| CAPTIVER, verbe trans. [Le suj. désigne une pers., ou un attribut, une œuvre d'une pers.] A.− Vieux 1. [Le compl. désigne une pers., une partie du corps] Faire, retenir prisonnier. J'essayais de dégager des frêles liens qui les captivaient mes mains (Nodier, Smarra,1821, p. 99). − P. métaph. Ce fleuve armé qu'aucun rivage ne captive (Claudel, La Cantate à trois voix,1913, p. 332): 1. ... ils [les brames] sont liés des chaînes de la superstition dont ils veulent captiver leurs compatriotes; ...
Bernardin de Saint-Pierre, La Chaumière indienne,1791, p. 135. ♦ Emploi pronom. réfl. Quoi de plus tragique qu'une âme qui se captive alors qu'elle croit se délivrer? (Gide, Feuillets,1916, p. 609). 2. Synon. de capter*.Captiver le suffrage de qqn. P. métaph. J'ai été en sentinelle (...) il fallait étudier l'air, les sons, les odeurs, captiver l'invisible (G. d'Esparbès, Le Briseur de fers,1908, p. 141). B.− Au fig., usuel. [Le compl. désigne une pers. ou une manifestation de l'activité personnelle] Gagner et retenir l'intérêt de quelqu'un par une sorte de fascination quasi irrésistible. Les beaux-arts et les belles-lettres captiveront mes loisirs (Mmede Staël, Lettres de jeunesse,1791, p. 441): 2. Joseph a repris possession de ma pensée. Il la retient, il la captive, il l'obsède... Il me trouble, m'enchante et me fait peur, tour à tour.
Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 272. SYNT. Captiver qqn, captiver l'attention, le regard, l'imagination de qqn; captiver un auditoire. − Emploi abs. Une beauté qui caresse sans captiver (Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 185). Prononc. et Orth. : [kaptive], (je) captive [kapti:v]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Début xves. se captiver « se soumettre » (Gerson ds le dict. de Dochez d'apr. Littré), qualifié de ,,vieilli`` par DG; 2. [1488 « faire prisonnier » d'apr. FEW t. 2, 1, p. 331b]; 1540 (B. de La Grise, trad. de Guevara, L'Orloge des Princes, 1. I, ch. 24 ds Hug.) − 1665 « maintenir prisonnier » (La Fontaine, Contes, éd. H. Regnier, t. IV, Paris, 1887, p. 369), noté comme ,,tombé en désuétude`` par Littré; 3. av. 1559 « charmer, séduire » (Du Bellay, VII, 21, verso ds Littré : L'or des cheveux me captive). Empr. au b. lat. captivare iiie-ives. au sens 2, Itin. Alex. 11 ds TLL s.v., 369, 72, au sens 1, Rufin, ibid., 370, 80. A évincé l'a. fr. chaitiver, de formation pop. (xiiies. « assujettir, rendre esclave » ds Gdf.). Fréq. abs. littér. : 296. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 826, b) 181; xxes. : a) 352, b) 242. Bbg. Tracc. 1907, p. 123. |