); 2. 1657 caravane « troupe de gens allant de compagnie » (P. Scarron, Le Romant Comique, éd. H. Bénac, t. 2, p. 11). II. 1. 1887 « roulotte » (supra, Macé, loc. cit.); 2. 1933 « caravane de camping » (T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol, p. 15). I empr. à la faveur des croisades au persan kārwān « file de chameaux, troupe de voyageurs », peut-être lui-même du skr. karabha « chameau » (Lok., no1075); cf. lat. médiév. caravana au sens 1 en 1161 (Chart. ord. Teut. 3, p. 4, 11 ds Mittellat. W. s.v., 266, 54 [cont. oriental]). II empr. à l'angl. caravan, lui-même empr. au fr. au sens 1, et attesté au sens de « voiture couverte servant au transport des voyageurs » dep. 1674 ds NED, puis au xixes. au sens de « roulotte de gitans, de gens du cirque » (1824, ibid.) et de « roulotte de plaisance, de vacances » (1886, ibid.). Fréq. abs. littér. : 659. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 171, b) 1 127; xxes. : a) 636, b) 816. Bbg. Baudez (J.). Le Cirque et son lang. Vie Lang. 1961, p. 620. − Rigaud (A.). À propos de caravane. Vie Lang. 1959, pp. 149-153. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 408.